Chapitre 26- Lui dire (2/2)

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Gabriel

Retour en République Dominicaine, je souffle de déplaisir, une furieuse envie de fuir. Pourquoi ne pas faire une partie de golf avant de l'affronter ? Je ne suis plus à une demi-journée.

J'ai envie de repousser ce moment, de l'éviter. Je crains encore sa réaction, son rejet inévitable. Il est très agressif quand tout va bien alors je ne peux que m'inquiéter de le revoir. Bon sang! Que m'a-t-il pris de faire cette promesse ? Une idée me vient et si je mentais à Sasha.

Mec, t'es mort. Elle le verra tout de suite et elle partira encore plus vite.

D'un geste rapide, j'essuie mon front. Il fait chaud ici, bien trop chaud pour une partie de golf.

Trop tard pour faire demi-tour, James me sourit et m'accompagne jusqu'à mon bourreau. Mes mains tremblent légèrement. Mon père doit me haïr. Il ne peut pas en être autrement. Je l'ai déçu. Je suis étonné quand le majordome bifurque vers la terrasse au lieu de monter les marches qui mènent à son escalier. Mon père aurait-il quitté sa tanière ?

En effet, il est allongé sur un des transats, lunettes de soleil sur le nez, tablette sur les genoux. Sa peau que j'ai connue éternellement blafarde malgré le soleil des caraïbes, est halée. Son teint n'est pas le seul changement que je perçois. Il m'accueille avec un sourire franc tout en m'interpellant.

- Tu en as mis du temps !

Etonné par cet accueil, je fronce les sourcils. James s'éclipse pour nous apporter des boissons fraîches. Nous restons enfin seuls. Je défais ma veste de costume et remonte mes manches. Je note que la température a encore augmenté d'un cran depuis quelques minutes. Nous sommes en mai et il fait bien plus chaud qu'en France. Mon corps doit juste s'adapter. En attendant, je transpire et pas qu'un peu.

- Tu ne sembles pas surpris de ma venue, dis-je incapable de soutenir son regard.

- Te connaissant, je m'attendais à ce que tu viennes personnellement m'annoncer ta future paternité.

- Comment le sais-tu ? demandé-je en levant enfin mon nez de mes chaussures.

Tout de blanc vêtu, il me montre sa tablette.

- Je ne vis pas au bout du monde. Nous avons l'eau courante, l'électricité et internet ici, se moque-t-il.

Aron Keys me regarde avec un sourire qui illumine son visage. Mon père est heureux de me voir et cela me déstabilise. Je me suis préparé au pire. Je ne comprends plus rien. Ma main attrape ma nuque et vient frotter mon cou.

- Juste une question, fils. Es-tu sûr que ce soit bien le tien ? Que ta Rose ne t'ait pas fait d'infidélité ? me demande-il en plongeant son regard sombre et profond dans les miens.

Je n'avais pas prévu d'aborder cette question si tôt. Il ne s'encombre jamais de fioritures et au bout de cinq minutes de conversation, il me le prouve à nouveau . Il continue sur sa lancée en occultant mon malaise.

- Après s'être appropriée notre groupe, ne crains-tu pas qu'elle s'approprie notre nom ? m'interroge-t-il suspicieux.

A cette idée, j'éclate de rire, un rire franc et libérateur. Camille et moi ne cessons de nous battre sur le futur nom de famille de cet enfant.

- C'est plutôt l'inverse. Il me reste encore cinq mois pour lui faire entendre raison pour que ce bébé s'appelle Keys et non le titre à rallonge de ses augustes ancêtres.

- Ça ne m'étonne pas d'elle, une vraie louve, très attachée à son clan, conclut-il avec fierté.

James réapparaît et nous sert deux smoothies verts. La boisson est assez étonnante et plutôt dégoutante. Mon père m'explique qu'il souhaite retrouver une certaine hygiène de vie. Il a embauché un coach sportif. Son majordome prend des cours de cuisine Bien-être. Je comprends très vite que l'arrivée du futur petit Keys lui donne l'envie de vivre. Il veut rajeunir pour être le meilleur des grands-pères. Je le vois mal en papy gâteaux et je vois encore moins Camille accepter de lui confier l'enfant. Le passif est trop lourd mais je préfère me taire. Je n'ai jamais vécu de moment avec lui comme à cet instant.

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