Chapitre 14

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Le domaine des McCartney surplombait une grande partie de la forêt. La demeure au style londonien était entourée de prés dans lesquels la famille s'adonnait aux joies de l'équitation, et où les chiens pouvaient courir à en perdre haleine. Tandis que nous arpentions la forêt aux odeurs de mousse, Paul m'expliqua la raison d'une telle habitation en plein milieu des Etats-Unis.

-J'ai plusieurs propriétés aux quatre coins du monde, dit-il les mains dans les poches de son blaser. C'est pratique quand un jeune homme vous contact pour enregistrer les morceaux de son prochain album.

Michael lâcha un petit rire en évitant le grand chien de berger qui s'élançait derrière la fille de Paul et se rapprocha de moi sans le quitter des yeux.

-"Because the doggone girl is mine", me rappelai-je en me frappant le front. Vous allez enregistrer cette chanson là alors?

-Bravo Michael, lança Paul avec un sourire, ça donne envie de te composer des chansons si tu les caftes à la première jolie fille venue.

-Il n'y a que Ollie qui soit au courant, se défendit Michael. Et puis de toute manière elle est ma maquilleuse, elle est souvent avec moi.

-Mmh mmh, marmonna Paul avec un regard en biais pour sa femme.

-Mais d'ailleurs, intervins-je d'une petite voix, pourquoi m'avoir fait venir ici? Non pas que ce soit dérangeant, je suis honorée de vous rencontrer, ajoutai-je en rosissant sous le regard amusé de l'illustre membre des Beatles.

Linda lâcha un rire en montrant Michael du doigt.

-Michael tient à faire filmer toute la partie studio de son album, expliqua-t-elle.

-J'aime garder une trace du processus créatif, dit Michael en haussant les épaules. Et je  ne tiens pas vraiment à ce que ce genre de chose transparaisse à l'écran, ajouta-t-il en tendant vers moi son avant bras dépigmenté. J'ai l'impression que c'est de pire en pire.

Paul eut un pauvre regard en direction du jeune chanteur, Linda également. Ils étaient évidemment au courant, Michael avait donc fini par expliquer la situation aux personnes qu'il considérait comme étant les plus dignes de confiance. Son expression mélancolique revint une nouvelle fois chasser la candeur naturelle de son visage, et ses yeux perdirent de leur lumière. Il se gratta le nez en fixant le sol, semblant se perdre de nouveau dans ses réflexions. Emue, j'entourais son avant bras que je tins contre moi. Le voir couler dans le chagrin me crevait le cœur.

-Ne t'en fais pas, lui dis-je avec entrain, je vais t'aider, tu peux compter sur moi.

-Comme d'habitude, répondit-il en me retournant mon sourire.

-C'est bon d'avoir de vrais amis, dit Paul en passant un bras sur les épaules de Linda. Le monde de la scène est impitoyable, et reconnaître les vrais proches de ceux qui profitent du succès...

Nous étions de retour sur l'herbe courte surplombée par l'habitation des McCartney. Michael hochait la tête avec vigueur, ses yeux détaillant chaque parcelle du terrain sur lequel nous avancions. Lorsque nous entrâmes dans la grande maison, je fus frappée de voir que d'immenses baies vitrées trouaient les murs porteurs, offrant aux pièces une clarté telle qu'il était impossible de se rendre compte que nous étions en plein milieu d'une forêt. James, Mary, Stella et Béatrice  se laissèrent tomber dans les sofas du salon, et Linda avança vers son personnel de maison pour leur confier quelque-chose. Paul, lui, nous fit signe de le suivre dans un long couloir au bout duquel une porte sombre gardait...

-Un véritable studio d'enregistrement à domicile!, soufflai-je épatée.

-Il est plus grand que celui d'Encino en effet, siffla Michael en observant le matériel les mains nouées dans le dos.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant