Chapitre 63

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"Nous sommes aujourd'hui le vingt-trois Novembre et il commence à faire très froid comme vous pouvez le voir sur nos images d'illustration! Du moins, si nos techniciens parviennent à les envoyer en même temps que nous les évoquons."

Rire faux des présentateurs.

"Aujourd'hui nous ouvrons ce journal avec une information capitale et dorénavant officielle: le chanteur Michael Jackson, dont des accusations graves vont bientôt mener à une confrontation juridique pour agression sur mineur, se trouve aujourd'hui dans un centre de désintoxication. Il à en effet publié un communiqué officiel annonçant la fin prématurée de sa tournée. L'endroit en question reste toujours un mystère, d'autant plus que son épouse, Ollie Jackson, se trouve actuellement en Suisse pour un défilé de haute couture."

S'en suivirent des images de ma personne, manteau long, bonnet noir et lunettes vissées sur le nez, tentant de me frayer un chemin dans une foule, un journal plié dans la main. La tête furieuse de Gordon, dans le coin du téléviseur, pria le caméraman de reculer.

"Mais une autre déclaration vient de faire l'effet d'une véritable bombe nucléaire hier soir, dans un talk show où se trouvait la sœur aînée de Michael Jackson, Latoya Jackson. La seconde des trois femmes du clan Jackson aurait affirmé être profondément choquée par les agissements du roi de la pop, elle s'indigne publiquement et souhaite que les dommages causés obtiennent réparation."

Mes yeux s'arrondirent comme des soucoupes, et le verre de soda que je tenais entre les mains glissa jusqu'au sol dans un fracas épouvantable qui n'alarma personne autour de moi. Les images que diffusèrent le journal télévisé me montrèrent une Latoya profondément en colère, mais à l'opposée de son caractère habituel. J'étais sidérée, et les fruits secs avalés une heure auparavant dansèrent dans mon estomac. Le son de sa voix, aigu, strident, me vrilla les tympans, et j'eus le temps de la voir croiser les jambes avant que Gordon n'éteigne le poste de télévision avec un claquement de langue furieux. Il faisait partie du petit groupe d'agents habituels avec lesquels je composais seule: Tim, Peters, Nick et Léon. Assis dans l'immense canapé de la maison que j'occupais à Thurgau, l'un des cantons Suisse où des lacs s'étendaient à perte de vue. J'avais été contactée par une agence nationale proposant un concept plutôt novateur, leur idée m'avait de suite plu, d'autant plus que j'avais moi-même acheté une maison de vacances dans le pays -celle que nous occupions actuellement. Michael étant entre de bonnes mains, je m'occupais de mon travail en laissant Prince à Mona qui se trouvait, elle, toujours à Paris. Il était plus simple de faire ainsi: en réalité, Michael se trouvait en Grande-Bretagne. Mona se chargeait donc des visites paternelles, je m'occupais de venir saluer Prince en rejoignant la capitale française de temps en temps.
Au-delà de la situation bancale, le contexte ne jouait en rien en notre faveur. L'affaire visant Michael était toujours en cours, sans audience judiciaire prévu. L'image de Michael en prenait un coup puissant, et bien que les fans étaient de son côté, la presse se déchaînait au fur et à mesure des semaines qui s'écoulaient. Elever un enfant dans ces circonstances commençait à me faire peur, j'avais pris la décision de le garder éloigné de nous pour le moment, car peu importe ma façon de me camoufler et les endroits que je côtoyais, tout finissait en émeutes et en retour filmé et diffusé dans les journaux télévisés internationaux. C'était double peine depuis l'entrée de Michael en centre de désintoxication: puisqu'il n'était plus visible, tout le monde se rabattait sur moi. Je me fichais des rumeurs, des photos de mon visage et du niveau d'aberration des rumeurs circulant autour de nous, mais cette annonce-ci me frappa plus violemment qu'un crochet fulgurant en plein visage. Comment La Toya pouvait-elle nous faire une chose pareille? Comment osait-elle accuser indirectement son propre frère d'un acte aussi surnaturel concernant la personne qu'il était? Furieuse, j'écartais Tim qui s'apprêtait à ramasser les débris de verre cassé sur le parquet pour le faire à sa place, les sourcils froncés. J'avais eu l'occasion de rencontrer La Toya et Jack, son mari, lorsque j'avais rejoint sa famille chez sa mère, à Encino. Ils avaient été tous réticents à l'idée de ne devoir s'adresser qu'à moi, compte tenu de la situation. Michael étant trop faible, il avait immédiatement pris la direction de Londres avec Liz après avoir réglé les détails de l'annulation de la tournée. Janet elle-même s'en était pris furieusement à moi après mon obstination à refuser d'appeler Michael pour lui demander de venir à Los Angeles.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant