61. Branche de gui

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-23 décembre 2014-

Ce n'était pas comme ça que j'avais imaginé les choses, non, pas du tout. Mais j'aurais dû m'en douter, j'aurais dû le voir venir... Quelle idiote ! J'étais trop gentille. Ou pas assez égoïste. Peut-être même les deux...

Il y avait de l'ambiance chez Ginny ce soir. Plus qu'habituellement lors de ses repas de Noël. Elle avait décidé d'inviter plus de monde cette année mais de faire un buffet cette fois, gardant sa règle de ne pas apporter de cadeau.

Toute la maison était décorée et j'imaginais sans difficulté les fous rire qu'elle avait pu avoir avec Josh en les installant. Surtout en ce qui concernait le sapin. Ils n'avaient pas dû être d'accord sur les couleurs des décorations puisque les boules étaient jaunes, violettes, rouges et vertes, et les guirlandes lumineuses blanches et bleues. Un sapin arc-en-ciel.

J'ai souri en y pensant.

« C'est probablement la première fois de la soirée que je te vois sourire. »

J'ai soupiré tristement vers Ginny qui venait de s'assoir à côté de moi sur le canapé. Avec ses cheveux courts bien coiffés, sa robe argenté qui s'arrêtait à ses genoux et son maquillage assorti, elle était ravissante, comme toujours.

« Je suis désolée, je suis gâche certainement l'ambiance avec mon air maussade. »

« Jennifer arrête ! Tu sais très bien que ce n'est pas vrai », m'a-t-elle reprise, une main sur mon genou.
« Tu as parfaitement le droit de ne pas te sentir bien, encore plus à cette époque de l'année... »

J'ai hoché la tête, reconnaissante de savoir que peu importait la situation, je pouvais compter sur elle. Mais les choses étaient bien trop compliqué pour que je puisse lui expliquer, bien trop hors de sa portée.

« Est-ce que... », a-t-elle commencé hésitante. « Est-ce qu'il est au courant ? »

Elle chuchotait mais je ne comprenais pas de quoi elle parlait. Mon froncement de sourcils a dû lui être suffisant car elle s'est positionné plus près de moi, regardant derrière elle quelques secondes. J'ai regardé par mécanisme au dessus de son épaule et je l'ai vu.

Ses cheveux noirs parfaitement coiffés, son sourire éclatant, ses yeux bleus magnifiques qui ressortaient nettement plus que d'habitude avec sa veste de costume bleu marine. Pendant une seconde, je n'ai plus rien entendu d'autre que mon coeur dans mes oreilles. Il discutait avec deux autres hommes et semblait bien s'amuser. Puis l'un des deux a posé sa main sur son épaule, s'est tourné vers l'autre homme et s'en est allé, dévoilant une femme blonde accrochée au bras de Colin, un petit garçon assis sur sa hanche.

J'ai serré les dents avant de plonger mon regard dans les bulles de ma flûte de champagne entre mes mains. Tout ça c'était ma faute. Si je ne lui avais pas dit de—

« Jen ? », m'a sorti Ginny de mes pensées.

« Désolée », ai-je souri tristement, cachant du mieux que je pouvais l'envie de partir en courant loin de cette maison.

Son regard était plus inquiet qu'il y a quelques secondes. C'est seulement en me demandant pourquoi cela avait bien pu changer que je me suis rappelé de sa question. Je n'ai pas vraiment eu le temps d'y répondre qu'elle me l'a reposé, plus précisément cette fois.

« Tu ne lui as pas dit n'est-ce pas ? Pour le 23... »

J'ai froncé les sourcils une seconde, me mordant la joue au passage. Je n'avais pas pensé à ça depuis un long moment... On était le 23 décembre, et je ne m'en étais même pas rendue compte. Mais je ne pouvais pas dire à Ginny pourquoi ça n'allait pas. L'excuse de 23 était finalement pratique.

Un Flocon d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant