Chapitre 40: Réconciliation

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Camille

Heureux, nous avons décidé de garder pour nous le sexe du bébé. Ce sera notre secret. Maintenant, il nous reste à lui trouver le plus joli des prénoms.

En plus de mon nom de famille à rallonge, nous ne devons évidemment pas oublier les particularités de ma famille.

Mon prénom complet est Camille-Rose et ma mère, Céleste-Rose. Raphaël a écarquillé les yeux en apprenant cela. Du côté des hommes, mon frère s'appelle Lucas-Alexandre et Grand-Pa, Victor-Alexandre. Lors de cette découverte, mon roi a éclaté de rire. J'ai cru que nous allions devoir nous garer, incapable de conduire. Et oui, je lui ai redonné le droit de piloter ma voiture. Notre enfant ne pourra pas faire l'impasse sur nos vieilles traditions. 

Mais avec un père comme le sien, je suis sûre qu'il existera un brin de folie dans sa vie.

Enfin, je retire mon foulard et le lance sur le siège arrière. Du coin de l'œil, j'observe Raphaël qui ignore difficilement mon décolleté. Il se racle la gorge et décide de mettre la climatisation. Souhaite-t-il par ce geste m'obliger à me couvrir la poitrine ou est-ce de la prévenance ? Je retiens difficilement un sourire. Malgré mes kilos en trop, il continue à m'admirer comme la septième merveille du monde. J'en conviens. Notre relation est ambiguë. Nous nous titillons, nous jouons, nous nous chamaillons mais nous restons séparés. Il me ramène chez Grand-Pa, où il m'y laissera. 

Cette pensée me poignarde le cœur. Quand le reverrai-je ? À la prochaine échographie ? À l'accouchement ? Souhaite-t-il y assister ? Ai-je envie qu'il y assiste ? J'ai un doute.

Ma mère, lors de ses brèves apparitions, m'a parlé de nos naissances. Cela se rapprochait d'un film d'horreur interdit au moins de vingt-et-un an. Même si je me doute que quand elle en parlait, c'était surtout pour éviter d'être grand-mère. La contraception, version Céleste Delalande.

Mais, en même temps, je suis censée ne plus aimer Raphaël. Je ne devrais pas me poser toutes ces questions et m'en tenir à mes décisions. Il a choisi sa sœur. Je tente de me raisonner, de ressentir à nouveau cette colère intransigeante, mais cette émotion a pris la fuite depuis qu'il a posé ses mains sur mon ventre. Seul le bien-être que je ressens avec lui remplit mon âme. 

Afin de lui cacher tous mes débats internes, je me focalise sur la route. C'est ce moment que choisit Raphaël pour se tromper d'embranchement.

— Tu devais tourner à droite , lui suggéré-je.

— Non, me contre-t-il d'une voix atone loin du fou rire d'il y a un instant.

— Excuse-moi mais je vis ici depuis mon enfance, m'énervé-je. Je connais la route.

— Sûrement, mais nous ne rentrons pas au château. En tout cas, pas tout de suite. Nous avons des choses à fêter, dit-il en posant sa main sur mon ventre.

Je suis prise au dépourvu et je n'aime pas ça. Nous prenons un chemin boisé. Je reconnais les grands chênes qui bordent cette route et les panneaux « chasse gardée ». Je ne suis pas en territoire inconnu mais que "Keys" connaisse cet endroit m'étonne. Nous nous garons devant une maison mansardée aux briques rouges, typique de la Sologne. Dans le rétroviseur, je constate toujours la présence de mes gardes du corps. J'essaie de me détendre mais mon esprit cherche un moyen de m'échapper. 

Depuis que Mathilde a tenté de tuer Lucas, j'ai un sentiment constant d'insécurité. Je veux rentrer immédiatement chez Grand-Pa, le seul lieu qui me rassure. La nuit, je ne m'endors qu'en sentant la présence réconfortante de Boss au pied de mon lit. Mon père dort dans la chambre d'à côté. Habitué aux situations dangereuses, il saura réagir. Le jour, j'essaie de cacher mes frayeurs, comme à cet instant. 

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