chapitre 32- La dame Blanche ( 2/2)

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Raphaël

Allongée sur le canapé, elle est dos contre mon torse nu, et mon cœur bat au rythme de ses rires et paroles. Mes bras l'entourent et ses cheveux d'or me caressent le cou. Elle est si belle, presque irréelle. Mes jambes sont contre les siennes. Nous sommes enlacés, emmêlés l'un à l'autre. Sa proximité m'est nécessaire. Elle a enfilé une nuisette en satin blanc. Ma main glisse dessus et s'arrête sur le petit arrondi de son ventre. Elle soupire d'aise et ses doigts s'arriment aux miens.

Avec beaucoup de pudeur, elle me parle de son frère, de la raison qui l'a poussée à venir à l'anniversaire de mon père. Elle m'avoue, sans oser me regarder que j'étais son talon d'Achille. Très souvent, elle rêvait du catamaran. Elle s'imaginait son probable avenir si elle m'avait rejoint.

- Avec des Si, on refait le monde, ma Louve, la rassuré-je en lui embrassant la tempe.

- Ma Louve ? s'étonne-t-elle.

- Mon père dit que tu as la beauté d'une rose noire car tu es belle et unique. Mais pour lui, tu es bien une louve.

Elle ne répond pas tout de suite. Certainement étonnée que, malgré le contexte, mon paternel ne la hait pas. En pensant à lui, elle se crispe. Elle, elle n'a pas encore pardonné. J'espère que quand notre enfant sera parmi nous, elle comprendra son choix. Je m'applique à lui masser ses épaules. Aussitôt, les nuages disparaissent au-dessus de nous.

Amusé, j'observe les cadeaux particuliers qui se trouvent sur la table du salon et en prends un au hasard.

- Les bleus, c'est le fromage ; et les rouges, la charcuterie, m'informe-t-elle très fière.

- Sasha te fait des cadeaux bizarres, commenté-je.

- Bizarres ? Essentiels à ma survie, souligne-t-elle. Tu ne connais pas ton frère. Il régente tout et profite de ma grossesse pour répandre son pouvoir sur moi. Il a des alliés puissants...

- Tu parles comme si c'était la guerre, la coupé-je amusé.

- Me priver de fromages et de charcuterie est un acte de guerre. Je me dois de riposter, de former ma propre résistance. Et toi, d'office, tu fais partie de mes troupes.

- Et cela consiste en quoi de faire partie de ton camp ?

- Tu dois me préparer une raclette, affirme-t-elle sur un ton enfantin.

Je fronce les sourcils. Je ne sais pas ce qu'elle veut. Face à mon silence, elle reprend.

- Mon roi, tu n'as jamais mangé de raclette ? S'étonne-t-elle.

- Non. Mais ce petit surnom te vaudra l'exécution de tous tes désirs, ma jolie reine, dis-je en lui déposant un baiser sur l'épaule et plein d'autres dans son cou.

Elle me fait maintenant face. Je prends son visage en coupe avec ma main et l'embrasse lentement dégustant sa bouche si douce. Nos langues composent une danse sensuelle et unique. Elle râle, gémit et ondule. Mon corps lui répond plus vite que mon esprit. Son pouvoir sur moi est immense, et j'adore ça. C'est un doux supplice.

- Petite démone, soupiré-je.

- Obsédé, répond-elle avant de me mordre doucement ma lèvre inférieure.

Son baiser se prolonge et devient conquérant. Comment vais-je tenir autant de mois si elle n'arrête pas de me titiller ?

Sur la table basse, son téléphone sonne. Nous ne l'entendons pas tout de suite, et quand enfin la sonnerie s'immisce dans ma tête, je reconnais une chanson de Korn : « Twisted transistor ». Chanson inattendue dans cet appartement Haussmannien. Je ne savais pas que Camille en était fan. À regret, elle quitte mon étreinte.

- C'est Alexia, dit-elle reconnaissant la mélodie. Elle ne m'appelle jamais. C'est sûrement important. J'en ai pour une minute. Je reviens.

Elle me dépose un dernier baiser sur mes lèvres et s'enferme dans sa chambre, me laissant avec un véritable festin en face de moi : baguette française, beurre, cornichon et ces fameux fromages et charcuteries corses. L'appétit vient en mangeant ; le mien s'invite juste d'un regard. Elle a même prévu du vin Delalande, petit clin d'œil à son vrai nom de famille.

Elle tarde à revenir. Quand je me suis rassasié, je me décide à la rejoindre. Elle n'est pas dans la chambre. Dans la salle de bain, je la découvre, habillée en tailleur noir. Une jupe cigare descend jusqu'en dessous de ses genoux. Son chemisier en soie sombre remonte sur son cou, cachant la partie dédiée à mes lèvres depuis quelques heures. Elle maquille ses beaux yeux lumineux d'un noir profond, effaçant leur douceur. J'ai du mal à reconnaître la personne devant moi. Un chignon strict capture ses cheveux d'or. Des roses noires ornent les lobes de ses oreilles et une bague imposante en forme de chevalière sertit sa fine main. Où est ma louve ?

Elle finit de mettre son rouge à lèvres et son regard froid, sans émotion, me scrute.

-Je pars, annonce-t-elle sans aucune fioriture.

Ses mots me glacent le sang. Sa dualité m'effraie. Aron a tort. La rose noire existe et elle se tient devant moi. Cette femme est baignée de violence, de haine et de colère. Le soleil a quitté son corps. La nuit l'a recouverte. À mes côtés, ma louve a toujours fait preuve de douceur et de sensualité. J'en découvre une autre. Elle ne me plaît pas. D'un regard, je vois tout ce qu'elle ne me dit pas. Sa guerre n'est pas finie. Le pardon est encore loin pour elle.

- Ta sœur a tenté d'assassiner mon frère, m'annonce-t-elle brutalement.

Je ne comprends pas, ou ne veux pas la croire. Elle me jette cette vérité, me jauge, me juge. Elle n'a pas confiance en moi. Elle veut cueillir mes premières réactions, celles que nous ne pouvons pas cacher : le choc, la surprise, la colère... Elle enfonce ses épines pour savoir si je vais saigner ou si je vais m'en foutre de leur histoire ou pire.... si je suis déjà au courant.

La réponse semble lui convenir car elle continue sur le même ton.

- Tu as une minute pour t'habiller, menace-t-elle.

- Sinon...

Je n'ai jamais aimé les menaces voilées , les chantages affectifs, le terrorisme des sentiments. Ses talons claquent sur le carrelage, promesse de sentences. Elle s'approche à mon niveau et sans ciller m'explique ses conditions.

- Être dans mon camp, n'implique pas que de me faire une raclette au mois de juin, m'informe-t-elle . Choisis, mais choisis vite ! Être mon Roi ou son Fou ! Fuir ou rester ! Ne te trompe pas Raphaël ! La vie ne nous apportera pas toujours de seconde chance.

Au bout de quelques heures ensemble, je sens se pointer notre première dispute. Mais, ne me laissant pas le temps de répondre, elle quitte la pièce. Qui fuit maintenant ? La porte d'entrée claque.

Encore une fois, elle est partie.

🌹

Camille a montré un nouveau visage à Raphaël. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'elle redevienne la boss. Cela me rappelle quelqu'un. 😎

J'espère que ce chapitre vous a plu. Je laisse Raphaël à ses réflexions.

 Je laisse Raphaël à  ses réflexions

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