Chapitre 46

358 8 2
                                    

La journée du lendemain fut idyllique. Nous avions eu une nuit très courte et le visage de Michael en portait les marques lorsque nous nous éveillâmes après quelques heures de sommeil seulement, mais cela ne suffit pas à entamer son moral au beau fixe. Lorsque je filais dans la salle de bains pour prendre une douche rapide, il m'y suivit avec empressement, et il me couvrit de baisers sous les jets d'eau chaude. Sans nous concerter, nous revêtîmes une tenue assez similaire l'une de l'autre -haut blanc Mickey, bas de jean noir resserré à la taille- et nous éclatâmes de rire en nous retournant l'un vers l'autre et en découvrant les vêtements que nous avions enfilés. Pour notre arrivée au bas du plazza, une fanfare se mit à jouer un air joyeux afin d'immortaliser la journée que nous nous apprêtions à passer, et plusieurs groupes de fans tinrent à offrir des fleurs et des dessins à Michael pour son anniversaire. En somme, j'étais ravie qu'il m'ait enfin autorisée à lui offrir une fête d'anniversaire, car le sourire qui illumina son visage toute la journée durant ne s'effaça jamais. Il eut simplement un petit air chagriné lorsque nous dûmes quitter le parc, mais son expression sereine revint adoucir les traits de son visage lorsque nous atterrîmes sur le sol californien en plein milieu de la nuit. Notre arrivée à Neverland se fit dans le calme -du moins, jusqu'à ce que nous fûmes de nouveau seuls dans nos appartements. J'étais agréablement surprise de réaliser à quel point Michael aspirait à nos moments d'intimité, et son plaisir lorsqu'il s'abandonnait entre mes bras me comblait plus que de raison.

Les mois qui s'écoulèrent furent donc bien plus doux que ceux qui les avaient précédé, et lorsque l'année suivante s'ouvrit juste après mon anniversaire, Michael était au maximum de sa forme. Il commençait d'ores et déjà à planifier des rendez-vous avec Sony Music et il me confia vouloir laisser Quincy Jones tranquille pour son nouvel album. Vers le milieu de l'année, il prit donc contact avec Teddy Riley et Bill Bottrell, et ils finirent par se mettre d'accord sur le fait que Michael allait devoir acquérir son propre label: il refusait purement et simplement que d'autres artistes au sein des différents studios n'entendent ce qu'il était en train de composer, et cette protection en particulier nécessitait les accords pour l'obtention d'un label qui lui serait propre. Avant même d'avoir officiellement signé avec Sony, Michael investit ainsi les studios d'enregistrement dès le mois de Juin, lors de l'ouverture des Fashion Week américaines qui me dévorèrent un temps considérable. Je devais planifier des rendez-vous avec les équipes des différentes maisons de couture qui avaient payé mes services, et j'étais ravie d'avoir autant de travail à côté de celui que j'abattais auprès de Michael. Ce dernier semblait ravi de me voir si enjouée, mais il m'arrivait parfois d'intercepter son regard assombri lorsque je lui annonçais mon départ pour plusieurs jours. Je connaissais pertinemment sa tendance à craindre de me voir partir sans plus revenir, et son hyper-attachement m'avait toujours beaucoup touchée, mais dès lors qu'il se mit à écourter les discussions lorsque j'abordais le sujet des défilés, je finis par voir rouge. Un soir en particulier, je reçus un appel sur ma ligne personnelle, et je raccrochais le combiné avec une demi-hystérie qui me fit rejoindre le jardin derrière la maison avec des petits sautillements enjoués. Michael était assis en tailleur dans la pelouse près des piscines, il tenait entre ses doigts des petites marguerites qui pointaient entre ses chaussures, et il avait posé sur sa tête l'un de ses nombreux chapeaux noirs qui le protégeaient du soleil. L'ombre du platane au-dessus de lui dessinait des petits trous lumineux contre sa chemise bleue lorsque les feuillages ondulaient sous la brise tiède du mois de Juin, et il tourna le menton vers moi lorsqu'il m'entendit fouler le sol recouvert de bruyères.

-Ah, tu es enfin de retour?, dit-il en retirant ses doigts des fleurs blanches.

-Je suis là, dis-je en m'accroupissant pour passer mes bras autour de ses épaules. Tu ne devineras jamais qui à demandé à me parler au téléphone.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant