-Michael, s'il te plaît, j'ai besoin que tu m'écoutes, dis-je d'un ton suppliant.
Il m'observa en silence, ses yeux doux toujours voilés par cette tristesse profonde qui me serrait le coeur. Ses cheveux étaient légèrement défaits, ses mèches frisottaient dans tous les sens, et ses cernes semblaient s'être creusées. Je m'approchais de lui lentement, comme si j'avais craint qu'il ne prenne peur si je faisais un geste trop brusque, puis je levais les doigts pour les glisser contre son front, dégageant ainsi son visage barré de mèches rebelles. Je laissais ensuite ma main reposer contre sa joue, et il pencha la tête pour la presser contre ma paume, ses paupières se fermèrent, et il lâcha un long soupir.
-Tu as vu l'interview, hein?, demandais-je à voix basse.
Il hocha positivement la tête, et je fermais les yeux à mon tour. Son attitude laissait clairement entendre qu'il souffrait déjà de ce qu'il avait entendu, et pour le moment, je n'avais aucune idée de ce que j'allais bien pouvoir lui dire pour l'apaiser. Lorsque je rouvris les paupières, il avait ses yeux rivés sur mon visage, et il se mordillait la lèvre inférieur avec un regard éteint qui me fit faire un bond de presque dix ans en arrière. Je le revis dans les coulisses du Triumph Tour, sa chemise à fleurs ouverte sur son torse brun, les mains jointes entre ses cuisses, le menton baissé vers le sol, et mon coeur se fendit en deux. Le voir si malheureux me rendait folle de rage envers le monde entier. Michael était un être au coeur pur, ayant ses défauts -certes- mais habité par une âme si douce qu'il en aurait fait pleurer les anges. Mes doigts posés contre sa joue remuèrent pour la caresser avec douceur, et ma main libre vint se poser de l'autre côté de son visage.
-Je déteste te voir si malheureux, soufflai-je en sentant ma gorge se serrer. Et pour être honnête avec toi, je ne sais même pas quoi te dire pour te remonter le moral, là. Je suis folle de rage, cette interview devait être un moyen de montrer au monde que Jean-Paul et moi avions des projets, et ils ont réussi à tout flanquer par terre.
-Et tout ça par ma faute, dit-il d'une voix morne.
-Par ta faute?, répétai-je en fronçant les sourcils. Michael, tu accompagnes ta fiancée pour la soutenir. En quoi est-ce ta faute?
-C'était sûr, ma présence écrase littéralement la tienne. Je n'aurais jamais dû venir avec toi.
-Alors je t'en aurais voulu, déclarai-je fermement. Ta présence ici me fait beaucoup de bien.
Il fronça les sourcils. Manifestement, il s'était attendu à me voir en colère, ou à m'entendre lui dire que tout était arrivé par sa faute.
-Oui, on exulte effectivement, lâcha-t-il d'une voix sourde. Tu rayonnes de bonheur.
-Je suis contrariée par la faute des journalistes, m'agaçais-je. Pas par la tienne.
-C'est du pareil au même!, s'emporta-t-il en se reculant brusquement. Je n'aurais jamais dû venir ici, et tu sais au fond de toi que c'est la vérité.
Il se retourna en passant une main contre ses cheveux, puis il marcha jusqu'à a fenêtre de notre chambre d'hôtel pour y jeter un coup d'oeil. Les mains toujours posées sur le haut de sa tête, il contempla la vue de Paris en contre-bas en silence, et j'entendis les cris de la foule de fans qui attendait au pied de l'immeuble lorsqu'ils aperçurent son visage par la fenêtre. Il ne leur répondit pas pour cette fois, mais il poursuivit son observation du paysage. Avec un soupir, je retirai ma veste de costume que je tins contre mon bras en entrant dans la salle de bains de la suite, puis je posais mon vêtement contre l'un des meubles de marbre blanc pour me placer devant le miroir imposant, trônant au-dessus des éviers couleur bois de rose. Je levais la main vers mes cheveux pour retirer les épingles qui les maintenait en un chignon banane d'où s'échappaient quelques mèches, les laissant retomber en une crinière volumineuse jusqu'au bas de mes reins. Je retirais ensuite mon haut marinière que je posais au-dessus de ma veste, puis je me dirigeai vers l'entrée de la suite pour attraper ma valise et l'ouvrir en m'accroupissant près du sol. J'en tirais un chemisier de soie rouge dont j'ouvris les boutons, puis je passais mes bras dans les manches avec un long soupir en me redressant. Je sentis alors des mains surgir de derrière moi pour glisser lentement sur ma taille, et des lèvres vinrent se poser contre mon épaule nue. Michael passa ses doigts contre mes cheveux pour dégager mon cou, et sa bouche se fraya un chemin sur ma peau.
VOUS LISEZ
The make up artist
RomanceOllie Dangton caresse du doigt un rêve d'enfant: exceller dans le monde du maquillage professionnel. Parvenue à finir ses études, son diplôme entre les mains, elle rêve d'un début de carrière marquant, quelque-chose qui la marquerait à jamais, et se...