67. Ma sauveuse

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[POV Colin]

« Papa ? »

« Oui, mon grand ? », me suis-je penché vers lui qui revenait de sous un arbre avec une feuille de chêne bruni par l'automne qui était passé.

« Es'que elle va v'nir Jen ? »

J'ai renfoncé son bonnet sur ses deux oreilles le temps de réfléchir à ce que j'allais lui dire. J'ai regardé ma montre mais je n'ai pas pu lire l'heure, il faisait trop noir maintenant. Les seules sources de lumière dans ce parc n'étaient autre que les lampadaires et leurs lumières orange.

« Je ne sais pas... »

J'ai finalement regardé mon téléphone, ce que j'avais évité de faire pour garder espoir mais ce que j'y ai lu ne m'a pas fait plaisir. Il était temps que j'accepte l'avoir perdu.

« Je ne pense pas Evan. Nous devrions rentrer, les petits garçons devraient déjà être au lit à cette heure-ci. Tu me donnes la main ? »

J'ai attrapé sa toute petite main qu'il me tendait avant de me levé et nous avons commencé à marcher.

« Papa ? »

J'ai baissé les yeux vers lui qui tournoyait sa feuille dans sa main.

« Pou'quoi Jen elle est pas v'nu ? »

J'ai détourné mon regard. Comment expliquer à son fils qu'on a merdé avec sa femme et sa maîtresse ?

« J'ai fait une bêtise. J'en ai fait plusieurs à vrai dire... Je l'ai déçu, et maintenant elle ne veut plus me voir. »

« Moi aussi ? »

Je me suis arrêté pour m'agenouiller devant lui, l'air sûr de moi et tout de même surpris de sa maturité pour un enfant d'un peu moins de deux ans.

« Écoute-moi bien : Jennifer t'aimera toujours, Evan. D'accord ? Ce n'est pas parce que papa et elle se sont disputés qu'elle ne t'aime plus. Pareil avec maman ! »

Il a hoché la tête et je lui ai embrassé le front. Ma tristesse ne devait pas déteindre sur lui. C'était mon problème et ma douleur, pas la sienne et je ferai tout pour le protéger.

Nous avons repris notre marche jusqu'à ce que nous arrivions au niveau des jeux pour enfants. Evan a pointé du doigt le toboggan, tirant sur ma main.

« Bodogan ! »

« On dit un toboggan, Evan. Mais il est tard, on ira une prochaine fois. »

J'ai commencé à le sentir ralentir avant de se mettre à pleurer. J'ai arrêté de marcher, regardant derrière moi le banc où j'étais resté assis plusieurs heures maintenant. Je pouvais toujours le voir d'où j'étais et c'est probablement ce qui m'a fait céder.

L'espoir. Oui, l'espoir qu'il ne soit encore pas trop tard.

« Cinq minutes alors. Il fait froid et je ne voudrais pas que tu tombes malade. Mais reste là où je peux te voir, hein ! »

Je l'ai regardé courir en direction du toboggan, essayant ensuite de le grimper par la rampe. Je me suis assis sur un banc qui me laissait la possibilité de voir l'air de jeux et mon ancien banc d'un léger mouvement de tête.

Notre banc...

J'ai soupiré lourdement. Ce vieux bout de bois n'était plus rien d'autre qu'un souvenir il semblerait... Peut-être le journal avait-il été une mauvaise idée ? Peut-être aurais-je dû la confronter, qu'elle le veuille ou non ? Peut-être aurais-je dû lui dire toutes mes pensées de vive voix ? Elle aurait alors peut-être accepté de discuter avec moi et je n'en serai pas là aujourd'hui. À attendre bêtement dans ce parc que je comprenne que c'était fini.

Un Flocon d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant