Chapitre 22- Te revoir- (1/2)

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Gabriel

Arrivé à l'aéroport, Sasha m'entraine au pas de course, dans un petit salon qui accueille les classes business.

Une hôtesse m'offre une coupe de champagne. La dernière fois que j'avais bu ce breuvage, c'était à l'anniversaire de mon père. Cela ne m'avait pas bien réussi. J'avais vécu un cauchemar. Le sourire de mon ex-assistante me fait cependant céder.

Confortablement installé, avec vue sur le tarmac, j'observe le ballet des avions. Elle avait été très floue sur notre destination. Je sais juste que Paris est notre prochaine escale. J'avais frémi en entendant le nom de la capitale. Pour moi, Paris, la France, c'est mon insupportable grande sœur, et pire encore, Camille. Sasha m'avait expliqué qu'après la cession des parts, elle avait dû déménager de l'autre côté de l'Atlantique. Aucune opportunité sérieuse ne s'était présentée sur le marché américain. Après avoir travaillé pour moi, elle se refusait de régresser et d'accepter un énième poste d'assistante. Sa vie avait radicalement changé. Nouveau pays, nouvelle ville, nouvelles coutumes !

Je n'ai jamais envisagé que si les choses me paraissaient injustes pour moi, mon personnel aussi avait dû souffrir de cette vente forcée.

Pris d'un sentiment de tendresse inexpliqué, j'ai envie de la prendre dans mes bras pour me faire pardonner de n'avoir égoïstement pensé qu'à moi. Mais elle se redresse sur son siège, bombe la poitrine dans un geste qui tente d'effacer cet aveu. Elle ne veut pas de ma pitié.

Son sourire revient sur ses lèvres écarlates et elle m'assure qu'aujourd'hui, elle est heureuse ou presque. Elle a parfait son français. Et puis, sa mère et sa sœur l'accompagnent dans cette aventure. Elle n'est pas seule. Amy suit des cours dans une école de commerce franco-anglaise. Cela lui coûte une fortune mais elle ne le regrette pas. Sa sœur est destinée à faire de grandes choses. Je lis de la fierté dans son regard. J'aimerais qu'un jour elle me regarde ainsi.

Avec un sourire avenant, l'hôtesse vient nous chercher pour nous guider jusqu'en classe business. Sasha m'explique que sur les longs courriers, la classe business est bien meilleure que la  première classe.

Parfois, elle me donne l'impression d'un moulin à paroles afin que je ne puisse pas réfléchir, que je ne puisse pas comprendre comment en quelques heures, elle a pu me sortir de ma tanière, me transformer en businessman, au moins en apparences. Et oh, miracle ! Me mettre sur un avion à destination d'un pays que j'exècre. Enfin, je ne hais pas vraiment la France, plutôt les françaises. Il ne faut jamais leur faire confiance.

Après le décollage, je tente pour la énième fois d'avoir un peu plus d'informations sur son employeur.

- J'aimerais savoir ...

- La signification de mon dragon dans le dos, me coupe-t-elle.

- Non. Euh, oui quand même un peu mais...bafouillé-je.

- Mon père faisait partie d'un gang de motards. Je vous rassure, il n'était pas violent, un peu barré parfois. Bon, je l'admets. Avec mes yeux d'adulte, je dirais complètement barré. Mais quand on ne connaît rien d'autre que cet univers...

Je me rends compte qu'en trois ans, je n'avais jamais pris le temps de la connaître vraiment. Or, c'était la personne avec qui je passais le plus de temps. Qu'elle ait une vie avant notre rencontre est logique, mais que jamais je ne m'en sois intéressé, me montre l'étendue de mon manque de savoir-vivre. Je suis plus ours que je ne le pense.

Impossible de l'arrêter dans ses confidences familiales ! En même temps, j'ai beaucoup de retard à récupérer pour me permettre de couper Sasha pendant sa confession.

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