Fin de la première partie d'échec🌹

319 56 94
                                    

Camille- 2 mois plus tard.

Deux mois, deux mois qu'Aron ne m'a pas appelée, ne m'a pas répondu. Mes ongles rongés, mon estomac noué, je ne cesse d'analyser les chiffres, les tableaux, les courbes sur mon écran. Depuis que je suis devenue la présidente du groupe DSH-Keys, je ne fais que ça.

Mes pensées reviennent sur El Toro. Il a donc préféré Mathilde à Gabriel, abandonné son entreprise, son fils pour sa fille. Je pensais qu'il ne l'aimait pas, du moins m'en étais-je convaincue.

À notre dernière soirée, n'avait-il pas proclamé Gabriel son héritier ? Son œil brillait. Il était rempli de fierté patriarcale. N'avait-il pas ignoré sa fille tout au long du repas ?

Gabriel, quel héritier modèle ! Depuis ce fameux dimanche, il se morfond dans une chambre d'hôtel de l'autre côté de l'Atlantique, chambre d'hôtel que la compagnie DSH-Keys, c'est à dire moi-même, continue de lui payer gracieusement, chambre d'hôtel où il se terre depuis des semaines.

Je n'avais pas eu vraiment à cœur de lui retirer tous ses privilèges comme j'en avais informé Aron. Il faut dire que sa chute fut haute. Son père ne l'avait pas averti des sentences immédiates de ma prise de pouvoir. Il était venu le lundi matin au siège du groupe Keys, pensant pouvoir trouver une solution à mon attaque.

L'accès lui avait été évidement refusé. La seule qui aurait pu lui venir en aide, Sasha, sa belle assistante, n'était déjà plus dans les locaux. Sous mes ordres, Philippe l'avait mutée avec effet immédiat au bureau DSH de Paris. Privé de son entreprise et de son employée la plus fidèle, l'héritier n'était plus que l'ombre de lui-même.

Jusqu'ici, tout lui avait réussi ; contrairement à Mathilde qui n'avait pas su briller auprès de son père, ni de personne d'autre d'ailleurs. Étude moyenne, résultat moyen, Aron avait sauvé les meubles en la recrutant au service juridique section Europe.

Pour être honnête, je suis sincèrement déçue de Gaby. Je pensais que nous étions faits du même bois. Au premier échec, il s'apitoie. Navrant ! Indigne !

Aron m'avait lui-aussi surprise mais je devais continuer malgré tout. Je suis plus que consciente que gérer ce groupe est un peu trop important pour moi. Dans ma stratégie, cela ne devait être que temporaire. J'aurais transféré les parts à Gabriel après avoir obtenu ma vengeance. Il aurait récupéré son entreprise. Mais Mathilde était toujours libre de ses mouvements. Mon plan avait failli. D'un groupe européen, je gère maintenant un groupe mondial et la marche est haute même pour moi, la plus douée des Saint Honoré comme chacun aime à le souligner.

Aujourd'hui, rien n'est simple. Les américains étaient très fiers d'appartenir au groupe Keys et le fait d'avoir été vendus à une société française les avaient rendus aigris. Ici, les français n'avaient pas bien accepté mon absence et je devais faire de nombreux déplacements pour les rassurer sur le fait que nous avions bien acquis un groupe américain, et non l'inverse. Un petit poucet qui mange un ogre, cela prête aux doutes les plus abjects.

Finalement, après avoir été apaisés, mes salariés ont peur aujourd'hui que nous ne soyons pas capables d'honorer notre échéancier de dette senior. Les représentants du personnel ne cachent plus leurs craintes et derrière moi, les critiques sur mon âge et mon manque d'expérience ne tarissent pas. Tous craignent la faillite. On me prédit d'être la génération qui allait faire chuter l'empire des DSH, empire datant de plusieurs siècles. Hors de questions !

Et si je ne devais jongler uniquement avec tout ça, je trouverais la vie douce.

Le jour de mon arrivée en France, Lucas avait été débranché. Il s'est vu privé de toutes ses machines mais on ne tue pas un authentique Delalande Saint Honoré aussi facilement.

ObsessionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant