Chapitre 29 : KING FOR A QUEEN

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Lucas

Elle pose un casque sur mes oreilles et j'entends de la musique s'échapper des écouteurs. Mon esprit n'est pas étonné d'entendre un son puissant. Je sais que c'est ce qu'elle aime. Le rythme est violent, rapide, mais bizarrement, il m'apaise car cela vient d'elle. Je sens son corps contre le mien. Sa main tient la mienne. Son souffle est calme et régulier.

Je ne sais pas quelle heure il est. Je ne ressens plus la chaleur du soleil sur moi et derrière mes paupières, il fait sombre. Parfois, j'ai l'impression qu'elle passe des heures allongée contre moi, partageant mon lit, mais je ne me sens jamais à l'étroit. J'ai de plus en plus conscience de sa présence et j'essaie d'ouvrir les yeux. Ils ne sont pas encore prêts à m'obéir. Je sais pourtant que c'est pour bientôt. Je ressens des pics dans tout mon corps. J'entends aussi d'autres sons et le bip bip régulier d'un appareil à mes côtés.

Un jour, elle m'a mis des écouteurs et j'ai entendu la voix d'une femme. Cette voix me plaît. J'aurais aimé la garder plus longtemps au creux de mon oreille. Elle me parlait doucement, gentiment. Malgré le monologue, elle faisait semblant que je lui répondais. Grâce à elle, j'ai appris que l'ange à côté de moi s'appelle Alexia. J'aime ce prénom.

Alexia est étendue contre moi. Elle ne bouge plus. Elle s'est endormie. La playlist est terminée et c'est sa douce respiration qui berce le silence. J'essaie de remuer mes doigts. Elle sursaute. Je la sens se figer et l'entend murmurer qu'elle doit rêver.

Elle me retire le casque, dépose un baiser sur ma joue fraîchement rasée par ses soins et quitte ma chambre. Non, elle n'a pas rêvé. Pour la première fois, je suis arrivé à donner un ordre à mon corps. Il a bougé de manière infime mais il a bougé. Maintenant, je suis exténué. Je veux qu'elle reste mais je suis incapable de l'appeler. Je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine. La machine à ma droite lui fait écho. Les bips s'accélèrent. Bientôt, je serai capable de bien plus. Je m'en fais la promesse.

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Raphaël

Nous débarquons à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaule, situé à Paris. En France, l'aube nous accueille. Depuis quelques jours, je redécouvre le monde. C'est bruyant, parfois malodorant, mais comme l'homme n'est pas fait pour vivre seul, j'aime malgré tout cette agitation.

Je regarde les visages qui m'entourent : fatigue, joie, appréhension, colère. Gab et moi récupérons nos bagages. À la sortie du terminal, je vois des personnes guetter les arrivants, des yeux qui se cherchent, se trouvent et se réunissent. Une femme de mon âge court en criant de joie et rejoint les bras de sa mère, oubliant le monde qui l'entoure. Un homme au visage chiffonné , aux vêtements froissés, se présente devant un chauffeur qui lui porte poliment ses valises. Il est exténué.

Quant à nous, nous quittons l'aéroport dans une Audi. Gaby salue le chauffeur et lui demande des nouvelles de Madame. Les réponses ne lui conviennent visiblement pas. Vu la possessivité qui transpire dans la voix de mon grand frère, je suppose que madame n'est autre que sa précieuse copine. Son amie a été tous les jours au travail alors qu'il lui avait interdit de quitter son domicile. Il faudra que je lui parle des dangers liés à la possessivité quand nous serons seuls.

Nous traversons un porche immense et la voiture se gare dans une cour intérieure pavée. Aligné en face de nous, du personnel de maison nous accueille. Sans les saluer, il interpelle une femme et à nouveau, réclame un débriefing sur les faits et gestes de sa compagne. Combien d'espions sont à sa solde ? Il va la faire fuir. Le compte-rendu semble mieux lui convenir. Madame n'a sauté aucun repas. Elle a pris ses vitamines. Je n'y crois pas. Il est en train de l'infantiliser. Nous montons au deuxième étage et m'indique une porte. Il me fait signe d'y aller seul. Il doit gérer une affaire urgente. Je suppose qu'il va la retrouver.

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