Chapitre 12 : Jeu de dupe

378 65 172
                                    

Camille

Gabriel m'avait quittée pour aller présenter mes excuses. Excuses sincères et désintéressées. Quel homme pathétique ! Autant dire qu'avec mon caractère bien trempé, il n'avait pas souhaité que je l'accompagne. Après son départ, j'avais repris une seconde douche pour effacer les traces de ma dernière bataille avec mon pseudo-patron. Une larme glissa sur ma joue pour atterrir sur mes lèvres, laissant un goût salé dans ma bouche. Je l'effaçai avec rage. Mon âme avait été écorchée d'en être arrivée à cette extrémité-là. Je repensai aux paroles de Raphaël : Tu devrais te protéger plus. Je me renfrognai. 

Malgré ses conseils, je m'occuperai des dommages collatéraux plus tard. Mettant mon Kimono de soie blanc, les cheveux enroulés dans une serviette, je partis chercher une boisson un peu plus forte que l'eau offerte par Gabriel. J'avais besoin d'un remontant. 

Ma réaction était pathétique. Je devrais plutôt enfiler mes running mais le temps me manquait. Il aurait fallu courir bien plus d'une demi-heure pour me vider de toutes ces mauvaises ondes. Du fait de ma tolérance limitée à l'alcool, une bière suffirait à engourdir mon esprit. Alors que je cherchais le breuvage consolateur, dans mon dos, j'entendis la porte du pavillon s'ouvrir. 

Ne souhaitant pas affronter tout de suite le regard de Gabriel, j'ignorai sa présence. Je sentis le souffle d'un corps qui se rapprochait et deux mains me saisirent. Ce contact ferme et chaud n'était pas celui de mon patron. Cette personne bien plus grande dégageait une aura réconfortante.

— Alors belle-sœur, tu t'es fait gronder d'avoir été aussi méchante avec El Toro ?

Son ton taquin et ses yeux espiègles eurent un effet apaisant, bien meilleur que tous les alcools existants sur terre. Me contournant sans me quitter du regard, il attrapa deux bières, les ouvrit et m'en tendit une. Dès que sa main fut libre, il tira sur la serviette et libéra ma chevelure humide qui tomba en cascade sur mes épaules.

— Je n'ai jamais aimé les fichus. Ça fait grands-mères grecques. Par contre, sexy ton kimono ! J'aimerais bien admirer ce que tu caches en dessous.

Je levai les yeux au ciel. Les hommes et leur deuxième cerveau. Cependant, je me sentais bizarrement flattée de sa curiosité.

— Plus sérieusement, il ne faut pas te laisser faire par les Men in Black.

— Men in Black ?

— C'est le petit nom doux que j'ai trouvé pour ces personnes qui me font office de famille. Austères, sévères, et toujours en noir.

Il but une gorgée de sa bière et m'observa franchement. Clairement, il voulait savoir dans quel clan je me situais. Allais-je défendre Gabriel comme l'amoureuse que je n'étais pas ? 

Ce matin, je l'aurais fait sans hésiter afin de maintenir ma couverture. Mais c'était ce matin. Un sourire se dessina sur mes lèvres lui ôtant ses derniers doutes. Sans aucune ambiguïté afin que je puisse refuser, il s'approcha de moi. Son regard brulant provoqua un frisson agréable sur ma peau. Il avait cessé de jouer. Il déposa sa bière et la mienne sur l'îlot central de la cuisine. Ses deux mains sur mes hanches, sans difficulté, il me souleva et me déposa dessus. Ses bras musclés et bronzés de part et d'autre de mon corps devenu hypersensible par sa présence, je cessai de respirer attendant ses lèvres. Mes jambes prêtes à lui entourer la taille, mon cerveau s'était déconnecté. J'avais oublié l'endroit et les raisons de ma présence. Nos fronts en contact, son souffle caressait le feu que lui-seul savait provoquer sur mon corps.

— Si je ne te connaissais pas si bien, je jurerais que tu allais embrasser ma copine.

🌹

Gabriel

ObsessionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant