Chapitre 60

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J'aimerais pouvoir affirmer que, tout à notre joie, l'arrivée de cet enfant suffit à chasser toutes les ombres tournoyant autour de nos vies entremêlées. Que nous pouvions enfin nous consacrer à nous, à notre vie commune et à notre famille que nous étions en train de créer avec un amour et une attention toute particulière... mais il n'en fut rien. Car dans les mois qui suivirent, nous allions avoir à essuyer l'une des pires passades que Michael ait jamais eue à subir.

Courant Février, ce fût l'effervescence à Neverland, et pour cause: sur le même mois, Michael allait devoir honorer le Superbowl puis laisser les caméras du talk show de Oprah Winfrey investir le domaine. Il était prévu qu'il garde la même scénographie que pour le Dangerous World Tour, il n'était donc pas très nerveux, mais l'effervescence le jour de sa prestation nous gagna tous à mesure que les heures filaient. De nombreuses répétitions avaient été jouées afin de calibrer au mieux les effets spéciaux, les déplacements et le tout début du show, mais à deux heures du début du match, je vis Jennifer se laisser tomber sur ma droite avec un regard terrifié. J'eus un sourire qui se voulut rassurant, mais j'étais moi-même particulièrement nerveuse. Le Superbowl était sacré au sein du pays, l'Amérique et le monde entier aurait les yeux rivés sur Michael, et tout cela en direct. Si un seul effet spécial ratait, si un danseur loupait un pas ou si un costume s'arrachait, Michael le ruminerait sur des mois entiers. Aucune erreur n'était permise.

-Mon père et toute ma famille regardent le match depuis la nuit des temps, dit-elle en tournant vers moi ses yeux bleus que je venais de maquiller de noir. J'ai peur de faire une connerie et m'attirer les foudres de Michael... et les leur.

-J'aimerais te rassurer mais je suis aussi nerveuse que toi, avouai-je en me mordant la lèvre inférieure.

-Comme toujours, sourit-elle en tapotant mon genou.

-C'est cool d'avoir quelqu'un qui te soutient autant, soupira Darryl en croisant ses pieds sur le tabouret tendu devant lui. Ma copine me regarde toujours de travers quand j'angoisse avant un show.

-Pourtant vous suivez Michael depuis le Bad Tour, m'étonnai-je. Vos proches sont si inflexibles?

-Tout le monde n'est pas si souple et bienveillant que toi ma chérie, lança Liz en surgissant dans la loge. Bonjour.

Les membres du staff la saluèrent timidement avant de reprendre leurs conversations. Je la suivis à l'extérieur pour regagner le couloir, ses yeux clairs s'allumèrent lorsque je glissais ma main contre mon ventre. Il était légèrement plus gonflé, mais rien de très exceptionnel. C'était comme si j'avais avalé une assiette qui ne se digérait pas.

-Tu es adorable, sourit-elle en me prenant le bras. Tu as hâte de le voir ce petit bébé, hein?

-Oui, avouai-je. Mais c'est un réflexe que je vais devoir perdre, personne n'est au courant pour le moment.

-Les gens finiront par le savoir, marmonna-t-elle. Et puis, pour être honnête avec vous deux, j'ai déjà entendu beaucoup d'interrogations à votre sujet. Vous êtes mariés, l'enfant est l'étape suivante, de façon logique.

-Oui, pour ceux qui ne le croient pas homosexuel, grognai-je. Tu connais la dernière? Je suis une couverture depuis des mois, Michael s'est marié à un homme dans un pays étranger.

-Mon Dieu Ollie ne prête pas attention à ça, soupira Liz. Je sais, plus facile à dire qu'à faire, mais l'opinion du reste du monde importe peu face au regard qu'il pose sur toi mon ange. Je suis tombée amoureuse de la tendresse dans ses yeux quand il te regarde.

J'eus un petit sourire gêné qui la fit partir d'un rire sonore lorsque nous entrâmes dans la loge où se trouvait Michael. Contrairement au reste des salles, celle ci consistait en un salon immense pourvue d'un téléviseur, deux grands sofa, des miroirs immenses dont les tables étaient jonchés de mes affaires et d'une pièce attenante permettant à l'artiste de se changer. Bill, Peters et Gordon discutaient debout dans un coin de la pièce, Jordan et sa mère étaient installés dans le canapé, et Katherine lisait un magasine derrière ses lunettes fines rectangulaires. Elle nous sourit en nous voyant entrer, mais ses yeux ignoraient Liz. J'avais fini par penser que la mère de Michael devait avoir pris Liz en grippe, elle l'ignorait la majeure partie du temps lorsqu'elles se trouvaient dans la même pièce.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant