Chapitre 30

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J'étais sonnée. Sa voix avait claqué dans l'air comme un fouet, m'arrachant de l'état d'hébétude dans lequel sa simple présence me plongeait depuis la veille. Ses grands yeux bruns rivés sur moi étaient agrandis par la colère, ses sourcils noirs étaient froncés à l'extrême, et un rictus furieux tordait ses lèvres. Dans sa tenue noire à boucles, il paraissait plus grand, plus impressionnant aussi. Avec un pas vers l'arrière, je relevais des yeux déboussolés vers lui, sentant mes cordes vocales trembler lorsque je m'adressais à lui d'une petite voix.

-Me... renvoyer? Sur le champ?, répétai-je.

Ma voix s'envolait dans les aigües dans un couinement complètement absurde qui me fit grimacer. Michael ne répondit rien, il se contenta d'acquiescer, se replaçant devant moi pour me dominer de toute sa hauteur. Ses cheveux hérissés sur le sommet de sa tête le rendaient divinement beau, et je dus déglutir pour chasser la boule qui gonflait dans ma gorge. Lorsque mon canal lacrymal se mit à me brûler, je sentis avec horreur mes yeux s'embuer. Pas maintenant!

-Je..., sanglotai-je. Je ne voulais pas...

Agacée, je m'essuyais les yeux rageusement. Michael se départit alors de son air furieux et leva les sourcils. Il s'avança vers moi, une mine soucieuse sur le visage.

-Oh non Ollie ne pleures pas, gémit-il en tendant les bras vers l'avant. Je suis désolé, je voulais te flanquer la frousse, pas te faire mal au coeur...

Il se retourna pour fouiller dans la poche de son manteau et en sortir un paquet de mouchoir dont il tira un petit carré blanc. Il vint ensuite près de moi pour poser une main sous mon menton et il essuya doucement mes larmes de sa main droite. Ses jolis yeux me dévoraient le visage, et son odeur m'enveloppait comme un drap de soie. Je voulus rechigner pour la mauvaise blague qu'il venait de me faire, mais je n'y parvins pas. Son visage près du mien me réduisait au silence et provoquait des soubresauts affolés dans ma poitrine. Et ce genre d'émotion la ne m'avait pas secouée depuis un petit moment maintenant.

-Je voulais te faire réagir, dit-il sur le ton de la confidence. Tu te remets à agir comme lors du tournage de Thriller, donc soit tu tiens réellement à t'éloigner de moi quand je tourne une pièce importante de mes albums, soit tu me caches quelque-chose Ol.

Il cessa de nettoyer ma peau humide et se pencha vers moi en fronçant les sourcils, le mouchoir s'agitant du bout de ses doigts juste au-dessus de mon nez pour le chatouiller.

-Et je n'aime pas quand tu me caches des choses, tête de Ollinotte.

Il se tourna ensuite pour aller jeter le mouchoir à la poubelle sous mes yeux amusés. Il paraissait si svelte dans son pantalon, et le bruit que produisait la profusion de boucles cousues à ses vêtements tintait aux oreilles à chacun de ses pas.

-Charmant jeu de mots, souris-je. Tu l'as trouvé tout seul ou c'est encore Emmanuel Lewis qui t'a soufflé la blague en coulisse?

-Pff tais-toi, rit-il en se tournant vers moi. Tu vas enfin me dire ce qui t'es arrivé hier? Ou je dois employer la manière forte?

Il leva les mains à hauteur de son visage et agita les doigts en mimant des chatouilles invisibles, et ma grimace lui arracha un sourire amusé. Vaincue, je baissais le nez et me mordillais la lèvre. Comment allai-je bien pouvoir aborder un sujet pareil en sa présence?

-Eh bien, commençai-je d'une petite voix. Ce style vestimentaire là te change vraiment beaucoup, tu sais. Rien à voir avec tes costumes trois pièces d'avant.

-Oh?, dit-il étonné. Tu trouves?

Il baissa la tête pour se regarder sous toutes les coutures.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant