Le Hobbit : The Longest Road - FanFiction

Chapitre 41 - Take My Heart When You Go

Le couloir résonnait de l'unique silence des lieux, accueillant les ombres que projetait les torches sur ses dalles froides. Et adossée au mur sur une étrange tapisserie, j'étais immobile. Comme si ma place avait toujours été là. Je ne savais pas exactement depuis combien de temps j'étais assise à même la pierre. Des minutes. Des heures, peut-être. Mes pupilles ne quittaient pas le mur me faisant face. Mes yeux se plissaient parfois, essayant de lire les minuscules indications logées entre deux aspérités d'une fresque. Puis mon expression se détendit et je balançais ma tête en arrière, la reposant contre le mur froid.

Rien n'était simple. J'avais compris depuis bien longtemps que cette règle s'appliquait à chaque fois.

J'avais beau prétendre fuir incessamment. Mais c'était surtout parce que j'avais peur d'être abandonnée.

C'est toujours plus facile de tourner le dos aux gens avant que eux ne le fassent.

Néanmoins voir Bilbo me quitter encore une fois, était une nouvelle épreuve à surmonter. Lorsqu'il était près de moi, je me sentais enfin complète. J'avais toujours l'agréable sensation de me sentir en harmonie avec moi-même. Toutes mes peurs, toutes les plaies qui striaient mon cœur disparaissaient instantanément, pour ne laisser qu'un organe neuf et fort. Il était en quelque sorte, ma partie manquante. C'était irrévocable. Et j'allais pourtant devoir m'en passer.

Je me hissais sur mes jambes et continua d'arpenter lamentablement le Royaume d'Erebor, je grimpais une rangée d'escalier jusqu'au parvis supérieur. Un coup d'œil à la fente qui s'ouvrait dans la roche, m'apprit que le jour cédait sa place à la nuit. Mon cœur rata un battement et une montée d'adrénaline venue de nulle part chatouilla chaque cellule de mon corps, les électrisant plus qu'elles ne l'étaient déjà. Une nouvelle journée s'achevait. Il me semblais soudainement que le temps filait de plus en plus rapidement entre mes doigts, telle de l'eau, claire et limpide, que rien n'était en mesure d'arrêter. Tout ne se résumait à présent qu'à une question de jours. D'heures, peut-être.

Je continuais mon ascension, prête à gravir les dernières marches qu'il me restait. Un coup au cœur stoppa pourtant mon geste. Bilbo était là, devant moi, se tenant debout sur la dernière marche des escaliers. Oui. Il était juste là. Droit devant. Seulement quelques mètres nous séparaient. J'aurais pu courir vers lui. J'aurais pu me jeter dans ses bras. Parce qu'il allait me manquer bien au-delà de tout. Mais je ne bougeai pas, figée sur cette même marche.

Sans que je ne puisse les contrôler, les larmes coulèrent toutes seules le long de mes joues, venant mourir a mes pieds. Des sanglots d'une violence rare secouaient silencieusement tout mon corps. Il partait. Pour de bon. La prise de conscience de cette réalité me heurta comme un coup de poignard dans le cœur. Il s'en allait. Il partait pour son triste destin.

Soudainement, il vint vers moi en quelques enjambées, il descendit les marches, se plantant sur celle au dessus de la mienne, le corps raide, maintenant à l'exacte même hauteur que la mienne. Tout deux à égalité.

Ses yeux d'acier transpercèrent mes pupilles avec force. Même si j'avais voulu m'en aller, la terrible attraction qu'il exerçait sur moi m'en aurait immédiatement empêché. Je me sentais défaillir. Les battements de mon cœur s'accélérèrent considérablement et malgré mes faibles tentatives pour les calmer, ils prirent une allure encore plus soutenue.

J'aimais tout chez lui. Les effluves sucrés de sa peau. Sa présence apaisante. Ses grands yeux d'un bleu profond, remplis d'ingénuité et de détermination. Sa tignasse follement rebelle dont les mèches dorées s'émancipaient de son autorité et prenaient un malin plaisir à rendre ses tentatives de domptage vaines. Son corps mince et pourtant si réconfortant. Ses petites mains puissantes qui souvent, emprisonnaient les miennes avec bienveillance.