56. Objet

124 10 18
                                    

-4 octobre 2014-

La seule réaction que j'avais pu montrer ce matin devant le planning de la journée fut un soupir. Il était huit heure et je ne commençais qu'à midi. J'avais une fois de plus lu la mauvaise journée lorsque je m'étais renseigné la veille. Je commençais effectivement à huit heures, mais demain.

J'avais envie de me taper la tête contre ce maudit planning. Si je n'avais pas été aussi tête en l'air hier soir, je serais encore en train de dormir à l'heure qu'il était. Il ne me restait plus rien d'autre à faire que d'attendre. La nuit avait été catastrophique, comme une bonne semaine déjà. Je ne pouvais m'empêcher de tourner dans mon lit sans réussir à fermer l'oeil.

J'avais la tête pleine de pensées quand je n'avais pas cette sensation dans la poitrine qui me donnait des vertiges. La première fois que je l'avais eu remontait au mois dernier, le soir où Colin m'avait traîné jusque dehors pour... Enfin bref.

Tout ce qu'il y avait à savoir était que je ne me sentais pas toujours dans mon assiette. Ces pensées qui me hantaient n'avaient d'autre sujet que lui. Évidemment... Ce qui n'était pas pour m'arranger puisque je le voyais tous les jours.

Je suis montée à l'intérieur de ma caravane avec l'irrésistible envie de me laisser tomber sur mon lit. Je n'ai pas réfuté ce désir que j'ai accomplie à la seconde où j'ai enlevé mon manteau et mes chaussures. J'ai fermé les yeux quand ma tête s'est posée sur la douceur réconfortante de mon oreiller et j'ai senti mon conscience dérivé sous le poids du sommeil.

Je n'ai néanmoins pas sombré pour autant. J'étais assez consciente pour entendre quand la porte de ma caravane s'est ouverte puis refermée mais j'étais trop fatiguée pour daigner me relever et accueillir cet intrus. Les pas se sont dirigés vers moi et au son du léger rire à l'entrée de ma chambre, j'ai reconnu Colin.

« Ce n'est absolument pas drôle Colin... », ai-je grogné sans ouvrir les yeux, la voix faible car presque éteinte.

« Non, c'est plutôt très mignon. »

Je n'ai pas cherché à comprendre ce que j'entendais les minutes qui ont suivi car je me sentais rejoindre le pays des rêves. Mais le premier mouvement de muscle depuis que je m'étais allongée sur ce lit a été celui de mes lèvres qui se sont doucement étirées lorsque le lit s'est faiblement enfoncé. Je n'ai pas tardé à le sentir blotti contre moi, son ventre contre mon dos, son souffle dans mon cou et son bras enroulé autour de mes côtes.

Il a gémit le temps de s'installer confortablement en cuillère avec moi et dès qu'il a fini de bouger, le sommeil m'a emporté.

***

C'est l'ignoble sonnerie de mon téléphone qui m'a réveillé quelques heures plus tard. J'ai passé cinq minutes à le chercher pour éteindre ce son horripilant avant de comprendre que j'étais allongée dessus. Lorsque je l'ai enfin fait taire, l'écran affichait un petit mot qui m'a néanmoins fait sourire.

« Je ne voulais pas que tu sois en retard pour tes scènes. S'il te plait ne m'en veux pas trop. Bisous »

Je me suis levée après avoir regardé l'heure puis je suis partie en direction des studios où je tournais. Mon sourire ne s'était pas estompé depuis que j'avais lu son mot, plus précisément lorsque j'avais lu le dernier.

Je l'ai aperçu au loin, sur sa chaise en toile que des membres du staff avait dû déplacer puisque je pouvais apercevoir la mienne. J'ai eu l'envie de le surprendre alors je me suis approchée de lui tout doucement, dans son dos pour qu'il ne puisse me voir, avant de comprendre qu'il était au téléphone. Sa voix était plutôt enjouée et je pouvais voir le sourire sur son visage seulement grâce à la forme que ses joues avaient vu de dos.

Un Flocon d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant