J'entrais en furie dans le salon pour récupérer l'épais gilet de laine appartenant à Michael que je trimballais partout avec moi, puis je regagnais l'entrée de la maison tout en enfilant les manches. Soraya m'ouvrit la porte en riant et je la remerciais d'un geste de la tête en m'élançant sur le chemin pavé à toute allure. Il faisait froid, une brume poisseuse flottait dans l'atmosphère et humidifiait les attractions du parc, et la moiteur ambiante me fit plisser le nez. Lorsque je tournais à l'angle du chemin menant vers l'entrée du parc, j'aperçus au loin quelques personnes qui me firent de grands signes enjoués. Je ralentis en arrivant à leur niveau, me courbant en deux pour poser mes mains contre mes cuisses.
-Tu n'aurais pas dû sortir!, rit Elizabeth Taylor en m'entourant de ses bras. Regardes-toi, tu vas attraper la mort avec ce froid.
-Ne... vous... en... faites pas, haletai-je. Comment allez-vous?, leur demandai-je en saluant son ami Larry qui portait un petit chien blanc.
-Froidement, grommela-t-il en me tapotant le dos. Voici Hank, ajouta-t-il en passant un bras derrière le dos de l'immense agent de sécurité sur sa gauche.
Je le saluais d'un signe de tête et ils me suivirent à travers la propriété tout en me posant des questions sur ce qui nous entourait. Liz était la seconde personne à pouvoir visiter Neverland, et son regard impressionné me réchauffa le coeur. Le mérite ne me revenait pas, Michael avait géré l'entièreté des travaux, et j'étais ravie que l'on reconnaisse son bon goût.
-Bon, dit-elle lorsque je les fis entrer dans la maison. Parlons de la raison pour laquelle je suis ici. Comment va Mick?
-Il danse dans le bâtiment cinéma, répondis-je en m'asseyant dans le petit salon chauffé. Il s'est levé très tôt, je ne l'ai pas encore vu.
Et j'avais beaucoup de mal à comprendre sa réaction. La veille, il m'avait embrassée devant les appareils photos de toute la floppée des paparazzis présents dans le club, sous les yeux de tout le gratin new-yorkais. Nous étions rentrés à la maison main dans la main, et il m'avait longuement serrée contre lui avant de s'endormir. Mais à mon réveil, j'avais trouvé un lit vide et un mot m'expliquant qu'il partait s'entraîner à danser dans le bâtiment cinéma où il avait fait construire une salle de danse, de sorte à pouvoir mettre la musique le plus fort possible sans gêner le reste de la maison. Elizabeth lâcha un soupir las, sa main recouverte de chevalières caressant la petite tête ébouriffée de son bichon.
-Il est compliqué à cerner, dit-elle d'une voix douce. Mais je ne pense pas qu'il ait agi sans réfléchir hier soir. A chaque fois que l'on se voit, il se plaint du secret de votre relation.
-Oui, et moi aussi, répondis-je hésitante. Mais j'ai peur pour lui, Liz. Maintenant que le monde entier sait pour nous, j'ai peur que l'on tente de lui faire du mal en m'utilisant contre lui.
Elle releva vers moi ses yeux clairs, pour observer attentivement mon visage. Larry lui jeta un coup d'oeil car elle ne répondit pas immédiatement, puis il m'observa à son tour sans rien dire. J'attendis, les mains posées sur le coussin en équilibre sur mes cuisses, et je finis par me demander si je ne venais pas de dire une bêtise.
-Il avait raison, lâcha-t-elle enfin. Tu te fais plus de souci pour lui que pour toi-même.
-Ce n'est pas moi qui suis poursuivie par la presse depuis plus de vingt ans, dis-je avec tristesse. Michael se soucie tant de moi, je refuse de devenir le passe-droit des paparazzis.
-Il t'aime profondément, sourit-elle. Tu ne pourras pas aller contre ça. Ton bien-être lui importe plus que le sien, tout comme son bonheur t'importe bien plus que le tien.
J'eus une moue contrite. Je ne savais pas quoi lui répondre, puisqu'elle avait entièrement raison.
-Il ne sait pas que nous sommes là?, interrogea Elizabeth en se penchant en avant.
VOUS LISEZ
The make up artist
RomanceOllie Dangton caresse du doigt un rêve d'enfant: exceller dans le monde du maquillage professionnel. Parvenue à finir ses études, son diplôme entre les mains, elle rêve d'un début de carrière marquant, quelque-chose qui la marquerait à jamais, et se...