23. Effacer

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J'ai dégluti difficilement. Maintenant, mes yeux ne voyaient plus qu'eux. Ses bras serrés autour de sa taille, dans son beau costume, se balançant d'un pied sur l'autre avec sa femme accrochée à son cou. Elle, dans une belle robe blanche, le menton appuyé sur son épaule, les yeux fermés, un léger sourire flottant sur ses lèvres à peine visible.

En tournant un peu plus sur eux même, j'ai pu voir Colin avec les yeux fermés lui aussi, se reposant les lèvres sur l'épaule de sa femme.

J'ai remercié le ciel pour avoir donné un terme à cette chanson et ainsi au supplice que subissait mon coeur, puisque Colin s'est détaché d'Helen avant de lui dire quelque chose.

Elle a souri en hochant la tête et ils ont pris chacun leur chemin. Seulement, Colin se dirigeait vers moi, où du moins le stand de boisson derrière moi.

Il a slalomé entre les couples danseurs puis lorsqu'il a levé les yeux, son expression a complètement changé.

Nous nous sommes fixés, le regard planté dans celui de l'autre. Mon coeur s'est pris un énièmes clou. Cela faisait une semaine que je ne l'avais pas vu et c'était notre premier contact depuis que nous nous étions laissés.

Ce qui m'a fait le plus mal, c'est sans aucun doute son regard bleuté, surpris, et son grand sourire qui s'est formé juste après.

Il s'est arrêté une seconde pour repartir plus rapidement et cette fois-ci vraiment vers moi.

Mais je n'ai pas pu.

Les larmes me montaient déjà au yeux sans même avoir échangé de paroles avec lui. Je ne lui ai pas souri en retour, au lieu de ça j'ai violemment détourné le regard avant de partir dans une toute autre direction à grandes enjambées.

Je suis partie sans me retourner et je me suis enfoncée dans le marécage de personnes, au milieu de la foule. J'ai salué certaines personnes au passage, que ce soit d'un simple geste de la main ou d'une étreinte, peu importe, mon seul but était de m'éloigner de lui.

Je ne savais même pas pourquoi je faisais ça. Je me répétais de ne pas me retourner, comme Orphée et Eurydice, mais comme eux, j'ai faibli. Je me suis retournée sans en prendre conscience et mes yeux l'ont tout de suite retrouvé.

« Bientôt plus que dix secondes avant la nouvelle année ! » a hurlé quelqu'un.

Les gens ont commencé à se rejoindre les uns les autres, noircissant de monde cette reproduction de rue et entravant de plus en plus la mobilité de chacun.

J'ai eu un horrible noeud dans l'estomac. Après ces dix secondes, tout allait être fini. Effacé. Disparu. Inexistant. Dans quelques secondes seulement, tous nos moments allaient être oubliés. Chaque rire, chaque sourire, chaque touché, chaque souffle, chaque larme, chaque mot et chaque baiser appartiendrait au passé. Envolé. Oublié.

Je ne voulais pas ça... Je voulais que ces moments est existé. Je voulais que même si ils resteraient secret, ils aient été réels. Je voulais...

Je voulais qu'il sache. Je ne voulais pas oublié. Je ne voulais pas qu'il oublie. Je voulais m'en souvenir. Je voulais qu'il s'en souvienne. Je voulais qu'on s'en souvienne. Ensemble. Je voulais qu'on se souvienne de nous, ensemble.

Alors pour cela je devais le lui dire.

Je devais lui dire que je lui avais menti. Qu'il n'y avait pas "rien eu". Je voulais qu'il le sache. Je voulais qu'il sache que je l'aimais.

Les yeux toujours rivés sur lui, au stand de boisson, j'ai aperçu Colin se retourner, le visage grave, les yeux ratissant la foule.

« Dix ! »

Un Flocon d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant