Chapitre 41- (2/2)

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Mes pas m'amènent au salon rouge. La porte est entrouverte. L'inconnu ne joue plus une seule et unique note placée entre deux assourdissants silences. Ses accords se forment, s'étirent, se taisent et reprennent. Ce rythme me rappelle le tempo d'un tango entendu dans un club latin New-yorkais.

Le musicien a cessé de jouer avec moi. Je suis exactement là où il voulait m'amener. Ma main pousse le battant en bois massif. La pièce est dans le noir. Les rideaux ont été tirés. Au centre de la pièce, une bougie noire est allumée. Puis, trente et une autres s'illuminent. Traversant le silence, une voix féminine me parvient, murmure de cristal qui tourbillonne autour de moi. Sa douceur et sa profondeur me font frissonner. Elle fredonne a cappella une balade inconnue.

Inquiète, je replis mes bras sur mon buste dans un geste d'autodéfense ridicule. Rémi ne devrait pas trop tarder. J'aurais dû l'attendre avant d'entrer. Puis, le piano bienveillant s'éveille et accompagne la soliste. Une voix masculine que je ne connais que trop bien s'infiltre dans tous les pores de ma peau et mon cœur cesse de battre. Elle me rassure et met un terme à toutes mes inquiétudes. Au refrain, enfin, la pièce s'éclaire.

Sous mes yeux ébahis, ils sont tous là. Raphaël me fixe de ses yeux adorateurs. Gabriel et Sasha sont lovés l'un contre l'autre. Grand-Pa, Boss à ses pieds, m'observe affectueusement. Mon père et ma mère, presque épaule contre épaule, me sourient, comme si aujourd'hui, ils cessent pour moi de se battre l'un contre l'autre. Hannah, avec son mari, Paul, et leurs jumeaux devenus sages pour l'occasion, me sourient.

Et puis, Lucas, mon Lucas, est ici devant moi. Mes larmes tant retenues s'écoulent sur mes joues. Alexia rapproche le fauteuil roulant de mon frère. Elle aussi a fait le déplacement. Je n'ai aucun doute sur le fait que Gabriel et Sasha en soient à l'origine. Sans réfléchir, je me jette sur mon frère, oubliant qu'il ne se rappelle pas tout, que je dois faire attention à lui, que je ne suis pas encore tout à fait sa sœur à ses yeux. Je pleure, je pleure sur ce bonheur auquel je ne m'attendais pas. Mes larmes inondent son visage mais il ne dit rien et accepte ce rapprochement. Cherchant à me consoler, il me caresse maladroitement de sa main valide mes cheveux.

— Je ne savais pas que j'avais une sœur si chialeuse, me charrie-t-il sans pratiquement bégayer.

Sa remarque me fait éclater de rire. Je suis ridicule. Je le sais mais je m'en fous. C'est le plus bel anniversaire de ma vie.

Un peu plus tard, allongée sur le transat de la piscine, j'admire toute ma famille, celle de sang mais aussi celle de cœur. Raphaël, derrière moi, m'enlace de ses bras protecteurs et je m'étonne qu'il ait encore gardé sa chemise malgré la chaleur. Gabriel joue avec les enfants d'Hannah dans l'eau. Ils rient sous l'œil amusé de Sasha et de ma meilleure amie. Un peu en retrait, Paul couve du regard sa femme. Il est toujours aussi fou d'elle. 

L'attention de Gab se tourne vers nous, délaissant un instant sa cour de jeunes admirateurs.

— Allez Raphy, fais-nous un strip-tease ! ordonne-t-il à son frère.

Quelle demande particulière ! Elle est relayée par les jumeaux qui encouragent par des cris aigus mon homme à le faire.

— C'est à Camille de me déshabiller, rétorque-t-il, un sourire coquin sur ses lèvres. Je n'ai pas le droit de déballer son cadeau d'anniversaire.

Leur petit jeu m'intrigue et je me tourne vers lui. Mon regard interrogateur fait briller encore plus ses yeux chocolat.

— Déshabille-moi ! me dit-il d'une voix rauque.

Lentement, je défais les boutons un à un. Et quand la chemise glisse sur son bras, j'aperçois les marques d'un nouveau tatouage sur son poignet gauche. Fébrilement, du bout de mes doigts, je suis les lignes sombres sur cet endroit si délicat.

Une rose noire se dessine sur sa peau, l'emblème de ma famille, mon emblème. Mes lèvres tremblent. Nous ne nous connaissons que depuis sept mois et il "m'ancre" sur son corps. A son tour, ses longs doigts descendent sur mon bras et retourne mon poignet dévoilant mes racines, celles que j'avais tenté de cacher en République Dominicaine.  Cette époque me paraît si loin.

Les deux tatouages mis côte à côte sont magnifiques. Le mien est peut-être recouvert de striures. Le sien est parfait et le restera. Il est tellement plus fort que moi, ma mangrove. Nos lèvres se joignent, oubliant ceux qui nous entourent. Et malgré mon ventre proéminent , je me plaque contre lui. Je le sens se détendre. Craignait-t-il ma réaction ? 

À nos pieds, Boss gronde, et nous cessons immédiatement de nous embrasser. Je lève les yeux sur le responsable, captant le regard rieur de Grand-Pa. Son chien revient sagement près de lui. Je n'ai jamais vu Victor si heureux.  Je le remercie d'un regard pour avoir accepté que mon roi porte notre marque. Le dessin de ce tatouage est unique. Gardé précieusement dans un coffre-fort depuis des siècles, il est parfois imité mais jamais égalé. Les copieurs sont sévèrement punis. 

Pour notre famille,  c'est un rite de passage à l'âge adulte, une promesse que même si nous quittons le nid, nous faisons partie d'un clan, d'une dynastie, que nous ne serons jamais seuls peu important les distances qui nous séparent. Ce tatouage est le symbole de notre lien indestructible. 

Sans l'accord du patriarche, Raphaël n'aurait pu m'offrir ce cadeau.

Mes parents se murmurent des mots inintelligibles d'où je suis mais ils rayonnent eux-aussi. Leur passion se réveille-t-elle ?  Mais finalement, n'at-elle jamais cessé ?

Alexia est dans la piscine. Son corps halé tout contre celui laiteux de mon frère, elle l'aide à se déplacer. Leur proximité ne laisse aucun doute à personne, sauf peut-être à eux-mêmes. 

Quand comprendront-ils qu'ils perdent un temps précieux dans leur jeu du chat et de la souris ? C'est la première fois qu'ils se revoient depuis le réveil de Lucas. Les yeux verts de mon frère scintillent. Le rire magnifique d'Alexia s'invite à nos oreilles quand il prétexte avoir glissé et qu'il se retrouve dans ses bras, sa main droite a priori sur les fesses de la jeune fille. Lucas ne semble pas avoir tout oublié. Il ressent toujours son amour pour elle. 

Sentant le poids de mon regard, il se détourne de son amazone. Nos regards aussi semblables se contemplent et se reconnaissent. Mon cœur fait un bond quand je lis sur ses lèvres.

« Je t'aime, ma sœur. »

🌹

J'espère que l'anniversaire de Camille vous a plu. Le bonheur semble à porter de main pour nos amoureux.

Et toi, quel a été ton plus beau cadeau d'anniversaire ?

N'oublies pas d'offrir une étoile à Camille pour son anniversaire. Et si tu ne le savais pas, maintenant tu as découvert qu'elle était du signe du Lion, un signe qui lui va très bien.

le Phénix Rouge.

le Phénix Rouge

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