Obsessions

Chapitre 30: le retour des Keys (2/2)

— C'est pas le mien, avoue-t-il enfin tout en gardant le regard rivé à la porte où a disparu Camille.

— A qui vas-tu faire croire que tu l'as jamais touchée ?

— Je l'ai touchée, embrassée et je lui ai même demandé de coucher avec moi. J'en suis pas fière d'ailleurs.

Puis après un soupir, il pose ses coudes sur ses genoux et passe une main dans ses cheveux qu'il ébouriffe d'un geste nerveux.

— Vous avez tout de suite formé un tout, me confie-t-il tout évitant de me regarder. Moi, je galérais à te parler, et il lui a fallu seulement une minute pour elle alors que vous étiez de parfaits inconnus.

Pas la peine de l'arrêter pour démentir, maintenant, j'ai besoin de connaître leur histoire pour savoir si la mienne était bien réelle et tant pis, pour les conséquences sur ma vie.

— La première fois que je l'ai vue, je l'imaginais déjà à mon bras. Un diamant qui brillait et rendait tout le monde fade autour d'elle. En la choisissant, Mathilde avait attisé mes péchés de convoitise et de luxure. Je pensais naïvement tout comme notre chère sœur pouvoir la contrôler et en faire mon arme. Ce n'était qu'une escort avec je l'avoue, quelques neurones supplémentaires à la moyenne. Cela me plaisait. J'étais bien naïf. J'aurais dû me méfier.

Son regard se perd dans ses souvenirs et je me plonge aussi dans les miens. Pour moi, elle s'était faite rose rouge dans sa robe de tentatrice.

— J'avais tort et au fond de moi, je savais déjà que quelque chose clochait. Quand vous êtes revenus de votre balade en catamaran, je vous ai vu enlacés. Père venait de me convoquer afin que je rappelle à l'ordre Camille. J'avais passé un sale quart d'heure et vous irradiez de bonheur, loin de mes soucis. J'étais stressé, anxieux par l'achat des parts de la société. J'ai pété un câble, une durite. J'ai eu un coup de sang. Je l'ai traitée de pute. Evidemment, elle m'a giflé, dit-il avec un sourire ténu sur les lèvres. Je me suis pas avoué vaincu et je l'ai obligée à me rejoindre dans la salle de bain pour lui rappeler son métier. J'ai compris plus tard qu'elle avait accepté pour garder sa couverture. Elle m'a fait croître qu'elle était partante jusqu'à même gémir sous mes baisers et j'ai kiffé. Mais Camille n'est pas ce genre de femme. Puis, elle s'est figée, mes couilles bien serrées dans sa main, avec un regard à givrer le soleil et m'a rappelé qu'elle n'était pas une "pute" et qu'elle ne simulerait plus pour moi, ni pour personne d'autre et elle s'est barrée. Depuis ça, je ne l'ai plus jamais approché.

Ses yeux me fixent enfin et je vois que cette confidence lui a couté. Elle a touché  à sa virilité. De mon côté, je ne suis pas prêt d'oublier comment Camille a géré la situation d'une main de maître et c'est peu de le dire.

— Alors ta nana, je l'ai touchée, embrassée. On a presque pris une douche ensemble mais je l'ai pas baisée et le seul connard qui a oublié de mettre une capote, c'est toi et la seule idiote qui a accepté, c'est elle. Mais tu souris enfin, Raphy. Mais quel miracle ! Alors c'est ça qui te tracassait ? se moque-t-il. Qu'elle me choisisse car je suis un meilleur coup que toi ? La pauvre, elle a même pas voulu tester. Si elle savait ce qu'elle rate.

Oui, je souris bêtement car maintenant, je sais. Elle a joué un jeu mais pas avec moi. Elle les a tous manipulés mais pas moi.

— Et maintenant, m'annonce-t-il, je vais mettre de la glace sur mon visage avant de ressembler à Elephantman. Et toi, tu vas la rejoindre et d'excuser pour les conneries que tu lui as dites.

Soudain, il s'arrête et inquiet, m'interpelle.

— Tu le veux ce môme ?

Mon visage doit répondre à ma place car il lève les yeux au ciel et crie Amen. J'aperçois le petit lutin l'attendre sagement et le féliciter en l'embrassant sur la bouche. Il l'attrape pour la mettre sur son épaule et leurs rires s'unissent. C'est donc elle la femme dont il m'avait parlé, sa future épouse et la mère de ses enfants. Il va bien s'amuser avec autant de caractère en une seule personne.