Chapitre 27

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Pour la seconde fois depuis que j'avais rencontré Michael, je me retrouvai dans sa voiture personnelle avec un léger malaise. Les genoux serrés, mon sac à main posé en équilibre sur mes cuisses, je triturais les fermetures éclair en rivant mon regard sur l'extérieur de l'habitacle. Les deux agents de Prince l'encadraient juste en face de moi, Peters s'était planté sur ma droite, et ils discutaient de leur métier avec bonne humeur. Si à l'époque j'avais eu droit à un Jermaine fou de colère juste en face de moi, j'avais à présent la deuxième plus grande star de la planète assise à quelques centimètres de ma personne. Il était silencieux, je n'entendis pas le son de sa voix grave dans la conversation qui se déroulait juste à côté de nous, mais je le voyais tourner le menton vers moi de temps en temps. Je ne savais dire pourquoi je m'étais attendue à me retrouver en face d'une vraie pipelette sur dynamisée, mais il était à l'exact opposée de ce que je m'imaginais.

-Vous travaillez depuis longtemps pour Micky?, m'interrogea-t-il soudain.

-Depuis trois ans et demi à peu près, répondis-je en tournant le nez vers lui. Mais j'ai parfois l'impression de le suivre depuis dix ans, le temps passe si vite...

-Le rythme effréné, ça! rit-il. Je dois reconnaître que Michael me ressemble sur ce point, on bosse sans interruption. Les gars ont parfois du mal à me suivre.

Il mima une course rapide avec ses bras et ses agents s'esclaffèrent en chœur.

-Je vais mourir prématurément c'est sûr, lança le garde posté à sa droite.

-Je n'ai encore rencontré personne qui soit capable de suivre mon rythme, conclut Prince en haussant les épaules. J'ai accepté l'invitation de Mick avec beaucoup de curiosité je l'avoue.

-Je suis impatiente de voir ça, déclarai-je pensive.

Mes yeux se déportèrent vers la vitre et j'eus un sursaut qui effraya Peters.

-Mais au fait, où va-t-on?, m'exclamai-je. Pas chez Michael, si?

-Non, répondit Peters en ajustant sa cravate. On est en route pour Capitol Studios.

Une rencontre dans un studio peu fréquenté, donc. Je m'étais étonnée de ne voir que trois gardes du corps pour encadrer une réunion si prestigieuse, mais lorsque je vis la sécurité déployée devant le gros bâtiment blanc, je compris que Michael n'avait évidemment rien laissé au hasard.

-Il ne sait pas que vous êtes là?, demanda Prince en m'aidant à sortir de la voiture.

-Du tout, répondis-je en sentant mon coeur s'emballer à l'idée de revoir Michael. Je devais rejoindre une amie.

J'eus une pensée furtive pour Pamela qui allait m'arracher les cheveux un à un. J'espérais au moins qu'elle croirait à mon histoire, rencontrer Prince en plein milieu de Los Angeles ne pouvait arriver qu'à moi. La sécurité nous  fit entrer par l'arrière du studio -évidemment- et nous débouchâmes dans un long corridor au sol recouvert d'un tapis rouge plongé dans une demi obscurité qui n'arrangea pas les trémolos de mon coeur affolé. Ce fût Quincy qui vint à nous le premier, il serra la main de Prince avec gentillesse et posa sur moi des yeux surpris.

-Pourquoi est-ce que je te retrouve toujours dans les endroits les plus inattendus?, me glissa-t-il à l'oreille en nous conduisant là où Michael attendait.

-Je me pose cette question là depuis ma naissance, grommelai-je.

Il partit d'un rire incontrôlable et posa un bras sur mon épaule.

-Quincy...

-Pas maintenant trésor.

Il tourna la poignée d'une porte à l'entrée du couloir et entra dans la pièce en annonçant notre arrivée à Michael. Des effluves de café me parvinrent, et j'entendis une voix douce lui répondre. Prince me devança en suivant Quincy dans la salle de réunion et je l'entendis saluer Michael en écartant les bras. Ce dernier m'apparût alors dans une chemise noire à épaulettes rouges surmontées de gros boutons dorés. Sa cravate blanche et noir reproduisait des touches de piano, et son pantalon de jean bleu foncé était resserré à la taille par une ceinture à la boucle doré épaisse. Un petit pansement était apposé contre son nez, et ses cheveux ondulaient de chaque côté de son visage, légèrement défaits. Il portait ses éternelles ray ban noires masquant son regard, et tenait d'un bras un petit chimpanzé qui tourna vers nous un regard curieux. Prince prit entre ses doigts la main velue que l'animal lui tendit et lui offrit un sourire amusé en se penchant vers lui.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant