Chapitre 50

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Ma conscience tanguait entre un noir complet et de légères éclaircies incertaines derrière mes paupières soudées. Je ne parvenais pas à comprendre les éclats de voix qui fusaient autour de moi, et je dus sombrer définitivement pendant de longues minutes car, lorsque je repris brusquement connaissance, mon corps semblait en position couchée, et je sentis une couverture passée autour de moi. Ma tête ne me faisait plus si mal, mais je sentis quelque-chose enserrer mon crâne, et ma joue me brûlait. Je tentais de dégager ma main pour l'amener contre mon visage et la pénibilité du geste m'arracha un grognement déconfit: mon bras semblait peser des tonnes.

-Doucement, me pria une voix inquiète près de moi. Ne frottes pas ta peau, tu as un pansement.

Michael remua près de moi, son odeur douce m'enveloppa lorsqu'il enroula un bras autour de ma taille sous les couvertures et je sentis sa tête se poser sous mes clavicules avant qu'il ne lâche un long soupir. D'instinct, je passai mes doigts dans ses cheveux toujours noués dans sa nuque, ce qui le fit relever le menton dans l'obscurité.

-Que s'est-il passé?, coassai-je.

Ma voix était aussi éraillée que si j'avais souffert d'un rhume carabiné, et mon propre ton me fit grimacer. Michael, lui, resserra sa prise autour de ma taille.

-Tu as été frappée de plein fouet par l'objectif d'un appareil photo, lâcha-t-il d'une voix sombre. Les journalistes présents sur place étaient tous tournés vers l'homme qui à tenté d'attraper mon chapeau.

-Quoi?, m'effarai-je.

Je regrettai instantanément d'avoir cédé à la stupeur, mon souffle trop vigoureux déclencha une douleur aigue dans tout mon crâne, et je dus serrer les dents pour retenir le cri de douleur qui monta dans ma gorge. Michael n'était pas dupe, il me sentit me raidir et sa main monta contre mon épaule lentement.

-Calme-toi, soupira-t-il, je vais bien. Plus de frayeur que de douleur physique, il ne m'a pas touché. Toi, en revanche, tu as été mise K.O.

-Je ne me souviens que de l'impact sur ma joue, soufflai-je. Et d'être tombée. Puis plus rien.

-Je suis devenu fou, gémit Michael en se pressant plus fort contre moi. J'ai perdu l'esprit quand je t'ai vu t'effondrer, j'ai bondi en avant mais Peters m'a retenu parce-que c'était du suicide, et que Tim et Gordon t'avaient déjà prise dans leurs bras pour foncer dans l'Hôtel.

-Alors nous sommes dans le Four Seasons?, interrogeai-je en ouvrant péniblement les yeux.

-Oui, nous y sommes. Dans ma suite habituelle pour être exact, je loue les huit autres suites qui l'entourent.

-Sécurité maximale, plaisantai-je en glissant mes doigts contre son dos.

-Précisément. Mmh...

Il se tût, savourant mes caresses, et je laissais mon esprit rejouer la scène encore floue. Lorsque je repensais à son air anxieux avant notre arrivée, j'eus une grimace ennuyée. Michael se faisait déjà tant de souci pour moi au quotidien, cet incident n'allait rien arranger à sa peur de me voir blessée par des journalistes ou des personnes mal intentionnées. J'allais devoir jouer des pieds et des mains pour que ses craintes ne se transforment pas en paranoïa, c'était déjà très mal parti.

-Et l'interview?, dis-je soudain.

-Mmh? Oh, je l'ai donnée, répondit-il en sortant de sa torpeur. Je ne pouvais pas rester là à ne rien faire, j'avais besoin d'occuper mon esprit et de régler mes comptes avec les caméras.

-Tu as donné l'interview seul? Et de quoi avez-vous parlé?

-De ce qui était prévu, mon amour, roucoula-t-il en faisant courir ses doigts contre mon épaule et le long de mon bras. Ma poursuite de carrière, mon album en cours d'enregistrement pour me mettre en jambe... et puis j'ai enchaîné sur notre mariage, et sur nous deux. Ils ne s'étaient pas attendus à me voir me livrer à ce point, au vu des têtes qu'ils ont fait.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant