Chapitre 41 : Saint Amour

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Camille

La douce voix de ma mère, éméchée et énervée, continue sa tirade.

- Tu me touches encore une fois et je t'attache toute la journée à un piquet en plein soleil, abruti de chien. Mais tu ne comprends rien à rien, sale corniaud. Laisse-moi tranquille, tête de bœuf ! Papa, rappelle ton clébard. Il fait rien que de m'embêter, se plaint-elle.

Tout en soupirant, je me lève et vais rejoindre "l'amie des bêtes". Ma mère est allongée par terre avec Boss. Il lui lèche tour à tour le visage, les mains et le ventre. Le chien est ravi de la voir et la couve de bave. Raphaël est hilare.

Je rappelle mon fidèle gardien canin. Il m'obéit aussitôt et vient se placer à ma gauche.

- Et toi, dit ma mère en essayant de se rendre présentable tout en arrachant quelques toiles d'araignées de son chignon style tour de Pise. Je ne te permets pas de te moquer de moi, s'énerve-t-elle contre mon amant.

Ma mère se lève et, titubant, essaie d'impressionner mon compagnon lui jetant un regard de tueuse pathétique. Se stabilisant difficilement sur ses deux jambes, elle tente une mise au point en fronçant ses yeux noyés d'alcool sur mon homme. Son visage s'illumine soudain.

- Ah, oui ! Pas mal, ma fille, s'exclame-t-elle en croisant ses bras sous sa poitrine.

J'hallucine. Sans aucune gêne, elle admire le pénis de Raphaël. Je prends vite une serviette et entoure la taille de mon roi avec. Elle hausse les épaules de dépit.

- Tu pourrais quand même penser à ta vieille mère. Plus jamais, hurle-t-elle, je n'en reverrai de ma vie.

- Maman ! m'écrié-je, dégoûtée d'entendre ses propos et que Raphaël en soit témoin.

- Va ! Arrête de faire ta petite femme choquée, mon joli hippopotame ! Un jour, toi aussi, tu seras vieille et tu ne plairas à personne, à plus personne, répète-t-elle plus fort. Les hommes te promettent beaucoup. Ce sont des mots en l'air, en l'air, insiste-t-elle en criant sur le mur le prenant pour une personne.

Ah, les chagrins d'amour de Céleste ! Quel est l'heureux élu qui a su faire saigner son cœur de pierre ? Et surtout, comment s'est-elle retrouvée pleine de poussières et de toiles d'araignées au beau milieu de ma salle de bain ?

- Que fais-tu ici ? La coupé-je.

- Bah, quelle question stupide ! Je me suis trompée de sortie. Et on dit que c'est toi la plus intelligente de nous deux, dit elle en inclinant sa tête de gauche à droite.

Et sous mes yeux étonnés, elle déplace une statue de Nymphe et le mur pivote laissant entrevoir un couloir sombre. Elle éclate de rire en me voyant stupéfaite.

- Lucas et toi n'avaient jamais trouvé ces passages secrets, se moque-t-elle. Vous êtes vraiment des enfants bien trop sages. Aucune folie dans vos vies. Vous êtes d'un ennui profond à croire que vous n'êtes pas de moi. Vous avez hérité tout de votre cher père, dit elle en grimaçant sur le dernier mot. Je suis sûre que tu n'as jamais fait le mur, jamais fait semblant d'être malade et non visible pour cuver tranquillement.

- Désolée de te décevoir, m'excusé-je sans le penser.

- Et vous le beau gosse, faites-moi rêver ! Avouez que vous avez joué au Bad boy ! dit-elle avec cette moue boudeuse et séductrice que je déteste.

Mon grognement empêche Raphaël de répondre à la question. Ma mère ivre l'amuse beaucoup trop à mon goût. Cette dernière, gonflant ses joues, agite sa main devant son visage pour indiquer à mon compagnon que je ne suis qu'une rabat-joie, qu'il ne doit pas s'amuser tous les jours. Elle s'engouffre dans le passage en oubliant de le refermer. J'hurle sur elle.

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