Chapitre 44: La tour noire

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Céleste

Raphaël me regarde interloquée. Mon cher Édouard se fige. Grand-Pa frémit. J'ai l'impression d'être un OVNI à leurs yeux. Ils ne me reconnaissent plus.

— Tous, vous deviez tous être là pour ma fille. C'est moi l'incapable de cette famille, celle qui trébuche, celle à qui on ne peut pas faire confiance. Mais vous, vous êtes ses rocs. Un putain de mouchard ! C'est tout ce que tu as trouvé pour la protéger. Des caméras, il fallait des caméras par centaine, un garde du corps à l'intérieur de sa chambre, voire deux. Elle est enceinte, bon sang ! Bien sûr, ça ne vous parle pas à vous. Vous ne saurez jamais ce que je sais. Elle attend mon petit-fils. Elle est ronde comme un hippopotame et ne peut plus se défendre seule. Je n'ai pas fait tous ces sacrifices pour que ta salope de sœur me vole mon bonheur. J'étais presque heureuse, presque.

Puisqu'il faut prendre les choses en main, je prends la tête des opérations. Personne ne me privera de ma Rose. Je vais retrouver mon bébé.

— Rémi, visualisez à nouveau tous les enregistrements des caméras ! Les deux pit-bulls, interpelé-je deux bodybuildés occupés à choyer leurs armes au lieu de bosser. Fouillez sa chambre ! Trouvez-moi un indice ! Papa, ramène les Springers ! Je veux tes gardes-chasses prêts dans dix minutes. Si elle n'a pas quitté le domaine, ils vont la retrouver.

Puis, je fais face à Édouard, mélange de fierté et d'étonnement dans ses yeux aussi verts que les miens, étonnante coïncidence du destin.

— Tes joujoux électroniques sont des jouets pour enfant face à la truffe redoutable de ma meute. Messieurs, la chasse est ouverte ! Faites sonner les cors ! Nous allons traquer ce foutu renard.

Le silence règne. Mon gendre me regarde comme son sauveur. J'en serais presque émue si je n'étais pas autant à cran. Mon regard se fige sur plusieurs photos punaisées sur un tableau. Je reconnais immédiatement la personne dessus.

— Pourquoi ces photos sont ici ?

— C'est notre cible, Madame, Mathilde Keys, m'informe un agent de sécurité sur ma droite.

Ma tête tourne et mes jambes m'abandonnent. Le sol se rapproche mais deux bras m'entourent, évitant l'impact. Je suis incapable de savoir si c'est Édouard ou Raphaël qui m'entoure de ses bras. Toute mon énergie m'a subitement quittée.

— Elle n'est pas américaine ? Je croyais qu'elle était américaine.

— Ma sœur est américaine et française, m'explique l'homme qui me tient contre lui.

— Pourquoi on ne m'a rien dit ? Pourquoi ? hurlé-je.

— Calme-toi, Céleste ! Tes nerfs sont en train de lâcher. Respire ! m'ordonne Édouard.

— Ce n'est pas une putain d'américaine votre Mathilde.

Je suffoque. La pièce se rétrécit et je suis prise au piège. Je n'ai pas assez d'oxygène. J'entends Édouard dire que je fais une crise d'angoisse. Ah non ! Je ne flancherai plus. Ils veulent m'allonger. Je résiste. Je n'ai jamais été là pour elle et je suis devenue le pantin de cette cinglée. Je pousse de toutes mes forces les hommes qui m'entourent. Je vois une seringue. Ils veulent m'administrer un calmant. Au moment où l'aiguille me pique et entame ma chair, je crie avec toute la force du désespoir.

— Je sais où est Camille.

Mon annonce provoque l'effet escompté. Raphaël, qui est resté à mes côtés, se jette sur le militaire en charge de me calmer, m'évitant un sommeil mortel pour ma fille.

Il me redresse et fait barrière de son corps. Plus personne ne me touchera. Soudain, je comprends ce que Camille lui trouve. Raphaël réagit avec son cœur, là où les autres agissent avec leur raison. Il est le seul à m'avoir vraiment écoutée. L'ombre d'Édouard nous recouvre. Les yeux de mon ex compagnon me jugent là où ceux de mon gendre reprennent espoir.

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