Chapitre 48

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Je me trouvais dans un lieu sombre où seule moi possédait la lumière. Cette lumière qui dansait autour de moi, formant un halo lumineux autour de mon corps. Je n'avais aucun doutes, j'étais dans ma tête, dans mon esprit froid et seul. 

     - Non, me contredit une voix. Tu n'es pas seule. 

Je me retournai et vis la silhouette familière de ma mère, Andrea. La vue de l'impératrice des vampires ne fit qu'accroître mon désespoir. En lui tournant le dos, je m'affaissais sur le sol gelé et repliais mes jambes sur moi-même. Je n'avais pas la force de lutter contre la tristesse qui m'envahissait. 

Je sentis alors quelqu'un me toucher l'épaule jusqu'à sentir quelqu'un m'enlacer d'une chaleur bienveillante. Mon pouvoir s'était rapprochée de moi en silence et m'avait réconfortée sans un mot. Nous restâmes ici, sans que l'un d'entre nous ne prononce une parole. 

     - Pourquoi as-tu pris cette apparence ? demandais-je au bout d'un moment dans ses bras. Pourquoi avoir pris le visage d'une des personnes qui me manque depuis des mois ? C'est celui de ma mère ! Tu ne comprends pas l'effet que cela me fait ? 

Mon ton avait augmenté en même temps que je m'étais vivement redressée et je m'étais dégagée de son étreinte. Je sentais une vague de rage se mêler à ma tristesse à travers ma voix et mes larmes. L'image créée par mon pouvoir me regardait sans aucune colère, avec de la compassion dans les yeux. Comme le ferait ma mère. 

À cette pensée, je m'affalais à nouveau au sol, les larmes aux yeux. Les mots sortirent d'eux même de ma bouche. 

     - Je.. je suis désolée maman.. pleurais-je. Comment pourrais-je protéger quelqu'un si je ne peux même pas me protéger moi ? Me voilà, enfermée dans cette cage par des loups garous, incapable de faire quoique ce soit pour ces pauvres villageois sans défense ni pour Armand... 

En prononçant le nom de mon ami, je me redressais tandis que le double de ma mère me regardait toujours sereinement. Je me relevais et m'approchais d'elle en lui demandant. 

     - Armand ! m'exclamais-je, affolée. Voilà que je me plaignais alors que mon ami était en danger ! Il faut que je sache s'il est toujours en vie, au même titre que pour Nelly, Andrew, Yuna, Yoru, Théa ou encore Hypérion. 

Cette fois-ci, mon pouvoir me sourit énigmatiquement et prit les mains entre les siennes. 

     - Voilà ce que je voulais entendre de ma Selena, dit l'image de ma mère. À te voir passer de la colère à la tristesse, je m'en demandais quand viendrait le moment où tu arrêterais de te morfondre sur ton cas et que tu t'occuperais des autres autour de toi. Car c'est là, la véritable source de pouvoirs des sorcières ; même avec leurs pouvoirs, elle restent humaines. Le peuple humain est sans doute le moins puissant des clans de Seachain mais les sorcières ne doivent pas répondre à la violence des autres clans pour faire la justice. 

     - Mais que doit-on faire, nous sorcières, pour faire régner plus de justice pour les hommes ? demandais-je, intriguée par le discours de mon pouvoir.

     - Une puissante magie ne rime pas toujours avec violence. C'est à toi, sorcière, de trouver la réponse, répondit-il, sibyllin. La magie originelle a donné le pouvoir aux sorcières pour plus de justice et de paix pour les hommes de Seachain sans avoir à recourir à la violence. Pour les nombreuses sorcières avant toi qui n'ont fait que régner la terreur sous prétexte de plus de justice pour les hommes, la magie originelle les a alors punies pour cet affront. 

Je fronçais les sourcils, avide de plus de réponses. Jamais mon pouvoir ne m'avait dit toutes ces choses à propos des pouvoirs de sorcières. Et là, il me déballait tout ça en un jour. Mais je n'avais pas l'envie qu'il s'arrête pour autant. À nouveau, je demandais à l'image de ma mère. 

     - Punies ? De quoi parles-tu ?

     - Sara Kira, responsable de l'assassinat de l'un des généraux sirènes, est morte noyée dans le lit d'une rivière. Lynda Rauch, auteure de l'incendie du palais royal des fées, est décédée lors de l'éruption d'un volcan. Maeva Flusso, l'artisan de la pluie de blocs de glace qui a touchée les métamorphes, est morte dans une grotte, transpercée par des pics de roche. Toutes ces morts ont l'air de malheureux accidents naturels qui peuvent arriver à tout le monde mais en vérité, c'est la magie originelle qui a œuvré lors de ces meurtres, expliqua le double d'Andrea. Alors un jour viendra pour le tour de Amber... je l'espère.

     - Comment sais-tu tout cela ? l'interrogeais-je. 

     - Secret que je ne dois pas révéler. Dis toi juste que, pour vous et à vos yeux, ces trois sorcières ont disparu dans la nature sans laisser de traces. Tu es peut-être la seule de Seachain à connaître ses informations. 

L'image de ma mère lui sourit chaleureusement comme ma mère le ferait. Pour ma part, je m'en rendis compte que j'en savais très peu sur mon pouvoir et ses secrets, contrairement à lui. 

Mais pour l'instant, je ne préoccupais pas de cela. En me tournant vers la figure de matérialisation de mon pouvoir, je lui demandai alors. 

     - Mes amis, est-ce qu'ils vont bien ? le rappelant du souvenir de Armand inconscient. 

     - Je ne peux pas tout te dire sur Seachain, s'excusa l'image de ma mère. Tu n'as qu'à prier pour que tes amis soient dans ta vision, ce qui signifierait qu'ils soient en vie maintenant. 

Je bougonnais, ennuyée de n'avoir pas obtenu une réponse claire, tandis que ma vision commençait. 

Le décor noir autour de nous changea pour prendre l'aspect d'une forêt illuminée par les rayons du soleil. Je reconnus alors après quelques secondes la forêt qui bordait le petit village humain où je m'en trouvais il y avait à peine quelques heures. Un mouvement attira mon attention. Un elfe aux cheveux bruns traversa l'image en criant quelque chose inaudible pour nous. Je le reconnus immédiatement ; Armand ! Il est en vie ! 

Avant que je puisse davantage me concentrer sur son état, l'image changea à nouveau et je fus transportée dans un autre lieu. Ce dernier était sombre, mal éclairé par les petites bougies et lampes, et il sentait horriblement mauvais. Tous mes sens étaient agressés dans ce lieu ; il y avait des grognements animaux, une odeur pestilentielle, des bruits métalliques incessants, un sol trempé et froid... 

     - Berk ! m'écriais-je, en tournant la tête vers l'image de ma mère. Un vrai dépotoir, ici ! Où sommes-nous ? 

Comme mon pouvoir ne répondait rien, je détournais les yeux de lui en vis alors ce qu'il causait ce bruit métallique de fond. Des chaînes, attachées autour de poignets ou de chevilles de quelques personnes. Ces objets me firent froid dans le dos rien qu'en écoutant leur son diabolique.

Soudain, l'image du lieu sombre se dissipa d'un coup. En jetant un coup d'œil vers le double de ma mère, je vis alors qu'il était lui aussi sur le point de disparaître. 

     - La Lune est en train de disparaître ! m'expliqua-t-il précipitamment. Je suis désolé, Selena mais je vais devoir te laisser. Au plaisir et au mois prochain !

A peine avait-il finit sa phrase que il disparut sans un bruit, me laissant seule dans mon esprit.

Un don lunaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant