Chapitre 19: La rose noire

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Gabriel

Autour de moi, mon injure raisonnait dans toute la maison. Le temps m'était compté. Où était-elle ? Elle ne devait pas être bien loin. Je rentrai dans toutes les pièces du premier étage, hurlai sur James pour que celui-ci appelle la sécurité et bloque les issues. Plus personne ne devait quitter le domaine.

— Elle nous a eu, m'énervai-je en revenant sur la terrasse.

— Qui ? demanda Mathilde.

— Camille nous a menti. Nous venons de lui vendre l'intégralité de la société. Elle n'a épargné que ce petit con de Raphaël. Tu as dû être vraiment un bon coup pour qu'elle te fasse cette grâce, dis-je en colère. Camille Delalande Saint Honoré, voilà son foutu vrai nom. Elle a reecrit les contrats, nous les a fait signer et elle vient de s'enfuir avec son exemplaire. Bougez-vous ! Ordonnais je. Il faut la retrouver.

— La rose noire, s'exclamèrent en chœur Aron et Mathilde avec stupeur et colère.

— Mais bon sang, pourquoi as-tu ramené notre concurrent européen sur nos terres ? Bon à rien, hurla Aron en empoignant le col de ma chemise m'étranglant sans aucune retenu.

— Arrête ton délire, Papa ! C'est toi qui as embauché cette sale garce, lui crachai-je à la figure en le repoussant. C'est toi qui as merdé.

— Moi qui l'ai embauché. Tu as vu ça où ? C'est toi qui l'a ramenée ici. Je ne t'avais rien demandé.

— Je rêve. T'as carrément perdu la mémoire. Pour la soirée avec les Marceau, tu m'as pris une Escort girl pour faire bonne figure, une fille pour faire joli. C'était elle, cette putain d'Escort.

Un poing puissant me percuta le visage et me fit reculer d'un mètre. A moitié assommé, je levai les yeux vers mon agresseur et ce n'était pas mon père qui extériorisait toute sa déception à mon encontre.

Non, c'était Raphaël. Le plus calme de tout le clan Keys me  toisait et sa haine transpirait par tous les pores de sa peau. Sa colère n'avait d'égal que sa peine.

Mon dieu, si elle l'avait épargné dans son holdup lui laissant les parts que notre mère lui avait légué, elle lui avait volé bien pire: son cœur.

Je la haïssais encore plus car cela, je ne pourrai jamais lui récupérer même en rattrapant Camille. J'en étais sûr dorénavant, elle s'était jouée de lui. Ce n'était qu'une illusion. Elle me le paierait.

- Je te hais, je vous hais tous, cria-t-il les larmes à la lisière des cils, la mâchoire contractée. Pourquoi ? Pourquoi l'avoir fait venir ? 

- Oh, arrêtes ton mélodrame, se moqua Mathilde. Tu en as bien profité  et cela sans débourser un dollars. Alors que nous, on est dans la merde. On a un sujet bien plus grave que le fait que tu t'es tapé une pute sans le savoir.

- Pas une pute, rectifia Aron. Une Saint Honoré. C'est pire.

- Ces clébards ont tous une rose tatoué dès leur dix-huit ans, le contra Mathilde. Sa peau est immaculée. Ce n'en est pas une, c'est un imposteur. Sa signature ne vaut rien.

Raphaël se mit à rire, un rire lugubre qui me terrifia. Il sonnait le glas de notre famille et j'avais l'impression que mon père et ma sœur étaient aveugle à sa douleur.

- Une rose noire au poignet gauche, une rose qu'elle cache sous ses bracelets. C'était donc la marque de son clan. Je suis vraiment idiot.

A ses mots, les lèvres de Mathilde tremblaient et ses jambes ne la tenaient plus. Je n'allais certainement pas faire un geste pour la soutenir et elle chuta lourdement sur la première chaise disponible.

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