Chapitre 18 : Piégés

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Camille- Dernier dimanche de janvier.

Deux jours sans pouvoir courir, se retrouver avec soi-même, j'étais en manque.

Depuis une demi-heure, je me défoulais pour évacuer tous les excès de la soirée. La nuit avait été courte mais très bénéfique, tout était en place pour mon dernier coup. Les yeux rivés sur la mer, je m'étirais sur la terrasse de la piscine. Après la fête d'hier, le domaine était plongé dans une douce torpeur.

Agrippant souplement mes chevilles, je vis, à l'envers, Alexia descendre les marches de la demeure Keys. La jeune danseuse s'arrêta un instant. La brune aux yeux bleus me fit un signe de la tête. Me redressant, je lui souris. Quand je fis demi-tour, elle avait déjà disparu. Je me dirigeai vers le pavillon.

En traversant la chambre, je contemplai Gabriel et Raphaël qui dormaient ensemble, oubliant leur rancœur. Gabriel était assoupi sur le dos, les cheveux bruns ébouriffés. Son frère, sur le ventre en position d'étoile de mer, avait jeté un de ses bras tatoués sur lui. Ses boucles blondes lui cachaient le visage. La pièce sentait les effluves de l'alcool. Avec mon portable, j'immortalisai ce moment de paix. Ils étaient adorables.

Au moment de se coucher, Raphaël avait refusé que je reste avec Gabriel. Les deux hommes avaient joué le lit au flipper sous les rires de Stan et moi-même, bien que j'avais plutôt l'impression que c'était moi qui étais la récompense de leur jeu de petits coqs. Les deux Stéfies avaient fait les pompom Girls.

Raphaël avait perdu mais, mauvais joueur, il avait envahi le lit. Gabriel avait tenté une défense mais ayant trop bu, il était tombé sur les fesses.

— Blessé de guerre ! avait-il crié à plusieurs reprises.

Finalement, j'avais couché les deux hommes côte à côte. Raphaël avait bien tenté de me dire qu'il y avait de la place pour trois dans cet immense lit. J'avais refusé son invitation. Ses intentions étaient bien loin d'être honnêtes.

Au deuxième étage de la maison, j'avais trouvé facilement la chambre de Raphaël, une chambre d'artiste où sa guitare trônait en maîtresse reine dans cet univers. Après avoir mis sur mon poignet le parfum de mon homme, je m'étais endormie malgré les soupirs et les cris de plaisir de Mathilde et d'Alexia, de l'autre côté du mur. Avoir une si belle maison et aucune insonorisation digne de son nom, quel dommage !

Après m'être douchée, et avec l'aide de James, le majordome, je préparai un petit déjeuner aux frères Keys. Je m'introduisis à nouveau dans la chambre, déposant les deux cafés fumants sur la table de chevet. Il était dix heures. J'ouvris les rideaux, puis les fenêtres, sous les grognements des deux mâles.

Profitant de la vue, je caressai du regard les torses nus des deux hommes qui se cachaient les yeux. Ils étaient beaux mais chacun de manière différente, et c'est bien mon petit prince aux boucles dorées que je préférais. Ce petit prince à qui j'allais bientôt dire adieu.

— Allez les enfants ! dis-je en jouant à la maman tout en frappant des mains. Il est temps de se réveiller. Il ne faudrait pas être en retard. Papa ne serait pas content. Il aime la ponctualité et vous êtes de bons enfants. Vous ne voulez pas que Papa se mette en colère.

— Camille, ferme-moi ces putains de rideaux ! J'ai la tête qui va exploser, tonna Gabriel.

— Fallait pas boire autant, mon chéri. Faut pas jouer au grand quand on ne supporte que le lait-fraise, dis-je en m'asseyant à ses côtés sur le matelas.

— Petite peste, dit-il en me jetant son oreiller que j'évitai facilement. Et pourquoi mon frère est dans mon lit ?

— Parce que c'est mon pavillon, mon lit, répondit l'intéressé.

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