Chapitre 37- Pardonner ...ou pas

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Raphaël

Me dirigeant vers l'étage de gynécologie, je traverse le hall désert de l'hôpital. Une aide-soignante m'arrête. Ce n'est plus l'heure des visites. Cependant, à l'aide d'un joli sourire, elle me laisse passer, et m'accompagne même jusqu'à la chambre de Camille. Les couloirs sont encore éclairés et un homme monte la garde devant sa porte. Je crains de ne pouvoir la voir mais, heureusement, ma venue a été annoncée. J'ai presque le droit à un hochement de tête de la part du cerbère.

Enfin soulagée, Camille s'est endormi. Je lui caresse la joue, éveillant ses beaux yeux verts. Son regard lumineux me rassure sur son état de santé et sur celui de notre enfant. De peur de la briser, si blanche et fragile dans ce lit froid, j'effleure ses lèvres. Sans la lâcher d'un cil, je m'éloigne et m'installe dans le fauteuil qui me fera certainement office de lit pour la nuit.

Après un toc bref, la porte s'ouvre sur le chef de sécurité de ma louve. Gêné, Rémi apparaît. D'une voix à peine audible, il me demande les clés de la Ferrari. Madame Céleste le lui a réclamé séance tenante.

— Tu as volé la voiture de ma mère, s'amuse Camille la voix encore bien fatiguée par les événements de la soirée.

— Tu as oublié de me laisser tes clés, mon ange. Tu devais être trop occupée pour y penser, me moqué-je.

— Elle va te haïr, m'informe-t-elle les yeux pétillants.

— Ça n'a vraiment aucune importance. Je ne suis pas très fan de l'illustre Céleste, lui répond-je une mou aux lèvres. De plus, sa bagnole a des freins pourris. Je m'attendais à mieux pour une Ferrari mais bon, c'est pas une américaine.

Ma Rose se relève sur les coudes, fronce les sourcils et me fait répéter ma dernière phrase. Oui, j'ai vraiment galéré dans les virages. J'ai même dû utiliser le frein à main. Cette bagnole italienne n'est pas fiable. 

— Y avait-il une pièce d'échec dans la voiture ?  s'inquiète-t-elle.

Un horrible roi noir coincé dans le siège conducteur, une horreur pour le dos. Camille, nerveuse, me demande si son grand-père a activé le plan Castel.

Impossible de lui répondre, je ne connais pas ce plan. Elle m'ordonne de lui donner mon portable. Le sien est resté au château. Je refuse. Ça suffit. Elle doit se reposer. J'ai failli les perdre tous les deux ce soir. Cette situation doit cesser. Je vais m'en occuper. Je pense qu'une réunion de famille s'impose. Mathilde a failli tuer Lucas et elle a tenté de tuer la mère de Camille en sabotant les freins. Si le duc n'avait pas interdit à sa fille de quitter le manoir, c'est Céleste qui probablement serait dans un lit d'hôpital. Pas besoin d'être devin pour savoir que la mère de Camille n'aurait pas pu dompter cet engin mécanique. Cette femme est trop impulsive pour conduire prudemment.

Ma Rose soupire, s'énerve, mais je ne cède pas. Je me surprends à faire l'improbable. Je contacte mon père pour lui demander son aide. Pas de moquerie dans sa voix. Il écoute sans m'interrompre. C'est bien une première. Il est d'accord avec moi. Si tout s'avère vrai, ma sœur a été beaucoup trop loin. Il n'est plus question d'attendre qu'elle se raisonne elle-même. Nous avons dépassé la non-assistance à personne en danger, ou l'accident sans volonté de tuer. Elle s'attaque à ma famille. 

Si elle est aussi machiavélique que le suppose ma Rose, il ne fait aucun doute que Camille sera sa prochaine cible. Gabriel ne me fait pas confiance et me pense incapable de jouer mon rôle de père. Je vais lui démontrer le contraire. Je serai là pour ma louve et mon futur enfant. Il n'aura plus à me remplacer.

— Tu n'aurais pas dû l'appeler, me reproche Camille. Il a fait son choix.

— Tu devrais lui pardonner.

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