Chapitre 8: Tentation

491 68 175
                                    

Chapitre avec uniquement le point de vue de notre talentueux et passionné musicien.

J'espère que vous apprécierez autant que j'ai aimé être dans sa tête.

Raphaël

Camille ne l'avait pas vu arriver. Tel un félin aux aguets, les yeux bleus de Stan se fixèrent sur la jeune femme. Je ne lui avais pas encore parlé d'elle. Avec cette fille, tout se précipitait. Selon les règles de notre amitié, si ce n'était pas explicitement interdit, c'était autorisé. La chasse venait d'ouvrir pour Stan. Il caressa son impeccable barbe de trois jours. Il adorait se donner une allure de bad boy. Son côté ténébreux, selon lui, plaisait aux filles. Dans son attitude, toutes ses mauvaises intentions vis à vis de Camille se lisaient et ça me rendait dingue. Contrant mon ami, je me levai et m'interposai entre eux, pris d'un puissant et ingérable sentiment de possessivité. Elle était à moi, rien qu'à moi. Surpris, Stan fronça les sourcils.

— Camille est la compagne de Gabriel, déclarai-je afin de couper l'instinct de chasseur de mon frère de cœur.

Bizarrement, ce qui me faisait marrer avant, m'horripilait en la présence de ma sirène. Avec Stan, nous nous étions beaucoup amusés dans les bras de jeunes femmes consentantes et inventives, mais rien que d'imaginer Camille à leur place me donnait des envies de meurtre. Stan marqua un temps d'arrêt. Il avait toujours cru que mon frère était gay, ne l'ayant jamais vu avec une fille. Il avait facilement fait le raccourci et disait souvent en se moquant que j'étais le dernier espoir Keys, le seul qui pouvait maintenir notre lignée. À presque trente ans, je n'étais pas encore prêt à offrir ce cadeau à mon père.

— Et où est ton frère ? demanda Damon, le cherchant du regard.

Gabriel, malgré la présence de Camille, ne changeait en aucune manière ses habitudes. À cette heure-là, il devait être au golf. Si j'avais été à sa place, je n'aurais pour rien au monde quitté mes draps de tout le week-end, m'abreuvant sans fin du corps somptueux de cette muse à la peau velouté, au parfum enivrant. Je haussai les épaules pour faire comprendre à mon pote que je n'en avais strictement rien à faire de savoir où était mon frangin. Tant qu'il n'était pas là à la toucher, mais ça, je me gardai bien de lui dire.

— Le bateau nous attend sur la plage, informa Stan. Ça va te détendre, mon frère. Je te trouve un peu nerveux. Apporte ta guitare ! Je nous ai trouvé deux beautés pour nous accompagner et Pedro va nous préparer ses bananes flambées au rhum pour le déjeuner.

— Qui peut résister aux bananes flambées au rhum de Pedro ? Je prends mes affaires et j'arrive. Camille, tu nous suis ?

— Je ne sais pas trop. Ce serait mieux que j'attende Gabriel. Il ne va plus trop tarder.

Un éclat de rire collectif fusa. Gabriel ne reviendrait qu'en fin d'après-midi. Nous n'allions pas la laisser seule alors qu'un paradis l'attendait. Elle hésita. Afin de totalement la persuader, je m'approchai d'elle et posai ma main sur son cou dénudé pour l'attirer à moi. Elle sentait divinement bon. Approchant mes lèvres de son oreille, je lui vantai les bonheurs du dessert qui nous attendait. Je lui mettais l'eau à la bouche, moi qui étais assoiffé d'elle. Elle me sourit mais ne céda pas. Connaissant sa passion, je lui proposai de lui apprendre la danse locale. Elle accepta enfin de nous accompagner. Je prolongeai un instant notre contact. Sa peau frissonnante était douce. Elle était faite pour que je l'aime. Un jour, mes doigts pianoteraient sur son corps afin d'entendre le plus beau des sons. Le savait-elle ? Damon se racla la gorge rompant notre bulle. Je vis Stan, confus, admirer ses pieds. Je la relâchai à regret, non sans avoir croisé le regard de Camille posé sur mes lèvres. Nous étions unis par les mêmes pensées.

Dès qu'elle nous quitta pour récupérer ses affaires de plage, les reproches jusque-là silencieux, fusèrent.

— C'était quoi ça ? s'écria Stan.

ObsessionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant