Chapitre 17

342 15 3
                                    

Il y à des endroits où, peu importe l'état d'esprit dans lequel on se trouve, la magie opère à coup sûr. La montagne et la plage ont toujours eu un effet apaisant sur moi, par exemple. Tout comme un carnaval, une parade ou même un feu d'artifice: les yeux brillent, les sourires se figent, et plus rien ne compte à part la joie brut, dénuée de tout artifice. Aller à Disneyworld constituait en soit une aventure excitante. Y mettre les pieds avec Michael Jackson, cela relevait du rêve éveillé.

Nous résidions à Los Angeles et rejoindre la Floride nécessitait d'utiliser le jet privé de Michael, une expérience nouvelle qui me tira du lit bien avant lui. Après m'être habillée pour la circonstance -un voyage en compagnie de Michael à Disneyworld valait bien une salopette à l'effigie de Mickey- je passai une tête dans le couloir pour jeter un coup d'oeil à la porte menant à la chambre de Michael qui, en dépit de l'évènement du jour, était toujours fermée. Avec un sourire, je rejoins sa chambre sur la pointe des pieds et tournai la poignée de sa porte lentement. Plongé dans la pénombre, je vis sa silhouette couchée à la clarté incertaine projetée par la lumière de ma chambre. J'entrai donc à pas mesurés, assez silencieusement pour entendre le souffle régulier de Michael, et lorsque je fus assez proche de son lit, je le vis endormi sur le flanc, une main passée sous son oreiller, l'autre maintenant un pan de sa couverture sous son menton. Son visage serein m'arracha un sourire attendri, et je me penchai vers lui en oubliant la farce que je voulais lui jouer de prime abord.

-BOUH!, cria-t-il soudain en ouvrant les yeux.

Je lâchais un hoquet de surprise en manquant de m'affaler sur le lit, et Michael passa ses bras dans mon dos pour me faire tomber avec un rire haut perché. Je m'écrasai sur son ventre en plissant les yeux et tentai de me dégager, en vain: il se mit à me chatouiller sans répit, glissant ses doigts sur mon ventre et mes côtes, et je me tortillais de rire en songeant avec horreur à toute la famille endormie de part et d'autre de sa chambre. Lorsque je me mis à battre des mains et des bras pour échapper à ses doigts, il fit claquer sa langue en signe de négation et il nous fit rouler sur le matelas pour me bloquer sous lui, appuya son torse contre le mien et prit mes mains dans les siennes pour les tenir à hauteur de mon visage.

-Gagné!, chantonna-t-il avec un rire incontrôlable.

-C'est injuste, grognai-je essoufflée. Comment m'as-tu entendue entrer?

-Je t'ai entendue sortir de ta chambre, répondit-il en me tirant la langue. J'étais certain que tu ferais une bêtise.

-Tu as une très mauvaise influence sur moi surtout, me défendis-je.

Je voulus lui lancer un regard furieux, mais il loucha de façon si grotesque que je me remis à rire malgré moi. Michael me sourit, ses doigts glissèrent entre les miens, et ce fût lorsque son souffle chatouilla mon visage que je pris la mesure de sa proximité. Les mèches encadrant son visage pendouillaient au-dessus de moi, effleurant mon front et mes joues, et ses grandes iris noircies par l'obscurité sondaient les miennes, des petites rides causées par son sourire toutes dents dehors striant les coins de ses yeux. Ses pouces effleurèrent la peau de mes mains lentement, et il se mordit la lèvre en soufflant un rire silencieux.

-J'arrive à te voir rougir même dans le noir, se moqua-t-il.

-Ca n'a rien de drôle, répondis-je cramoisie.

Il rit et embrassa mon front. Son air joueur m'arracha un soupir.

-Tu n'as vraiment pas conscience de ton image, lui dis-je tandis qu'il se redressait pour me tendre la main.

-Oh, bien plus que tu ne le crois, répondit-il en me remettant debout. Et je n'aime vraiment pas ce qu'elle me renvoie.

Il se détourna et je le suivis jusque devant la salle de bains.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant