Chapitre 15: Manipulations

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Camille

Il était dix-sept heures lorsque je mis pied à terre. Les Stéfies, contre toutes mes attentes, m'avaient proposé de l'aide pour reprendre une apparence moins saut du lit. Elles m'avaient prêté des vêtements. Certes, ils étaient un peu trop sexy : une mini-jupe noire en simili cuir et un haut en strass rose. Heureusement pour moi, les tropéziennes furent retrouvées in extremis, m'évitant des talons aiguilles vulgaires. Les filles avaient tenté de cacher avec du maquillage les morsures et les suçons sous l'œil amusé de Raphaël. Quoique les Stéfies fassent, il savait que son frère les verrait. Il avait tout fait pour et s'en félicitait à voix haute. Un vrai panneau « Propriété privée » avait souligné Stan sous mon regard courroucé qui eut pour seul mérite de le faire rire.

Peu avant notre arrivée et encore loin de la propriété, Raphaël m'avait pris à part et m'avait fait promettre, dans un baiser passionné, de ne plus embrasser Gabriel et de ne plus me donner à son frère. J'étais à lui comme il était à moi. Il ne partageait pas. Son côté possessif, étrangement, ne me dérangeait pas. A regret, je le quittai.

J'espérais passer inaperçue mais de nombreuses personnes fourmillaient déjà sur la plage, théâtre des futures festivités. Une allée en bois, délimitée par des torches prêtes à être enflammées, conduisait de la demeure jusqu'à un porche éphémère orné d'orchidées blanches. Puis, elle se divisait en chemins menant à chaque table de convives. Tissus, voiles, tout était blanc, jusqu'à la tenue des serveurs qui s'affairaient autour de moi, jurant avec mon top girly. Des arbustes avaient été disséminés de ci de là, apportant ainsi quelques touches de verdure rafraîchissante.

De loin, Gabriel, en chef d'orchestre, dirigeait le ballet du personnel avec les chefs de rang. Je souhaitais m'éclipser discrètement avant qu'il ne me remarque. Trop tard, il me héla comme on interpelle un enfant pris en faute. En tenue de Bimbo pas du tout assumée, je traversai toute la réception suscitant murmures et silences gênés de la part de parfaits inconnus.

— Où étais-tu ?

Son ton sec démontrait qu'il se retenait de me crier dessus, conscient de tous les regards tournés vers nous.

— Fais-moi le plaisir de retirer cette tenue !

Pas de bonjour, pas de « Je me suis inquiété. Je n'ai pas dormi de la nuit. »

Par défi, je commençai à retirer mon haut, mais il me bloqua le bras avant que je ne puisse dénuder ma poitrine. J'en étais ravie car mon bonnet D n'avait pu entrer dans aucun des soutiens-gorges des filles. Je ne portais rien en dessous.

— Mais ça ne va pas ! Pas ici !

Il m'empoigna le bras et me traîna jusqu'au pavillon. Était-ce une habitude familiale des Keys de me forcer à les suivre ? Cependant, aujourd'hui, la chance me souriait. Je ne croisai ni le regard sadique d'Aron ni l'air peiné de Damon.

— À quoi joues-tu ? cria Gabriel après avoir claqué la porte.

Une sale habitude qu'il avait prise aussi avec moi, celle de crier. Cette fois-ci, je ne tremblais plus. Mon jeu était enfin complet. J'avais obtenu la dernière pièce maitresse.

— J'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène, ironisai-je lui faisant perdre les dernières miettes de contrôle.

— Tu es virée.

Mon sourire s'élargit.

— Parfait ! Je vais pouvoir rejoindre Raphaël. Il a de grands projets pour nous. Nous devions attendre mais nous allons finalement partir tout de suite. Tu seras enfin délivré de ta déplorable petite amie. Ah non ! m'exclamai-je en mettant mon index sur mes lèvres en signe de réflexion intense. Tu voulais qu'il soit là pour signer l'acte de vente de l'entreprise. Eh bien, vous reporterez. Ce n'est pas si important. À moins qu'il ne refuse de signer car je me serais amusée à lui raconter pourquoi tu m'as fait venir. Je doute qu'il apprécie d'avoir été manipulé par son propre frère.

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