Prisonnier à plus d'un titre

Chapitre 70

PDV V

Ploc. Ploc. Ploc. Le son de l'eau qui coule me permet de me détendre un petit peu. J'ai eu l'occasion de me doucher également, malheureusement ça n'a pas suffi pour savoir ce que j'allais dire. Tout est tellement plus compliqué quand les émotions sont impliquées. Je ne suis pas bon à tout ça. N'avoir rien ressenti pendant des années ne m'a pas appris à gérer ce genre de moments. Je me rends soudainement compte à quel point je suis un amateur en matière d'amour. Le bruit de la poignée me déstabilise. Je ne suis pas prêt.

" JK : C'est bon j'ai terminé."

Il est si mignon. Son kigurumi renard est trop grand pour lui, ses mains ne se voient pas sous les manches de la combinaison. Il a remonté sa capuche lui donnant donc des petites oreilles qui ont l'air toute douce. Une petite queue touffue sort de l'arrière du pyjama. Je fonds. Un sourire beaucoup trop niais pointe le bout de son nez.

"- JK : Quoi ?
- Rien. Tu es à croquer dans ton pyjama.
- JK : Tais-toi."

Il me pousse violemment en voulant me cacher le rougissement de ses joues. Je ris, le trouvant beaucoup trop attachant pour ne pas exprimer ma joie de le revoir comme ça. Je me retrouve sur le dos dans le lit, mes pieds au sol, mes genoux au bord du matelas.

"- Tu ne sais pas à quel point ça m'a manqué de passer mon temps avec toi.
- JK : Dis tout de suite que je t'ai manqué. Jungkook me taquine, son sourire de canaille caractéristique aux lèvres. Je m'assieds pour plus de commodité pour ce que je m'apprête à faire. Je lui reprends la main pour la lui embrasser des bouts des lèvres.
- Tu m'as manqué. Ses petites joues se recolorent. Mignon.
- JK : Tu n'étais pas censé le dire.
- Je suis un homme honnête. Tu aurais dû t'y attendre.
- JK : Donc... Tu ne m'en veux vraiment pas ? Ses cils papillonnent adorablement.
- Pourquoi je t'en voudrais ?
- JK : Pour t'avoir ignoré ? T'avoir mal traité ? T'avoir fait faire une crise ?
- À tes deux premières questions, je vais te répondre que je comprends pourquoi tu as fait ça. Je le méritais. Et pour finir, tu n'y es pour rien d'accord ? Ce n'est pas de ta faute si tu as dit les mots exacts pour me déclencher. Je ne t'avais pas prévenu. Mes mots ne dissipent pas sa culpabilité.
- JK : Je ne voulais vraiment pas... J'agis avant de pouvoir y penser. Je l'entraine dans le lit avec moi. Nos joues s'écrasent contre les oreillers. Une oreille tombe sur son joli visage.
- Jungkook. Regarde-moi. Je détache sa main de la couette pour venir la poser sur ma joue. Je vais bien. La crise est passée. Je sais que tu es réel maintenant. J'espère que tu sais que je ne t'aurais jamais blessé si...
- JK : Je sais.
- Parfait."

Un petit moment de silence est nécessaire pour nous deux. Réfléchir avant de parler est important.

" - JK : Je peux te poser une question indiscrète ?
- Pose là.
- JK : Qu'est-ce que tes parents t'ont fait exactement ?"

La question qui fâche. Je me sens me replier sur moi. J'ai envie de répondre sarcastiquement : " Demande-moi plutôt ce qu'ils ne m'ont pas fait." Je m'abstiens. Je mets du temps pour répondre, pour assembler les nombreux morceaux du puzzle qu'est mon ancienne vie.

"- Je t'ai déjà parlé de la torture physique. Parlons de la torture psychologique alors. Je me rappelle qu'à chaque fois. Ça commençait par moi me réveillant dans une "chambre familière". Je fais les guillemets avec mes doigts. Pour moi, rien d'étrange. Je menais ma vie normalement. Jours après jours. La première fois qu'ils ont manipulé mes souvenirs, je ne le savais pas. Pour moi, la vie que je vivais était la vraie. Jusqu'à ce qu'elle se transforme en cauchemars. Quelqu'un qui m'est cher avait un pistolet sur la tempe, un visage apeuré et me demandant de faire quelque chose pour le sauver. C'est là que les fameux mots : "Je veux que tu t'agenouilles devant moi et que tu me supplies Kim Taehyung." sont dits. Je l'ai fait la première fois. Croyant de source sûre que ma mère fictive allait se faire tuer si je ne faisais pas ce que le ravisseur voulait que je fasse."