62. Rien ni personne

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-23 janvier 2015-

Je n'avais jamais vraiment eu l'habitude de m'ennuyer. J'avais toujours du travail, un tournage, un shooting, une interview... Et parfois même des réunions de familles mais l'ennui était quelque chose que je ne connaissais pas vraiment. Durant les semaines difficiles ou très chargées, j'enviais les gens qui s'ennuyaient.

Mais là, c'est moi qui m'ennuyais.

Quelque chose que je n'aurais jamais connu si Colin n'était pas parti il y a cinq jours. J'étais heureuse pour lui d'apprendre que la chanteuse Christina Perri l'avait contacté pour lui offrir un rôle dans un de ses clips, mais lorsqu'il m'avait avoué qu'il partirait une semaine... L'excitation était bien vite redescendue...

Je m'étais faite une joie lorsqu'il m'avait dis qu'il resterait un moment à Vancouver avant de prendre un vol pour voir ses parents et sa famille en irlande, mais savoir que ce tournage empiétait sur le temps que j'avais avec lui était nettement moins plaisant.

J'ai donc profité au maximum d'être avec lui : on a dormi chez l'un puis chez l'autre, on est allé voir des matchs de baseball, on a fait des soirées chez Ginny et Josh en prenant soin de ne pas paraître trop louche, puis je l'ai même accompagné à l'aéroport.
C'est probablement la matinée où nous avons été le plus silencieux depuis le début du hiatus.

Je n'ai pas réussi à détacher mes yeux ne serait-ce qu'une seconde de son visage durant tout le trajet. Il avait insisté pour conduire ma voiture pour que je puisse rentrer plus facilement chez moi au lieu que je prenne un taxi et sans avoir besoin de laisser la sienne sur le parking.

À chaque fois que je serrais sa main dans la mienne alors que l'autre était sur le volant, il la serrait en retour en souriant du coin des lèvres. Il s'est garé et nos mains se sont lâchées pour détacher nos ceintures mais je l'ai vite rattrapé avant qu'il ne s'apprête à ouvrir la portière.

« Colin, attends ! »

Il s'est tourné vers moi et il a tout de suite eu l'air inquiet en voyant mon visage dépité. Je n'avais vraiment pas envie qu'il parte. Même pour une semaine. Il a soupiré avant de baisser les yeux sur nos mains, caressant le dos de la mienne avec son pouce.

« Ce n'est qu'une semaine. »

« Je sais », ai-je murmuré, reposant ma tempe contre le dossier en cuir du siège passager de ma voiture.

J'ai baissé les yeux à mon tour lorsque les siens se sont relevés vers moi. Sa main est venue caresser ma joue et je n'ai pas pu m'empêcher de me coller un peu plus contre sa paume. Son contact était toujours d'une chaleur réconfortante. J'ai fermé les yeux pour me concentrer sur la sensation de sa peau contre la mienne, presque au même moment que ses lèvres possédaient ma bouche.

Le baiser n'avait pas duré longtemps, et pourtant ça avait été suffisant pour nous avoir tous les deux mis hors d'haleine. Un don chez lui que je ne savais pas expliquer. Peu importe le contact que nous avions, je finissais très rapidement haletante.

Sortis de la voiture et arrivés devant la porte d'embarquement, il s'est tourné vers moi avec un faible sourire plaqué au visage. Il n'était pas triste de partir, je le connaissais assez pour en être sûre, mais simplement inquiet de me voir si mal.

« Une semaine », a-t-il répété alors qu'il me prenait dans ses bras.

J'ai fermé les yeux, pressant mes paupières forts pour ne pas laisser passer de larmes et j'ai enfoncé mon visage dans son torse alors qu'il me serrait de plus en plus.

Et pendant un instant, j'ai tout oublié. Le monde autour de nous, l'aéroport, pourquoi nous étions là, ce qu'il allait faire, qui il allait voir... Il n'y avait plus que lui. Je n'entendais plus de bruit. Plus rien d'autre que mon rythme cardiaque cassé. C'était stupide et je le savais. Il ne partait pas pour toujours. Il ne partait que pour une semaine. Il allait revenir. Mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Quelque chose allait mal se passer. Peut-être que j'avais cette impression à cause de toutes ces autres fois où nous nous sommes quittés, de tous les problèmes qui ont toujours suivis. Pourquoi fallait-il qu'à chaque fois que les choses étaient redevenues stables entre nous, il fallait qu'il parte à l'autre bout du monde ?

Un Flocon d'AmourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant