Chapitre 25 (2/2)

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Sasha

Me voilà au dernier étage de l'hôtel Saint Honoré, demeure ancestrale de la famille maternelle de Camille. La famille de ma patronne a réaménagé l'immeuble en créant des logements indépendants : le rez-de-chaussée pour l'intendance où logent leurs personnels de maison, avec une cour intérieure permettant de garer plusieurs voitures, un vrai luxe dans Paris ; le première étage pour le duc ; le deuxième pour Lucas et le dernier étage avec la meilleure vue pour leur Rose, enfant prodige de ce clan. Je ne sais pas ce que je fais dans tout ça. Le duc ne vient plus à Paris et Lucas est hospitalisé. L'immeuble semble endormi. Une dame m'a accompagnée jusque devant la porte de l'appartement de Camille, a frappé et s'est éclipsée avant qu'on ouvre. J'ai compris qu'elle s'appelait Nancy.

Camille, en pyjama blanc, haut amble recouvrant un shorty noir m'accueille personnellement, et sans un bonjour, me demande si je les ai apportés. Je lui tends ses envies du moment, mais elle me fait signe de les cacher. 

J'ai dû faire toute la ville pour trouver ce fameux Prisuttu, un jambon sec corse. Tout à l'heure, j'ai à peine eu le temps de revenir à mon bureau qu'elle m'appelait pour me dire toute la joie qu'elle avait de me voir et aussi pour me faire une liste de course longue comme mon bras. Je n'ai pas osé dire non à une femme enceinte. Après le travail, j'ai dû aller dans une épicerie fine car elle voulait que l'origine soit certaine. Après la Corse, destination la Montagne, elle voulait de la Tomme de Savoie et de l'Osso Iraty. Je devais les envelopper dans du papier cadeau pour que Gabriel ne puisse les voir. 

Il semble qu'il ne soit pas d'accord pour qu'elle en consomme pendant sa grossesse. Je lui ai proposé de lui apporter des fraises. Elle semblait étonnée de ma proposition. Elle m'a affirmé qu'heureusement, elle n'avait aucune envie bizarre comme bon nombre de femmes enceintes mais en tant que française, elle se privait déjà du vin et du champagne. Elle exigeait une petite contrepartie face à son sacrifice.

Autant dire qu'à l'instant, ma boss me regarde comme le Messie et je ne parle pas du footballeur, bien sûr. Et oui, je me suis prise de passion pour ce sport depuis mon arrivée en France.

J'ai beau l'observer. Elle n'a pas pris un gramme. Ma mère avait pris huit kilos pour moi dès le premier trimestre et pourtant, je ne faisais que deux kilos sept cents à la naissance. Avec un naturel désarmant, elle me prend la main comme si nous sommes des copines et m'emmène découvrir son appartement. 

Tout est spacieux, magnifique, un vrai nid douillet. Son canapé en cuir donne sur une vraie cheminée entourée de deux grandes bibliothèques. Les fenêtres de la salle à manger sont accompagnées d'un petit balcon côté rue. Quant aux fenêtres du salon, elles ouvrent sur une terrasse fleurie, un jardin en plein Paris, invisible pour le commun des mortels. La cuisine, au vu de sa propreté, ne doit jamais servir. Les repas doivent être préparés au rez-de-chaussée.

 Camille se met à cacher avec application les trésors que je lui donne. Elle prend une chaise et les met le plus haut possible. Je ne sais pas si c'est très judicieux dans son état. Il ne faudrait pas qu'elle chute. Dans ce cas, on ne parlerait plus de démission. Gabriel me virerait sur le champ pour faute inexcusable. Ensuite, elle me propose un verre et sans renier mes origines sociales, je lui demande une bière. La visite continue. Elle me fait découvrir jusqu'à sa chambre et j'avoue être très gênée d'entrer dans son intimité. J'imagine Gabriel dans ses draps et l'espace d'un instant, je crois que je vais le découvrir à moitié nu quand la porte de la salle de bain s'ouvre devant moi. 

Un énorme chat me toise. Mais d'où vient ce monstre ? Il est immense et... fantastique. Il vient me dire bonjour et j'oublie Camille, Gabriel et l'appartement. Je veux le même. J'essaie de le porter mais il est un peu lourd. Il est râleur et charmant. Il me rappelle quelqu'un. 

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