Chapitre 26- Lui dire (1/2)

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Gabriel

Depuis un mois, tout est parfait. Sasha a finalement décidé de rester et bien plus encore, elle a emménagé dans l'appartement de Lucas. Le soir, nous dînons ensemble tous les trois. Nous débriefons la journée. Camille est toujours alitée. Le bébé appuie sur le col et il faut qu'elle reste prudente. Son ventre s'arrondit très doucement. Je dois encore soulever son pull pour pouvoir apprécier cette adorable forme. Je trouve les femmes enceintes magnifiques. La Rose me trouve complètement ridicule mais me laisse faire sans pour autant cacher son amusement.

Nous sommes en mai. Le printemps s'est installé sur Paris. Camille m'a invité à aller voir sa famille en Sologne à la fin du mois. J'hésite un peu, voire beaucoup. Nous sommes officiellement en couple. Je vis avec elle mais je ne suis pas prêt à rencontrer tout son clan, d'autant qu'elle m'a averti que son grand-père ne serait pas tendre avec moi. J'ai mené mon enquête. J'ai vite compis de qui Camille tenait son caractère. Une Camille sous hormones de grossesse et un papy chasseur. Je ne veux définitivement pas découvrir l'antre des loups. 

Mais il faut bien me l'avouer. Ce n'est pas vraiment la raison à mon refus. J'ai surtout peur de laisser Sasha et qu'à mon retour, elle ait disparu. Cette pensée me flingue l'esprit, torture mes nuits et me tut à petit feu. Elle partira. Je le sais. Elle ne pourra pas éternellement se satisfaire de cette situation. Elle est bien trop entière.

J'observe les deux femmes rire sur le canapé. Le soleil joue dans les cheveux d'or de la future maman et s'amuse à illuminer le regard de la jolie brune. Elles sont devenues complices. La barrière entre elles s'est brisée et je comtemple ce qui ressemble pour moi à une vrai famille, la dernière qu'il me reste. Sasha couvre de cadeaux Camille, cadeaux qu'elle n'ouvre jamais devant moi. Cela doit être des trucs de filles, des choses pour femme enceinte. 

De mon côté, j'ai aussi rencontré Hannah, la copine espiègle de Camille, celle qui est à l'origine de mon monstrueux mal de tête d'il y a quatre mois. Je pourrais la détester mais elle s'occupe vraiment bien de l'arrivée du futur bébé Keys et elle apaise ma louve. Je passe des week-ends entiers avec elle à préparer la venue au monde de l'héritier : sa future chambre, sa garde-robe en double puisque nous ne connaissons pas le sexe de l'enfant et toute la puériculture digne de notre descendance. Sasha se moque de nous. Elle nous dit qu'avec toutes ses attentions, le bébé aura tellement la grosse tête qu'il ne pourra pas sortir du ventre de Camille. Elle a même fait un petit dessin satirique à ce sujet. Elle a un sacré coup de crayon mais je ne le lui dirai pas, trop vexé par ses moqueries.

Entre Sasha et moi, les choses n'ont pas beaucoup évolué. Nous apprenons à nous connaître mais je ne peux pas l'inviter à sortir. Tout Paris sait que je suis le compagnon de Camille Delalande-Saint Honoré et futur père de son enfant.  Je ne peux pas créer un scandale en nous exhibant ensemble. Je dois penser à l'avenir de notre groupe. Il n'y a que dans l'intimité de ces murs que je peux être avec elle.

Je voudrais la surprendre, l'étonner, lui donner envie d'aller plus loin ensemble mais nous sommes coincés entre le bureau et cette demeure. Il faudrait que nous partions ailleurs, dans un endroit où mon visage et mon nom n'ont pas d'importance. Moi qui aimais être reconnu me voilà réclamant l'anonymat. C'est risible et pourtant mes doigts à défaut de pouvoir la toucher, la respirer errent régulièrement sur le clavier de mon ordinateur cherchant une destination où m'évader, où l'aimer sans jugement.

 Qu'ai-je à lui offrir ? Le rôle de la maîtresse. Ce n'est pas digne d'elle, de nous mais je n'ai rien d'autres à proposer et c'est pourquoi j'en suis sur, je vais la perdre. 

Camille prétexte une fatigue soudaine et va s'isoler avec El Diablo. C'est le petit surnom affectif que j'ai donné à son chat satanique. La jeune femme me dépose un baiser sur la joue et je caresse son ventre rebondi avant de souhaiter bonne nuit au bébé.

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