J'empêchai le tigreau de tomber de la banquette, il s'approchait près du bord sans précaution, et sa petite tête fendue de rayures noires dodelinait alors qu'il essayait d'observer le sol. Avec un gémissement attendrie, je caressai du bout des doigts son pelage de bébé à la fois rêche et soyeux sous les yeux heureux de Michael. Rogers et Quincy discutaient sur le canapé face au notre, une tasse de café à la main.
-Alors, souffla Michael près de mon oreille, cette fois c'est la bonne?
-Carrément!, m'enthousiasmai-je. Vous allez être incroyable tous les deux.
-Je suis impatient de faire cette séance photo, déclara-t-il d'un air soulagé. J'ai une idée très précise de la dimension que doit prendre cet album, et écoutes un peu ça.
Il se pencha un peu plus vers moi, les mains écartées pour donner de la contenance à son explication. Francky observait ses longs doigts fendre l'air de ses petits yeux bleus délavés, ses moustaches remuant lorsqu'il ouvrit sa gueule par réflexe félin pour attraper ses mains au vol.
-Je veux que Thriller surpasse Off the Wall, expliqua-t-il avec de grands gestes. Et pour ça, je compte jouer sur la symbolique. Sur la pochette de Off the Wall, je porte un costume noir, une chemise blanche, et un nœud papillon noir.
-Oui, ça, je ne peux pas l'oublier, acquiesçais-je avec vigueur. J'adore cette pochette.
-Merci, dit-il avec un sourire. Mais cette fois, je souhaite inverser le code couleur.
-Un costume blanc, une chemise noire, risquai-je pensive.
-Bingo!, s'écria-t-il en attrapant Francky qu'il posa sur ses genoux. Je veux que le costume soit si blanc qu'il paraisse aussi brillant qu'une ampoule.
-Et tu pourras nous illuminer de ta personne la nuit durant, intervint Quincy avec un rire.
-Eh bien, oui, répondit Michael le plus sérieusement du monde. Je veux que ma musique éclaire les gens, qu'elle les transporte. Cet album va transporter le public, c'est tout ce qu'il faut retenir.
Son regard déterminé fit sourire Quincy qui se garda bien de lui répondre quoi que ce soit d'autre.
En fin de matinée, Rogers raccompagna Francky dans son enclos -nous eûmes beaucoup de mal à nous en séparer, j'étais littéralement tombée amoureuse de sa frimousse adorable, et Michael ne cessait de le prendre contre lui et de le couvrir de baisers. Une fois de retour à l'extérieur, Rogers nous proposa de passer dans la zone phare de son ranch: le coin des caribous. Emerveillée, je m'accoudai aux barrières du pré au sein duquel une centaine de ces bêtes au pelage brun foncé paissaient tranquillement dans le froid de Décembre, leur souffle brûlant provoquant des nuages de fumée autour de leurs énormes têtes. Lorsque midi sonna et que nous sentîmes la faim nous tenailler le ventre, Rogers nous emmena dans le bâtiment principal au sein duquel se trouvait une immense salle de réception comportant une petite scène et un piano à queue, décorée d'une moquette bleu marine et comportant d'élégants rideaux a motifs dorés. Le personnel était bien plus abondant dans cette aile du ranch, et ils nous accueillirent avec tant de gentillesse que j'en fus soufflée. Une table ronde avait été dressée pour trois, nappée de blanc, un bouquet de fleurs sauvages trônant en son centre. Michael me tira une chaise et me fit une révérence tandis que je m'y installais en riant, ce qui amusa beaucoup Quincy.
-Et moi alors?, dit-il en feignant l'étonnement à l'adresse de Michael. On ne tire pas la chaise à son producteur?
-Fais-le toi même Q., grommela Michael en s'installant à ma droite. Je t'ai entendu parler de me ligoter tout à l'heure, ne crois pas que je suis sourd.
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The make up artist
RomanceOllie Dangton caresse du doigt un rêve d'enfant: exceller dans le monde du maquillage professionnel. Parvenue à finir ses études, son diplôme entre les mains, elle rêve d'un début de carrière marquant, quelque-chose qui la marquerait à jamais, et se...