Chapitre 69

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PDV Jin

Une vision cauchemardesque s'impose à moi. J'ai fait ça à mon lapinou ? Les larmes me viennent en regardant le piètre état dans lequel mon plus jeune enfant est. Il y a tellement de sang. Le sol en est recouvert, le corps délabré de Jungkook en est parsemé, les murs en sont incrustés. Je ne vois que ça et aussi le teint cadavérique, les lèvres violettes, la douleur constante sur son visage malgré le sommeil qui le gagne. Plus je me rapproche de lui et plus je vois à quel point son état est encore pire que je ne l'imaginais. Ses bras sont fendus en deux. Est-ce ses os que je vois ? J'espère que ma vue me fait défaut, je le souhaite tellement et pourtant. Je ne fais que me bercer d'illusions. J'entends un grand fracas au sol, je tourne la tête pour voir Yoongi à genoux pleurant comme je ne l'ai jamais vu pleurer. Les reniflements de chacun créent une harmonie bancale et misérable.

Je m'aventure près de mon tout petit, blessé. Mes instincts sont déchirés entre la culpabilité et l'envie de le couver. Assis à côté de lui, je pose doucement la paume de ma main contre sa joue où des larmes de sang ont séché. Je concentre toute l'énergie que je possède quitte à m'en rendre malade pour le soigner mais ses blessures ne se renferment pas. Une force bien trop grande est exercée contre moi. Je pleure d'autant plus fort, me sentant impuissant, inutile, une mauvaise Eomma.

"- Je ne peux pas le soigner, quelque chose m'en empêche.
- N : S'il te plait Jin. Sauve-le. Namjoon semble m'implorer comme si je n'avais pas fait mon maximum pour nous le rendre sain et sauf.
- Je suis désolé. J'en suis incapable.
- P : Enlevons-lui d'abord ses chaines, d'accord.
- V : Attendez ! Ne les touchez surtout pas ! Elles sont enchantées.
- JH : Comment tu le sais ?
- V : J'entends des murmures. "Damnare ad mortem". Ce qui veut dire...
- JM : Mise à mort. Les exorcistes utilisent ce sortilège pour torturer les démons. Seule la personne qui a fait l'incantation peut les toucher et aussi les ôter.
- V : Elles diffusent du feu sacré c'est ça ?
- JM : Non. C'est bien pire. Les flammes des Enfers. Ils se partagent un regard entendu. Cela n'augure rien de bon.
- Y : On devrait pouvoir les enlever quand même non ?
- V : Les flammes des Enfers ne sont pas à prendre à la légère. Les dommages causés sont instantanés et irréversibles. Même chez les démons, peu y survivent. Ce n'est pas pour rien qu'elles ne sont pas censées se retrouver sur Terre. Très peu de personnes sont capables de les manipuler ici.
- P : On ne peut pas le laisser comme ça. Il souffre tellement.
- V : Je vais les lui enlever.
- Tu viens de dire que c'était mortel Taehyung."

Ma désapprobation le laisse de marbre. Il me contourne comme si je ne venais pas de lui grogner après. Il soulève la cheville gauche de Jungkook pour mieux voir le mécanisme. Il regarde sous tous les angles. Ce n'est qu'après une analyse minutieuse qu'il pose ses deux mains sur le fermoir. Taehyung perd des couleurs de suite, il siffle de douleur. Il ne lâche pas pour autant. Il exerce une forte pression et délivre le pied en cassant le métal. Il fait la même chose au fer restant.

" - Je vais lui appliquer les soins nécessaires.
- V : C'est inutile. Je vais lui donner mon sang.
- Y : Et en quoi ça ferait la différence ?
- V : Je suis un démon de sang pur. C'est pour ça que je ne suis pas mort, j'y suis résistant. Ça picote comme si je prenais le jus mais ça ne fait rien de plus. Il montre ses mains qui n'ont fait que rougir mais qui ne présentent aucune blessure.
- N : Tu es le fils de Lucifer ?
- V : Et de Méphisto Phélès oui. Ce n'est pas le plus important. Il répond avec un ton peu sec, faisant taire la curiosité de Namjoon. Mon sang peut le sauver."

Je plains mon loup. Taehyung n'aime pas parler de ses parents ni de sa famille de sang. C'est un sujet sensible. Même petit, il était très réservé sur ce sujet en particulier. Ses (connards de) parents lui ont sûrement demandé de ne rien dire pour éviter la divulgation accidentelle d'informations pouvant les "nuire". J'ai toujours pensé que ses parents étaient paranoïaques et trop autoritaires avec mon petit rêveur. Une grosse erreur de ma part de ne pas l'avoir arraché à leurs vilaines mains plus souvent.

Prisonnier à plus d'un titreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant