Chapitre 66

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Je n'ai pas bien compris ce qui s'était passé après que Amber m'ai arrachée ma lumière. Je me souvins que c'était une impression qu'on m'enlevait quelque chose d'ancré en moi, que des griffes s'enfonçaient au plus profond de moi même et essayaient de saisir mon cœur. Une sensation affreuse, douloureuse et intense. Puis, comme privée de force, je mettais effondrée, laissée seule dans l'esprit de Amber.

Je me réveillai alors dans ce même lieu avec aucune trace de mon ennemie. En me relevant avec difficulté sur mes deux jambes, je me rendis compte de mon état. Je n'avais plus ma lumière, cette espèce de manteau d'étoiles qui m'entourait dans le monde immatériel.

Je me sentis comme nue, découverte et vulnérable. Mon corps n'était que faiblement éclairé, comme prêt à disparaitre à tous moments. En regardant mes mains avec effroi, je me rendis compte que c'était dans cet état que Amber m'avait rencontrée. Faiblement illuminée et à bout de force. 

Lorsqu'elle m'avait touchée, ma lumière avait été mystérieusement aspirée vers elle. Non, pas qu'aspirée, volée. Je me souvenais clairement qu'avant de me laisser seule dans son esprit, c'était elle qui était rayonnante de lumière comme dans un manteau d'étoiles. Mon manteau d'étoiles.

Ce fut à ce moment que je la vis ; une petite étoile au loin dans cet océan d'obscurité. Comme la lumière vacillante d'une bougie. D'une manière inconnue, je sus que je devais la suivre, la laisser me guider.

J'essayai de marcher vers cet mystérieuse lumière mais mes jambes refusèrent de bouger. J'étais comme engluée de fatigue, littéralement. Mon corps semblait n'avoir plus la force de commander le moindre muscle.

Incapable de faire un mouvement, je sentis le désespoir me venir ; j'étais faible. Pas capable de maitriser ses émotions, de bien utiliser ses pouvoirs, d'arrêter Amber d'ôter la vie de mes amis... même pas capable de laisser mes proches m'aider. Je regrettais le choix que j'avais fait en gardant cette lettre pour moi et de ne pas avoir écouté Hypérion.

J'étais misérable, je n'avais même pas été capable de venger Andrew, Thalia et tous les nobles guerriers morts dans cette stupide guerre. Je me surpris à dire dans le vide.

     - Je suis désolée de ne pas être à la hauteur... chuchotai-je au vide autour de moi en laissant mes larmes couler.

Désolée à Andrew, à Thalia, Armand, Nelly, Théa, Yoru, Yuna, Maman, Ludwig, Oscar, Firmin et... Mes larmes redoublèrent d'intensité. Rien qu'en pensant à mon âme sœur, je me sentais si piteuse. Daniel qui était plus jeune que moi; qui était si confiant et qui n'aurait pas une fois baissé le bras. Je l'enviais pour toutes ses capacités, son attitude... Désolée Daniel.

En repensant au jeune loup,  je m'imaginais sa présence reposante à mes côtés. Il m'aurait sourit avant de me pousser à agir en me voyant dans cette position, incapable d'aller de l'avant. Inconsciemment, mes larmes avaient séché et un faible sourire avait fait surface.

Je me rendis compte qu'il me manquait. Terriblement. Que les quelques jours avec lui m'avaient semblé être des années. Que je n'avais qu'une envie, de le rejoindre pour nous savoir réunis. Et pour cela... je devais sortir de l'esprit de cette sorcière.

Mue d'un nouvel état d'esprit, j'ordonnai à mes jambes d'avancer. Comme reflets de ma force mentale, ces dernières commencèrent leur mouvement, à chaque foulée un peu plus vite. Au bout de quelques instants, je courais vers l'éclat lumineux

 La petite lumière vacillante grossit à chacun de mes pas jusqu'à ce que je parvienne à distinguer ses contours. Elle se révéla être d'une forme rectangulaire et aux bords droits. Je reconnus facilement la forme d'une porte ouverte sur un horizon de lumière.

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