Chapitre 5: Un serpent au paradis

484 74 126
                                    

Camille

Brusquement, je lâchai Raphaël et me retournai pour découvrir la nouvelle venue. Je n'avais pas pied et avant de submerger, deux longues mains attrapèrent ma taille. Son torse contre mon dos, mon fou m'avait à nouveau reprise dans ses bras, réanimant entre nous cette chaleur agréable et interdite.

Une petite femme perchée sur des Louboutins rouges nous contemplait en lissant de sa main ses courts cheveux bruns, dans un geste similaire à celui de Gabriel. Ses yeux, du même marron que ceux de toute sa famille, nous observaient avec une moue hautaine sur son pâle visage. Ses lèvres étaient affublées d'un rouge Dior un peu trop vif pour elle. Une paire de Ray-Ban se balançait dans sa main libre, d'un geste agacé. Son tailleur noir renforçait la sévérité de ses traits. Depuis son arrivée, la température avait chuté de plusieurs degrés, stoppant nos jeux d'enfants.

— Jolies échasses, la complimenta Gabriel.

— Elle a prévu d'aller à un enterrement, me murmura Raphaël se moquant de la tenue de sa sœur.

Malgré l'arrivée de la brune, il me gardait précieusement contre lui. Son t-shirt collé à la peau me dévoilait ses avant-bras puissants, bien différents de ceux de son frère. Gabriel et Raphaël ne se ressemblaient pas. Les boucles blondes du petit frère contrastaient avec les cheveux bruns et courts de l'homme d'affaires. Sa nonchalance et ses yeux rieurs se désaccordaient avec la sévérité des traits de son aîné.

Et puis, il y avait Mathilde, la demi-sœur née d'un premier mariage. Sur mon bureau, son dossier était devenu ma bible depuis plusieurs mois.

— Tu ne présentes pas ta nouvelle conquête ? dit cette dernière sans aucun préambule.

Sous l'attaque, Gabriel grimaça. Ma situation était ambigüe. Aussitôt, je m'éloignai en deux grandes brasses de Raphaël et me hissai souplement sur le rebord de la piscine. Mes vêtements mouillés ne cachaient plus mes sous-vêtements un peu trop sexy. Trois paires d'yeux étaient rivées sur mes seins. Je ne les laisserais pas me déstabiliser. Mathilde s'attarda sur mes courbes puis sur ma poitrine dont les tétons se dressaient fièrement sous le tissu mouillé. Leurs regards concupiscents ne m'atteignaient pas, sauf peut-être celui du beau blond que je préférai ignorer.

Les mots de Mathilde m'avaient heurtée. Je n'étais la conquête de personne. Personne n'avait parlé de moi ainsi depuis le lycée. Mon ex en avait payé le prix et mon cœur s'en était endurci : No Man, no cry. Je me relevai et bousculai intentionnellement l'insolente voyeuse en me dirigeant vers le pavillon qui se nommait dorénavant « Camille ». J'avais hissé mon drapeau fièrement sur cet antre masculin. En moins d'une heure, je m'étais approprié la garçonnière des Keys.

Satisfait, Gabriel me suivit avec un sourire de vainqueur. Je le laissai croire à cette fausse victoire. Avant de refermer la porte, nous entendîmes la voix de Raphaël.

— C'est la compagne de Gabriel. Tu as encore perdu une bonne raison de te taire.

Son ton était sec. Le jeune homme prenait ma défense. J'avais réussi haut la main mon rôle. Raphaël s'intéressait à moi. Mon baby-sitting avait un goût de paradis. Dans ce pays d'Adam et Eve, qui jouerait le rôle du serpent dans notre histoire ? Qui oserait croquer dans le fruit défendu ?

Gabriel et moi nous dirigeâmes déjà comme un vieux couple vers la salle de bain pour récupérer des serviettes. Devant lui, j'ôtai mes vêtements mouillés sans aucune pudeur gardant uniquement mes sous-vêtements, qu'il avait déjà par ailleurs pu admirer dans l'avion et par transparence autour de la piscine. Enroulée dans une serviette, je m'allongeai sur le lit et fermai les yeux. J'avais besoin de finir ma nuit. Il s'assit à côté de moi, me tournant le dos. Je n'étais pas dupe. Il tentait de garder le contrôle. Je l'attirais autant que je le déstabilisais. Tous mes gestes étaient prémédités, sensuels, aguicheurs. Ils appelaient à la luxure tout en lui défendant d'y toucher. Je voulais l'empêcher de réfléchir et j'y arrivais plutôt bien. Sa voix, devenue rauque, se fit entendre.

ObsessionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant