Chapitre 29 ( 2/2)

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Raphaël, quelques marches plus haut.

Des bruits de voix traversent la porte. Derrière elle, des personnes se disputent. Je pourrais faire demi-tour et rendre Léo plus tard, ou attendre que Sasha soit habillée pour qu'elle le fasse elle-même. Mais je reconnais la voix de mon frère.

Il m'a donc laissé à l'étage du dessous pour venir ici. Cela m'intrigue. La voisine serait-elle sa copine ?

J'entends une autre voix. Elle lui parle sur le même ton, absolument pas décontenancée par la colère de Gabriel.

Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille. Elle est claire, mélodieuse à mes oreilles et cruelle à mon cœur. Je ne comprends pas. Le matou grogne dans mes bras. Je le caresse pour le calmer mais aussi pour oublier les battements désordonnés qui frappent mes tempes. Il saute par terre et ouvre en grand la porte. Il me fixe comme s'il m'invitait à rentrer. Mes pas le suivent.

Gabriel et Camille ne me voient pas. Mon frère est adossé à l'évier de la cuisine. Assise sur un tabouret de bar, elle me tourne le dos, ses cheveux blonds tombant sur sa peau dénudée.

Elle porte un caraco blanc à bretelles fines. Son shorty de la même couleur met en valeur ses longues jambes. Ma main réclame de la toucher et mon esprit de m'enfuir. Mon cœur se déchaîne. Il est devenu trop gros pour ma poitrine. Emprisonné dans sa cage, il tente de s'échapper de sa prison pour se prosterner à ses pieds. Je ne suis pas prêt à le libérer. C'est un grand malade. Il n'a pas su se contrôler la dernière fois, et le prix à payer a été trop élevé. Je ne le laisserai pas me briser à nouveau.

— Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans les mots "rester tranquille !" ? s'écrit Gabriel.

— Tranquille ! Tu te casses pendant deux semaines sans me donner aucune nouvelle en direct, passant toujours par Sasha. Tu crois que je vais attendre sagement dans mon lit le retour du chevalier servant. J'ai des responsabilités, moi. Je ne partirais jamais en vacances au bout d'un mois de travail.

Je n'ai plus vraiment de doutes. J'ai en face de moi la fameuse fille qui rend dingue Gabriel. Il m'a dit l'avoir rencontré il y a trois ans. Un mensonge de plus afin que je ne puisse pas me douter de leur relation.

Je ne comprends pas pourquoi je suis ici. Pourquoi voulait-il que je vienne ? Je n'y vois qu'un côté malsain, une sorte de punition pour l'avoir possédée alors qu'elle était théoriquement à lui, une rancune tenace, un moyen de s'assurer que notre histoire n'a jamais existé.

— Je gérais à distance, se défend-il.

— Tu ne gérais rien du tout, le contredit-elle.

Le chat bondit sur le carré de bar et s'interpose entre sa maîtresse et mon frère. L'animal ne semble pas l'apprécier, et vu le regard noir de Gabriel, c'est réciproque.

— El diablo, il ne manquait plus que lui, dit-il en tentant de le faire partir.

— Laisse mon chat tranquille ! Hurle-t-elle.

Elle va pour le prendre mais il arrête son geste en empoignant son bras.

— Ne le porte pas ! ordonne-t-il. Il est devenu trop lourd pour toi.

Le chat feule. Énervée, elle tourne le dos à Gabriel comme une enfant boudeuse et me fait enfin face. Son visage pâlit quand ses yeux se posent sur moi. La pièce semble se rétrécir. Nos regards s'aimantent. Sa beauté ravive mes souvenirs. J'ai l'impression d'être en face d'un mirage. Elle me scrute, m'étudie comme si j'étais un fantôme. Elle ouvre la bouche, puis la referme. J'ai envie de me jeter sur elle pour l'embrasser. Je dois me contrôler. J'ai l'impression d'être un drogué repenti qui veut à nouveau replonger après plusieurs mois d'abstinence. 

La situation n'a pas changé. Comme la première fois, elle est avec lui. Elle n'est pas libre. Elle nous a trahis. Elle l'a choisi.

Elle s'approche. Je ne bouge pas. Elle s'arrête à quelques centimètres de moi. Son parfum m'enivre. Il m'entoure, me capture.

— Bonjour, Raphaël.

— Bonjour, Camille.

Presque cinq mois sans la voir, et seuls ces mots sans saveur sortent de nos bouches. Je voudrais tant la prendre dans mes bras comme si rien n'avait jamais eu lieu, comme si elle m'avait suivi. Elle se met sur la pointe des pieds et me dépose un baiser tendre sur chaque joue. Comme un con, je la laisse faire appréciant son contact tout en rêvant de bien plus. Alors que je devrais fuir, la rejeter, je reste immobile.

Je la respire. Elle sent divinement bon. Quand ses lèvres se rapprochent trop des miennes, j'arrête son geste en m'éloignant d'un pas. Elle est avec mon frère , son fiancé. Je ne peux plus me taire et sur un ton assassin, en une seule phrase lui rappele la situation.

— Félicitations, ma Rose !

🌹

Camille et Raphaêl enfin réunis mais pour combien de temps?

J'espère que tu as apprécié ce court et néanmoins intense chapitre. 

 

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