Chapitre 25- Te garder (1/2)

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Sasha

Je suis heureuse que Gabriel ait décidé de s'installer dans le bureau de notre présidente plutôt que de rester dans le mien. Je ne peux plus le regarder sans un pincement au cœur. Je me sens idiote, idiote d'avoir espéré et de m'être sentie revivre dans cette chambre d'hôtel de New-York.

 J'étais enfin autorisée à faire ce que je désirais depuis le début : le revoir et l'aider. Et puis, je m'étais prise à rêver durant un bref et minuscule instant. J'avais oublié que j'étais juste une messagère, un coursier, un personnage secondaire dans la vie du grand Gabriel Keys.

Je me hais de détester Camille Delalande-Saint Honoré juste parce qu'elle porte son enfant. Ils sont tous les deux, beaux, riches, et bien nés. Je ne suis qu'une gamine de bas quartier. Aucun pedigree d'excellence ! Mon biker de père était un dangereux ivrogne. Sa mort fut la meilleure chose qui me soit arrivée. La nouvelle situation, loin d'être simple pour ma mère, avait au moins eu le mérite de lui éviter les coups de mon paternel. Ma maman est un être formidable mais elle est née d'une famille pauvre d'immigrés. Je n'ai rien à proposer dans cette sphère de nantis. Je n'ai que mon courage. 

Pourquoi Gabriel m'aurait choisie ? Je dois me rendre à l'évidence, jamais je ne pourrai rivaliser avec son monde.

La tête entre mes mains, coude sur le bureau, j'ai du mal à me concentrer sur mes dossiers. Je n'ai plus l'envie de me défoncer. Qu'est-ce que cela me rapporte ? Je les enrichis et en échange ? En échange, ma belle, tu as un salaire, salaire essentiel pour ta petite famille. Tu ne peux pas cracher dessus à cause de ton égo surdimensionné. Ma garce de conscience a raison. 

Conclusion, je dois donc continuer pour ma mère et ma sœur, et oublier mon orgueil. 

Mais un dragon est un animal orgueilleux, et quand on lui vole son trésor, il devient fou. En toute honnêteté, Gabriel n'a jamais été mon trésor donc je perds la raison pour quelqu'un qui ne m'a jamais appartenu. Camille ne m'a rien volé. C'est une évidence. Mon boss mérite son happy end.

Oui, mais pendant trois ans, il n'était finalement qu'à moi. Il ne fréquentait personne d'autres et nous passions nos soirées ensemble. Oui, effectivement, vous les passiez ensemble mais à travailler, se moque une voix mesquine dans ma tête. 

Quelle différence cela fait-il ? Nous étions quand même ensemble. Puis, elle est arrivée somptueuse, magnifique. Le pire de tout est qu'après le rachat des entreprises Keys, elle a procédé à ma mutation en Europe et j'ai découvert son côté profondément humain. Je me hais de l'apprécier.

Dans mon cerveau, tout se brouille et j'envoie par mégarde mon dossier non abouti à mon client, et en plus, je crois que j'y ai noté mes dernières pensées. Je vérifie, mais ma boite mail me confirme avoir "réussi" l'expédition du message. Je viens de faire la pire erreur de ma vie, une belle faute professionnelle. 

Mon sang se glace. J'halète et je tente de demander la récupération du mail. Je sais que les prochaines secondes seront décisives à la réussite de cette manipulation. Mon ordinateur me la joue écran noir. Traître ! Plus moyen de trouver de solution. C'est sûr. Je suis virée. C'est impardonnable. Autant aller à l'échafaud tout de suite. Je me décide à rejoindre mon nouveau boss, mais aussi mon futur et ancien ex-boss : Gabriel Keys. Je commence à m'y perdre. Je préfère l'avertir avant d'avoir le client furax au téléphone et ma lettre de licenciement sans préavis. En négociant, j'obtiendrai peut-être quelque chose. Ton optimisme te perdra, m'assène toujours cette petite voix dans ma tête, ma pire ennemi.

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