Chapitre 39

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-Youhou, Ollie, tu rêves?

Ma vue floue redevint subitement nette lorsque Pamela agita sa main gantée sous mon nez. Autour de nous, l'équipe technique était en train d'accrocher les projecteurs et monter les enceintes sur la scène, et Andy venait de nous rejoindre avec des gros gobelets de café. Sur ma droite, Sheryl se moucha bruyamment, une écharpe épaisse enroulée autour de son cou.

-Je vous jure, dit-elle d'un air agacé, attraper froid pour la reprise des concerts, ça ne pouvait arriver qu'à moi.

-Ca ne répond pas à ma question, insista Pamela en me tendant un des gobelets avec insistance. C'est comment, Neverland?

L'avant-veille, le ranch de Michael était passé sur les chaînes d'informations nationales. Les alentours avaient été capturés en vidéo, et des hélicoptères avaient survolé le domaine pour obtenir des images de l'intérieur, j'avais dû rester cloîtrée à l'intérieur lorsque Michael avait reçu sa famille pour leur faire visiter le parc et le zoo en construction.

-Grand, répondis-je. Et au-delà des rêves les plus fous, je ne peux pas vraiment mettre de mots là-dessus.

-Vous êtes forts pour entretenir le secret, soupira Darryl en posant ses mains de chaque côté de lui. J'aurais déjà fait une bourde depuis longtemps.

-Ca craint un max, ronchonna Andy. La presse ne les à même pas oubliés, j'ai encore vu un article sur eux dans un magasine de tricot. C'est dire.

-J'ai confiance, dis-je en haussant les épaules. Je préfère vivre au jour le jour, et Michael aussi.

Nous avions convenu ainsi pour nous éviter une charge de stress supplémentaire, et la situation nous allait très bien comme elle était. L'un des éclairagistes poussa un cri lorsqu'un des projecteurs faillit lui échapper, et le reste de l'équipe vint à la rescousse pour redresser l'engin avec des soupirs soulagés. Nous les observâmes repositionner le matériel sans rien dire, puis Sheryl éternua de nouveau avec un grognement agacé.

-Michael va voir ça comme un mauvais présage, ris-je. Je plaisante, tout ira bien, ajoutai-je sous le coup d'oeil anxieux de la choriste.

-Il est en interview, c'est ça?, interrogea Kevin en jonglant avec son micro.

-Oui, il devrait bientôt passer en direct d'ailleurs, répondis-je en plissant les yeux. C'est possible de le transmettre en loge?

-C'est comme si c'était fait, rit Ricky en levant son pouce vers les coulisses. La télévision est déjà allumée.

Je suivis donc le petit groupe composé des choristes et des danseurs en direction de la salle de retransmission télévisuelle où quelques membres de l'équipe technique bavassaient tranquillement. Les répétitions n'auraient lieu qu'en présence de Michael, nous n'avions pas grand-chose à faire. Avant de nous rejoindre à la Memorial Sports Arena, Michael devait donner une interview, fait plutôt rare puisqu'il ne supportait pas ce genre de pratique en général. Lorsqu'il en acceptait une, elle devenait toujours un évènement à part entière. Le jingle retentit dans la salle bruyante, quelqu'un imposa donc le silence sous les sifflements du reste du cast, et j'entendis Andy éclater de rire lorsque Pamela frappa Dominic sur l'arrière du crâne. Sur l'écran de télévision, un homme aux cheveux châtains et au costume trois pièces apparut alors, un micro rouge devant son visage visiblement soucieux. Il était amusant de constater à quel point les gens pouvaient se mettre sur leur trente et un lorsqu'ils devaient accueillir Michael. S'ils savaient que ce dernier se promenait en pyjama ou en vieux pull de récupération chez lui...

-Bonjour à tous, ici Daryl Croffin. Je vous remercie de nous suivre aujourd'hui pour l'un des évènements les plus attendus sur Channel Five: Michael Jackson à accepté de nous donner une interview exclusive, de passage à Los Angeles pour sa tournée.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant