Chapitre 17: Liberté Tango

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Camille

Je suivis du regard le départ de Raphaël avec un pincement au cœur. Malgré tout, je me refusai à le suivre. Arrêtée par une serveuse, chemise à manches longues blanches et pantalon crème, je m'apprêtai à la contourner et me diriger vers ma table, mais cette jeune femme à la peau dorée avec sa frange asymétrique barrant son front, ses cheveux châtains mi-courts attachés en queue de cheval, et ses yeux verts malicieux, était une apparition, une bouffée d'oxygène dans cette soirée anxiogène.

- Hannah !

Hannah me sourit et me tendit un plateau avec plusieurs coupes de champagne.

- Crois-tu réellement que nous t'aurions laissée seule ?

J'acquiesçai. Seule, on allait plus vite mais ensemble, on allait plus loin. Reconnaissante de cette aide inespérée et voulant gagner quelques secondes précieuse avec ma meilleure amie, je lui pris une coupe en lui souriant chaleureusement. Elle me conseilla de prendre toujours la flûte à moitié remplie sur son plateau , contrairement aux autres, il n'y aurait jamais d'alcool.

- Quelle entrée ! s'exclama Gabriel qui venait d'apparaître derrière nous.

Me ressaisissant de ma rencontre imprévue avec ma sœur de cœur, je lui fis face :

- C'était mon cadeau pour son anniversaire. Je devais me racheter pour ma conduite. C'est ce que j'estime être de vraies excuses. Tu devrais le noter pour la prochaine fois que tu es désagréable avec moi. Cela te sera utile.

-Tu ne fais pas les choses à moitié, souffla Gabriel épaté.

- Gaby, je ne fais jamais rien à moitié. Ce n'est pas dans ma nature.

Nos regards se croisèrent. Parfois, j'avais l'impression que nous aurions pu être amis quand il me parlait ainsi, comme son égal. Je déposai un baiser sur sa joue parfaitement rasée et lui tendis un verre plein.

- Détends-toi ! Profite ! lui conseillai-je.

Pendant que j'allais de table en table pour saluer nos convives, il me suivait d'un regard admiratif. Mon assurance l'énervait autant qu'elle lui plaisait. Je toastais avec tous, mémorisant les visages et les noms. Je riais aux blagues, fronçais les sourcils parfois pour prouver l'intérêt que je portais à toutes ces personnes. Recevant quelques cartes de visite, je les donnais discrètement à Hannah qui m'avait suivie. Ressentant l'attention de Gabriel sur moi, je levai les yeux et lui souris tendrement. Qu'il soit rassuré ! De moi, ce soir, il ne craignait rien. J'avais prévu d'être la petite copine parfaite et merveilleuse qu'il souhaitait.

La musique augmenta et tout le monde regagna sa place. Je me retrouvai au côté d'Aron. Les danseuses évoluèrent sur Dangerous Women d'Ariane Grande. Une des danseuses masquées monta sur l'estrade et entama une pole dance. Ses cheveux retenus en chignon, elle portait un body qui dévoilait ses fesses musclées. Entourant sa cuisse, un tatouage en forme de porte-jarretelles attira mon attention. Au creux de son cou, la preuve que cette femme ne m'était pas inconnue. Deux petits mots que je devinais plus que je ne lisais : Carpe Diem. De ses gestes gracieux et maîtrisés, fruit de nombreuses années d'entraînement, elle hypnotisait l'assemblée. Des mouvements lents et sensuels ponctués par des déplacements saccadés et rapides, tout était parfaitement maîtrisé. Son costume noir en dentelle soulignait ses courbes étirées et souples. Je n'étais décidément plus seule sur l'échiquier.

Captivé, Gabriel ne vit pas Hannah lui verser à nouveau du champagne. J'adressai un clin d'œil à mon amie autant pour la remercier que pour lui dire que j'avais reconnu notre indomptable Alexia sur la scène.

Le patriarche se pencha vers moi et entoura mes épaules d'un geste étonnant de tendresse.

- Vous êtes une femme surprenante, Camille.

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