Chapitre 49

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J'étais furieuse. Assise dans la voiture, Tim et Gordon en face de moi, je contemplai le paysage qui défilait derrière la vitre les dents serrées. J'avais refusé de leur donner la raison de mon départ soudain, à Janet également, mais j'avais ordonné que l'on rappelle Michael et que l'on me conduise là où il se trouvait. Tim s'était chargé de lui téléphoner pour s'enquir du studio dans lequel il se trouvait, j'avais dit à Janet que j'avais une urgence, puis nous étions remontés en voiture pour rejoindre Michael. Je ne comprenais pas d'où lui était venu cette idée, et j'étais folle de rage de savoir qu'il ne m'en avait pas fait part. J'étais la femme avec laquelle il était censé se marier, il était tout naturel de m'informer, non?

-Mademoiselle Dangton?, dit soudain Tim en se penchant en avant.

-Quoi encore?, aboyai-je malgré moi.

-Nous arrivons, annonça-t-il en arquant un sourcil.

-Que se passe-t-il?, interrogea Gordon en se penchant vers moi à son tour. Je vous ai rarement vue si peu maître de vous-même.

-Je ne tiens vraiment pas à en parler pour le moment, grommelai-je en observant le bâtiment du studio qui se rapprochait.

Les deux hommes se contemplèrent avec des mines surprises, mais je n'ajoutais rien jusqu'à l'arrêt total de la voiture derrière le complexe. Je sortis en hâte du véhicule, suivie de Tim et Gordon qui m'escortèrent jusqu'à la porte en surveillant les alentours, puis j'entrais dans le bâtiment en tournant le nez de tous les côtés. Toutes les portes étaient fermées sauf une légèrement entrouverte, et j'entendis des notes de piano qui me parurent familières. Je saluai vaguement Peters et Nick qui sortirent de la pièce ouverte, puis j'entrais en sentant mon coeur cogner contre mes côtes avec une vigueur qui me déstabilisa quelque peu. Je n'avais pas le souvenir d'avoir déjà été autant en rage après Michael, je n'aimais pas tellement l'idée de ressentir une telle colère pour lui, mais mon esprit rejouait sans cesse ma conversation avec la princesse Diana, enfonçant toujours plus profondément le clou en plein dans ma poitrine. La pièce était un studio comme j'en avais déjà vu auparavant: un premier espace rempli de tables de mixage, d'instruments divers, et un second espace garni d'un petit podium et équipé de micros et de casques. Ces derniers étaient laissés à l'abandon, car Michael était assis devant un synthétiseur sur lequel ses doigts couraient avec une justesse effarante. Il avait évidemment son chapeau vissé sur le crâne, ses cheveux pendaient contre sa nuque, libérés de leur élastique, et lorsqu'il tourna le nez dans ma direction, je vis son sourire angélique faire rebondir ses pommettes roses.

-Michael, j..

Il se tourna de nouveau vers le synthétiseur, puis il se mit soudainement à chanter d'une voix tendre qui m'incita au silence.

-She told me she'd given me
A lifetime love, so guaranteed
But she left me for another men
And I'm singin', cryin' helplessly

Mon coeur se réchauffa lorsque je reconnus les paroles de l'un de ses morceaux que j'affectionnais le plus. Michael savait pertinemment quelles chansons me touchaient, et I'm So Blue avait toujours été de celles qui me plaisaient tout particulièrement. J'avais été déçue de ne pas la voir choisie pour rejoindre les morceaux sélectionnés sur le projet Bad, mais il m'avait offert la cassette sur laquelle elle avait été enregistrée, et il aimait beaucoup me la chanter. Me voir débarquer dans le studio avait dû lui faire plaisir, et il devait avoir eu envie de me remercier en me chantant cette chanson là précisément, ce qui me serra le coeur. Michael était si doux, je n'arrivais pas à croire que j'allais lui passer un savon. Mais la voix de Diana résonna dans mon esprit, et je sentis mes dents grincer avant d'ouvrir la bouche pour l'apostropher de nouveau.

The make up artistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant