Je tapais du pied contre la moquette ouvragée, les yeux navigant de la porte de la chambre close à Tim qui s'était assis dans le canapé en attendant le retour de Michael. Ce dernier était au téléphone avec l'une de ses sœurs, il s'entretenait au sujet de Randy pour déterminer ce qu'il adviendrait de notre voyage. J'avais refusé de l'accompagner pour passer son appel, mon humeur exécrable m'empêchait de réfléchir de façon cohérente. Après l'annonce de nos gardes du corps, nous étions revenus en hâte dans notre suite du plazza, et ils nous avaient accompagnés avec des airs anxieux sur leurs visages durs. J'aimais profondément Randy, il était comme un frère pour moi, mais cette fois, le malheur qui nous tombait dessus pour la énième fois avait réussi à entamer mon moral de façon évidente. Tout le monde l'avait compris autour de nous, car personne ne se risqua à m'adresser la parole jusqu'au retour de Michael. C'était toujours la même chose, dès que nous passions du bon temps, quelque-chose de désagréable venait tout bouleverser. J'avais attendu cette journée avec impatience, Michael semblait enfin se laisser aller et retomber dans cette douce euphorie qui lui allait si bien, mais il avait encore fallu que quelque-chose éclabousse notre joie retrouvée. Lorsque la porte s'ouvrit sur son visage préoccupé, je sentis mes dents grincer. Il avait attaché ses cheveux en un chignon vaguement resserré, sa veste était restée dans la chambre, et sa chemise rouge avait le col ouvert sur deux boutons, laissant apercevoir le t-shirt blanc qu'il portait en-dessous. Michael referma la porte de la chambre et il y appuya son dos en croisant les bras sur son torse.
-Il est hors de danger, annonça-t-il en soupirant. Notre retour n'est donc pas souhaitable pour l'instant.
-Parfait, grommelai-je en me décollant du mur contre lequel j'étais postée.
-Je vais prévenir le chef de bord, annonça Tim en se relevant du canapé. Vous avez besoin de quelque-chose?
-Non, merci, répondit Michael en m'observant avec attention.
Tim hocha la tête en se dirigeant vers la sortie de la suite, et je voulus lui emboîter le pas, mais la voix de Michael s'éleva de nouveau derrière moi.
-Restes un instant Ollie, s'il te plaît.
Je fis demi-tour pour l'interroger du regard. Michael attendit que Tim ait refermé la porte derrière lui, puis il se décolla de la porte de la chambre qu'il ouvrit lentement en me faisant signe de le suivre à l'intérieur. Je m'exécutai en lui passant devant lorsqu'il se tint contre la porte ouverte, puis il entra à son tour et referma derrière lui.
-Qu'y a-t-il?, interrogeais-je en croisant les bras moi aussi.
-Eh bien c'est à toi de me le dire, ça, répondit Michael.
-Je ne vois pas de quoi tu veux parler, maugréai-je en m'asseyant au bord du matelas.
Il se décolla de la porte contre laquelle il se tenait pour venir s'asseoir lui aussi au bord du lit, à un bon mètre de distance de moi, ses mains de chaque côté de lui. Il tourna un regard fixe dans ma direction, les sourcils levés.
-Michael, commençai-je avec un soupir.
Il se souleva pour se rapprocher légèrement de ma position sans cesser de me regarder. Lorsqu'il me vit hésiter à poursuivre, il réitéra son geste pour s'approcher encore, et ses lèvres se retroussèrent en un cul de poule exagéré lorsqu'il écarquilla les yeux dans une grimace comique pour me dérider. Vaincue, j'éclatais d'un rire mal contrôlé tandis qu'il se laissait retomber sur les fesses contre mon épaule et que son bras m'entourait pour m'attirer contre lui. Je l'avais dit à plusieurs reprises mais c'était vrai: il m'était vraiment très difficile de tenir tête à Michael, car il savait parfaitement comment me faire plier.
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The make up artist
RomanceOllie Dangton caresse du doigt un rêve d'enfant: exceller dans le monde du maquillage professionnel. Parvenue à finir ses études, son diplôme entre les mains, elle rêve d'un début de carrière marquant, quelque-chose qui la marquerait à jamais, et se...