Chapitre 22- Te revoir (2/2)

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Camille

La sécurité vient de m'informer de l'arrivée de Sasha. Elle n'est pas venue seule. Elle a réussi. Gabriel est là. Cette fille est un véritable atout: mon chevalier noir. Elle fait bel et bien partie du clan des Roses.

Je trempe mes lèvres dans ma tasse de café noir. Depuis plusieurs jours, je me sens très fatiguée et la caféine n'agit plus. Ce matin, je me suis forcée à déjeuner afin de reprendre des forces et être dans les meilleures conditions pour affronter Gabriel.

Mais mon estomac en a décidé autrement et a tout rejeté. À part les yaourts, plus rien ne passe. J'ai encore maigri et mes vêtements sont de plus en plus amples. Heureusement, j'arrive à donner le change auprès de mes collaborateurs. La rose noire n'a pas le droit de flétrir. Je suis épuisée par ce jeu des apparences et j'en suis pourtant devenue la reine, symbole imperturbable d'une dynastie plus que centenaire.

Ne pas se retourner, il n'y a personne pour me remplacer, prendre des décisions à ma place. Enviée, jalousée, personne ne connaît mon véritable visage. Sauf un me souffle ma conscience. Sauf un à qui j'ai laissé voir ma fragilité mais je l'ai trahi. Il ne me pardonnera jamais.

Le prochain déplacement dans le sud de l'Italie me pèse. Comment vais-je tenir ? Je suis exténuée. Je pourrais consulter mais je sais déjà son diagnostic : surmenage. Le stress, l'angoisse me rongent. Je ne vois pas le bout du tunnel. Mais qu'ai-je fait et surtout pour quel résultat ?

Je m'approche de la baie vitrée de mon bureau donnant sur le hall. Je suis trop loin pour pouvoir regarder les expressions du visage de Gabriel. Face aux gesticulations de la belle Sasha, il demeure immobile. Ce n'est pas bon signe.

Puis, enfin, ils montent et je respire. Il accepte donc la confrontation.

La tête me tourne et, péniblement, je m'installe dans mon fauteuil. Ma porte entrouverte me permet de les entendre arriver. La jeune femme brune le guide jusqu'à moi et le laisse seul sur le pas de la porte.

Il hésite à entrer. Je l'entends souffler et se résigner.

C'est bien, Gaby. Viens à moi !

- Camille, dit-il sèchement.

Je n'aurai pas d'autre salutation que celle-ci mais je me doute qu'il n'a pas gardé un bon souvenir de moi. Son odeur me semble familière alors que nous n'avons partagé que quelques jours ensemble. Mon corps se tend. Cet homme est à double face. Comment m'en faire un allié, moi qui ai été sa pire ennemie .

- Gaby, le salué-je.

- Il n'y a plus de Gaby pour toi. Je préfère, Monsieur Keys, dit-il tout en refermant calmement la porte, attitude totalement en contraste avec son regard noir.

Il garde ses distances et me dévisage . Ai-je tant changé pour qu'il ait besoin de ces quelques minutes d'observation ?

Mon fond de teint cache parfaitement mes cernes violettes mais pas mes joues amincies. Et enfin, sa sanction.

- Tu as une mine épouvantable. Cela te va à ravir, se réjouit-t-il.

- Je vois que tu as gardé tes manières de gentleman ! dis-je, rassurée de retrouver dans ses propos le même homme franc qu'avant. Tu es très en beauté toi aussi. Sasha s'est bien occupé de toi.

- Pourquoi l'as-tu entrainée dans tout ça ? S'énerve-t-il.

- Je n'étais pas sûre que tu acceptes mon invitation et j'avais le souvenir que tu l'appréciais énormément, dis-je en appuyant sur le dernier mot.

A cette remarque, il grimace et s'installe dans le canapé sans y être invité. Je devrais le rejoindre pour continuer notre échange verbal. Mes jambes flageolent et ma main tremble. Ma tension n'est pas au mieux de sa forme. Je reste donc à ma place. Je ne suis pas sûre de ne pas m'écrouler en me mettant debout.

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