-Ollie tu peux venir s'il te plaît?
Le visage de Randy apparût dans mon champ de vision, les sourcils levés, la lèvre du bas en avant, une moue de petit garçon triste sur ses traits fins. Aux prises avec le teint de Jackie, je m'immobilisai, pinceau sur le nez du jeune homme.
-Randy, je t'ai déjà maquillé il y a dix minutes, soupirai-je.
-Oui mais Marlon m'a mis du crayon là, insista-t-il en appuyant du doigt sur ma joue.
Je sentis un contact humide contre ma peau, et le visage de Jackie s'illumina d'un sourire contenu lorsque Randy se recula d'un pas. Il se départit de son air de petit garçon triste pour m'offrir un sourire heureux, et je vis Tito juste derrière lui qui mangeait des crackers suspendre son geste pour m'offrir un regard effaré.
-C'est bon!, lança Michael en entrant à son tour dans la loge, j'ai enfin le chapeau que j'avais demandé!
Voyant que personne ne lui répondait, il fit tourner son chapeau sur le bout de son doigt en relevant le nez vers nous et lorsqu'il rencontra mon regard, ses sourcils se froncèrent.
-Ollie, pourquoi est-ce que tu as de la crème dessert sur la joue?
Avec un grognement de rage, je lâchai mon pinceau et m'élançai à la poursuite de Randy qui s'enfuit hors de la pièce avec un hennissement de rire. Il passa devant toutes les loges en agitant les bras de façon si comique que j'eus beaucoup de mal à tenir le rythme sans perdre mon souffle à force de rire. Il ne pût malheureusement pas aller au bout du chemin qu'il avait emprunté car il fut forcé de freiner brutalement sa course, et je faillis m'écraser dans son dos. Deux hommes afro américains se tenaient juste devant lui: le plus petit des deux dans un costume de soie brune portait une barbe frisée et nous gratifia d'un coup d'oeil surpris, ses yeux sombres brillants d'intelligence. L'autre, plus grand, portait une paire de lunettes de soleil opaques. Sa veste de cuire noire s'ouvrait sur un haut blanc comme neige, et un foulard de la même teinte entourait son cou épais. Les tresses noires qu'il portait jusqu'aux épaules étaient retenues vers l'arrière par un élastique, et son sourire surmonté d'une moustache s'étira jusqu'à ses oreilles lorsqu'il rejeta la tête en arrière.
-Je reconnais ce rire là, dit-il d'une voix délicate. Randy, le benjamin de la tribu Jackson. Comment tu vas mon vieux?
-Ca va très bien, merci Stevie, répondit Randy. Et toi, Berry ne t'en fait pas voir de toutes les couleurs?
-Un peu, rit Stevie sous les yeux amusés du Directeur de la Motown. Qui est-ce?, ajouta-t-il en tendant le nez dans ma direction lorsqu'il m'entendit rire.
-Ollie Dangton, répondit Randy en se tournant vers moi. Tu les connais déjà de vue je suppose, mais je te présente Stevie Wonder et Berry Gordy.
-C'est un honneur, lançai-je maladroitement. Je suis la maquilleuse de Michael, ajoutai-je d'une voix mal assurée.
-Oh quelle jolie timbre, sourit Stevie en tendant une main vers moi. Enchanté.
Je lui serrai la main, impressionnée, quand Diana Ross surgit d'une pièce en riant aux éclats, ses cheveux noirs ébouriffés autour de son visage fin. Elle nous jeta un coup d'oeil surpris, et ses yeux s'allumèrent lorsqu'elle nous reconnût.
-Tiens l'homme de ma vie est déjà arrivé?, dit-elle en enlaçant Berry affectueusement. Bonjour jeune fille, ajouta-t-elle à mon intention. Tout se passe bien avec le petit Mick?
-Très bien oui, répondis-je en souriant. Un peu moins avec la petite chose bruyante qui lui sert de frère, ajoutai-je avec une grimace en direction de Randy.
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The make up artist
RomanceOllie Dangton caresse du doigt un rêve d'enfant: exceller dans le monde du maquillage professionnel. Parvenue à finir ses études, son diplôme entre les mains, elle rêve d'un début de carrière marquant, quelque-chose qui la marquerait à jamais, et se...