Chapitre16 : Dangerous Women

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Raphaël

Jouant avec mon verre de Whiskey, affalé sur ma chaise, je ne cessais de ruminer. Je n'aurais pas dû la laisser partir. Tout ce blanc autour de moi m'écœurait. Stan, batifolant avec les deux Stéfies, me dégoûtait. Je m'étais juré de ne pas être à ce foutu anniversaire, à cette réunion du bonheur obligatoire. Or, à cet instant, mon cul se trouvait bien sur cette chaise de merde, accompagné par une des potiches de mon pote. Nullissime ! Hormis, Mathilde, ma harpie de sœur et voisine de table qui pouvait se pointer seule, Aron refusant d'accepter l'homosexualité de sa fille tel le grand con qu'il est, les convives devaient être tous en couple. Il ne fallait pas déséquilibrer ces putains de tables. Il ne manquait plus que Camille à cette comédie de la famille américaine parfaite. Je doutais cependant qu'elle arriverait à calmer ma furieuse envie de me barrer. Elle l'exciterait plutôt.

Gabriel piaffait en face de moi. Le retard de sa petite femme ne passait pas inaperçu pour l'ensemble de sa cour de lèche-culs, d'autant plus qu'il l'avait placée à gauche de Dieu notre père. Que faisait-elle ? Je commençais à imaginer la rejoindre dans le pavillon et l'embarquer sur mon épaule, direction le bateau. J'échafaudais dans mon esprit tordu un kidnapping pour cette déesse qui me faisait faire n'importe quoi.

Indifférents à cela, Stan et Damon monopolisaient la conversation sous les yeux bienveillants de Maria, maman et épouse adorable. Mon regard erra sur cette femme douce. Qu'est-ce que ma mère me manquait ! Avec elle, aucun jugement, beaucoup d'amour et d'humour. Comment avait-elle pu épouser un homme aussi froid et égocentrique ?

J'avalai une gorgée du liquide réconfortant. Mes yeux croisèrent ceux de Gabriel. Mon poing me démangeait. S'il la touchait ce soir, je lui défoncerais sa gueule de premier de la classe, frère ou pas frère. Ma patience avait des limites. Avec cette louve, elles étaient vite atteintes.

Demain, Camille serait à moi. Cette femme me rendait cinglé. Deux jours avant, je ne la connaissais pas. Elle était pire qu'une dose de cocaïne. C'était ma drogue, ma « cam ». Même s'il ne le savait pas encore, la nuit dernière il avait perdu tous ses droits sur elle. Elle était devenue mon essentiel.

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Gabriel

Après avoir vu le corps meurtrie de Camille, j'avais dû mal à me contenir. Il était devant moi, chemise négligemment entre-ouverte, jouant au mec cool. Il l'avait mordue. Quel mec pouvait mordre une femme. Il y avait aussi des traces de doigts. Ce salaud aurait pu l'étrangler si l'envie lui en aurait prise. C'était un sadique, un grand malade.

Si je n'avais pas eu tant besoin de lui, je lui aurais expliqué comment respecter les femmes. Je n'avais pas vraiment été réglo avec elle, l'avais moi-aussi un peu malmenée mais je ne l'avais pas torturée. Heureusement que maman n'était plus là pour découvrir la face cachée de son petit ange. Levant la tête, je le voyais me fixer du regard. Il me défiait. Il savait qu'il ne risquerait rien. Trop de public autour de nous. Mais bon sang, il avait baisé ma copine. Certes, fausse copine mais cela il ne le savait pas. C'était une déclaration de guerre que ce taré m'avait faite.

Je ne cillais pas et soutenais son attaque. Je devais au moins ça à Camille. Elle était en retard. Viendrait-elle ? Avait-elle été plus bouleversée que je ne l'avais pensé ? Était-ce à cause de lui ? Avait-elle peur de croiser son chemin ? J'aurais dû repasser la voir après avoir été à l'hôtel Casa Del Compo chercher nos invités. Je n'y connaissais rien en psychologie féminine. Elle me semblait assez forte pour supporter cette situation. L'avais je surestimée ?

Sasha, mon assistante, me le reprochait assez souvent. Je manquais de savoir-vivre selon elle et d'écoute . D'ailleurs, pourquoi mon assistante ne m'avait-t-elle pas appelé pour me demander si tout se déroulait bien ? Peut-être parce que nous étions le week-end et qu'elle avait une vie en dehors du travail. Avait-elle un homme dans sa vie, voir même plusieurs ? Les femmes étaient devenues tellement libérées. Je ne lui avais jamais demandé. Elle finissait toujours très tard. J'en déduisais que personne ne l'attendait mais ce soir, je doutais. Trois ans de collaboration et je ne connaissais rien de mon assistante. Prenait-elle son café avec ou sans sucre ? Préférait-elle les beignets ou les croissants ? Des croissants, ça c'était très français, comme ma belle Camille qui se faisait attendre. Je divaguais à nouveau sur ma charmante collaboratrice. Hier matin, ses cheveux étaient plus sombres, plus brillants, sa bouche bien dessinée plus éloquente. J'avais failli céder et l'amener dans l'antre des Keys. Mais ce que j'avais prévu pour Camille, je n'aurais pas pu le demander à ma petite portoricaine. Ce n'était pas digne d'elle. Elle valait mieux. Elle m'était bien trop précieuse pour l'utiliser en pion facilement sacrifiable. Avait-elle mal pris mon refus ? Mais pourquoi n'appelait-elle pas ? Juste pour savoir si j'avais besoin de quelque chose. Cela se faisait d'appeler son patron. Tous les bons employés le faisaient. Hormis un homme dans sa vie, je ne voyais pas pourquoi elle avait oublié de contacter son boss. Elle me connaissait mieux que toutes les personnes présentes ce soir : ma famille, des amis proches et des businessmans. S'en était presque pathétique.

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