Chapitre 9: Obsession

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Raphaël

- Penses-tu à ton frère ?

À cet instant, il n'y avait plus rien d'autre dans mon esprit qu'elle, sa peau, sa fragrance. Ce rappel à l'ordre me faisait l'effet d'une gifle. Mon corps se raidit et je me détachai de cette sirène. Elle se retourna et plongea ses yeux émeraudes dans les miens. J'y voyais le reflet de mon désir alors pourquoi nous imposait-elle de parler de lui ? Pourquoi rappeler la présence de mon frère entre nous ? Contradictoire avec sa question, elle approcha ses lèvres des miennes. J'étais prêt à les goûter, à supprimer cet espace entre nous et oublier sa question. Peu importe où nous étions, si nous nous donnions en spectacle. Il n'y avait plus qu'elle et ce moment unique que je vivais avec elle. Mon seul paysage était son visage. Je voulais investir son territoire encore plus profondément.

- Je ne pourrai pas t'arrêter. Tu m'attires. C'est indéniable mais je ne veux pas provoquer un conflit entre vous. Ce n'est pas ...bien.

Une vague glaciale me percuta. Elle ne céderait pas, par respect pour lui, pour nos liens de sang. Elle m'échappait. Mettant de la distance entre nos lèvres si proches, elle frôla sensuellement ma peau, m'électrisant, me défiant. Ayant repris sa place entre mes jambes, sa tête sur mes épaules, elle déposa à son tour un léger baiser dans mon cou et huma ma peau salée par le vent du large. À son contact, mes barrières tremblèrent. Les images de son corps toujours lové contre moi s'immisçaient dans mon esprit. Rien de pur, que du sauvage. Je mordillai ma lèvre inférieure et nerveusement, j'enfouis une main dans mes cheveux devenus fous par l'air marin. Savait-elle tous les fantasmes qu'elle m'inspirait ? Sa peau si blanche en rougirait. Je remis ma main tout contre son ventre plat sous le fin tissu de sa tunique.

- Il n'est pas ici, murmurai-je autant pour elle que pour moi.

- Pas vu, pas pris. Je ne l'envisage pas ainsi. Ton ami me tue littéralement du regard et à la fin du voyage, je ne donne pas cher de ses pauvres doigts, nota-t-elle en regardant Stan se ronger les ongles. Ton frère en sera informé à l'instant où nous débarquerons.

- Non, Stan ne le fera pas.

- Fais ton choix, Raphaël, mais ne me reproche pas ensuite de t'avoir obligé à faire ou dire quoique ce soit !

- Personne ne m'oblige à faire ce que je ne veux pas.

Je ne savais pas si ma réponse la rassurait ou l'inquiétait. D'un mouvement un peu trop souple pour une novice en navigation, elle s'arracha de mes bras me laissant une impression de vide et surtout de froid. Et pourtant, elle était juste là, debout devant moi, plongeant son regard hypnotique et unique dans mes yeux. Ses sourcils se fronçaient. Elle cherchait une réponse que mon attitude ne semblait pas lui fournir.

- Tu m'as promis de m'apprendre la bachata, me dit-elle en me rappelant ma promesse.

Si elle souhaitait mettre de la distance entre nous, elle avait mal choisi sa diversion. Répondant à son sourire, je me levai et me dirigeai vers la chaîne pour choisir la musique. Stan en profita pour m'interpeller.

- Tu fais une grave connerie. Il y a assez de nanas sur ce bateau. Pourquoi elle ?

Je restai silencieux. Aucune envie de me justifier, trop peur de lui donner raison.

- Merde, Raphy. Tu déconnes. C'est la copine de ton frère.

- Et tu vas tout lui dire ? grognai-je, me rappelant la peur de Camille à son sujet.

Face à mon manque de confiance en lui, Stan leva les bras, énervé.

- Bien sûr que non mais je te connais. Ton frère est la seule personne de ta famille qui t'a toujours soutenu. Tu lui dois un minimum de respect.

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